Antibiotiques : la filière travaille bien et le fait savoir ! - La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012

Congrès de l’AFMVP

Actu

SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : NATHALIE DEVOS

Actualité oblige, l’antibiothérapie et l’antibiorésistance ont fait l’objet de plusieurs interventions lors du dernier congrès de l’Association française de médecine vétérinaire porcine (AFMVP).

Un référendum a eu lieu, dans le cadre du congrès 2011 de l’AFMVP, pour constituer des groupes de travail sur différentes problématiques de la filière porcine. L’un d’eux avait pour mission d’établir des référentiels thérapeutiques destinés à être intégrés dans le guide des bonnes pratiques de la prescription des antibiotiques en filière porc. Un guide qui s’inscrit dans le cadre de la mesure n° 6 du plan national de lutte contre l’antibiorésistance.

Réduire le recours aux antibiotiques critiques

La version 1 du projet1 de ces référentiels thérapeutiques porcs a été présentée le 6 décembre 2012, à l’école d’Alfort, lors du congrès annuel de l’AFMVP. Destinés aux pra­ti­ciens et à l’administration, ils ont pour objectif de réduire le recours aux antibiotiques criti­ques (C3 et C4G, fluoroquinolones). Les recommandations qui y figurent ne sont pas des obligations, a tenu à préciser notre confrère Jean-Noël Sialelli, mais le fruit d’une réflexion menée par la profession afin de guider les prescriptions au mieux, selon l’état des connaissances au moment de leur rédaction. Ainsi, des mises à jour régulières seront effectuées. Pour l’heure, six maladies sont ciblées2, choisies pour le possible recours aux antibiotiques critiques qu’elles peuvent engendrer. Pour chacune d’elles, les fiches élaborées se déclinent de la même façon : l’intitulé, le contexte, l’objectif général, les résultats attendus, les descriptions et les modalités d’action, les alternatives, l’évaluation de l’efficacité du référentiel à l’échelle de l’élevage, un diagramme décisionnel et un formularium.

Travailler sur la communication

Une version 2 sera soumise pour validation aux pilotes et aux copilotes du projet, en mars 2013, pour une mise en place effective en septembre. La signature d’une déclaration d’intention des praticiens d’appliquer ces référentiels a été proposée aux membres des trois associations coordinatrices1. Une cinquantaine de confrères (soit près de la moitié des praticiens porcins) l’ont déjà signée. « Il est nécessaire de travailler sur la communication, de montrer que nous travaillons bien, qu’un raisonnement préside à la prescription et au choix des antibiotiques », a souligné Jean-Noël Sialelli.

Le travail continue, avec la réa­lisation de référentiels pour sept autres maladies.

Zoom sur la sensibilité des E. coli

De son côté, Hervé Morvan a présenté un état des lieux des souches d’E. coli soumises et isolées au Laboratoire de développement et d’analyses des Côtes-d’Armor (LDA 22).

Le LDA 22 constate une diminution de la sensibilité des souches d’E. coli isolées en post­sevrage ces dernières années. Ainsi, la sensibilité du ceftiofur est passée de 99,5 % (période 2003 à 2007) à 95,5 % (2008 à 2012), celle du florfénicol de 95,5 à 81 %, celle de la fluméquine de 89,8 à 77 %, et celle de la colistine de 98,5 à 82 %. Les tétracyclines sont les seules à afficher une légère augmentation de leur sensibilité (8 à 10 %).

Par ailleurs, selon Hervé Morvan, même si les comparaisons ne sont pas toujours faciles à réaliser (nombre de prélèvements, souches variables et période d’élevage différentes), des publications étrangères permettent de se situer globalement. Aux États-Unis par exemple, en 2011, des données issues de 388 souches d’E. coli isolées au ISU Veterinary Diagnostic Laboratory montrent une faible sensibilité au ceftiofur (63 % versus 95,5 % pour les données LDA 2008 à 2012), au florfénicol (13 % versus 81 %) ou encore à l’enrofloxacine (71 % versus 90,5 %). Quant à la Chine, la situation, si elle perdure, est à la limite de l’impasse thérapeutique (voir tableau).

  • 1 Coordonné par l’Association des vétérinaires exerçant en productions organisées (Avpo), l’AFMVP et les Groupements techniques vétérinaires.

  • 2 Pathologie urinaire chez la truie (infections basses), diarrhées néonatales des porcelets, pathologie articulaire du porcelet en maternité (hors septicémies), pathologie à E. coli du porcelet en postsevrage, pathologie respiratoire à Actinobacillus pleuropneumoniae, complexe diarrhée grise.

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