Les praticiens disposent d’une expertise précieuse sur le médicament

Comme l’an passé, le symposium sur le médicament de l’Afvac a associé les autres organisations et associations professionnelles. Ce rendez-vous se veut résolument pratique, puisqu’il prend la forme de cas cliniques interactifs et didactiques. De la prescription-délivrance à l’usage des anticancéreux et des stupéfiants, toutes les facettes du médicament ont été abordées, notamment sous l’angle des responsabilités des praticiens.

Des responsabilités collectives et individuelles

« Il ne faut pas gâcher cette compétence indiscutable du vétérinaire sur le médicament par de mauvaises pratiques qu’il est possible de corriger correctement en en prenant conscience », a souligné Michel Baussier (président du CSO¹). Et Christophe Brard (président de la SNGTV²) de rebondir : « C’est pour cela que l’un de nos objectifs est d’apporter des réponses pragmatiques, via un guide de bonnes pratiques. Nous nous engageons à étendre l’information et à fournir des appuis techniques sous forme d’audits et de formations pour aider les clientèles à se mettre en conformité avec la réglementation. » Les intervenants ont insisté sur la responsabilité collective des associations, mais aussi individuelle au niveau de chaque praticien. Pour Claire Scicluna, responsable du dossier médicament à l’Avef³, « cela nous fera tous grandir et nous pourrons trouver des solutions si d’éventuels problèmes persistent ». Selon Claude Andrillon, vice-président du SNVEL⁴, « la barre n’est pas si haute qu’il y paraît. Il faut amener au rez-de-chaussée ceux qui se trouvent au 7^e sous-sol ». Pour Marie-Anne Barthélemy (SIMV⁵), il s’agit d’un axe stratégique important pour la filière du médicament. Côté administration, « cela montre la motivation et la mobilisation de la profession vétérinaire », a indiqué Jean-Pierre Orand (ANMV⁶). Quant à Jean-Michel Picard (DGAL⁷), il s’est aussi félicité de la prise en compte du rôle de thérapeute du vétérinaire dans le cadre de la santé publique.

Pharmacovigilance : s’impliquer davantage

Avec l’exemple de l’acétate de mégestrol, impliqué dans les potentielles apparitions de fibro-adénomatoses, le rôle de la pharmacovigilance a été souligné par les intervenants. S’il y a peu de données bibliographiques sur cet effet indésirable avec ce médicament, la pharmacovigilance a permis de faire avancer les connaissances. Cela a abouti au retrait de la molécule, effectif dans l’arrêté du 24 avril 2012 portant exonération de la réglementation des substances vénéneuses destinées à la médecine vétérinaire.

« Cet exemple bien réel devrait servir à stimuler les déclarations de pharmacovigilance », s’est félicité Jean-François Rousselot, vice-président de l’Afvac. « La pharmacovigilance ne sert pas à démontrer les effets indésirables, mais donne des signaux sur certains médicaments, à partir desquels des études plus approfondies sont décidées », a ajouté Jean-Pierre Orand. « Il faut monter en puissance aujour­d’hui dans ce domaine, à l’heure où nous sommes remis en cause : c’est le moment de montrer l’expertise du vétérinaire sur le médicament », a constaté Michel Baussier.

Approvisionnement et consentement éclairé en cancérologie

Notre consœur Claude Muller, présidente du Groupe d’étude en oncologie de l’Afvac, a développé des exemples en cancérologie. « Les tiers peuvent se servir de la moindre imperfection pour remettre en cause les règles. Donc, il faut être irréprochable à 100 % », a insisté Michel Baussier. « Nous disposons d’un guide de bonne qualité, avec des mesures que nous pouvons respecter », a confirmé Jean-François Rousselot. Selon Paule Carnat-Gautier (DGAL), la mise en œuvre des consi­gnes est glo­balement correcte au sein de la profession. Elle a toutefois insisté sur deux écueils : le recueil du consentement éclairé du propriétaire et l’approvisionnement en médicament.

Le cas des médicaments stupéfiants

Jack-Yves Deschamps (enseignant à Nantes) a abordé les morphiniques et les stupéfiants. « Nous avons de quoi gérer la douleur », a affirmé notre confrère. Le vétérinaire peut en outre se procurer de la morphine auprès de la pharmacie la plus proche, de préférence son officine habituelle. Il échoit au pharmacien de tenir le registre, ce qui ne dispense pas de rédiger une ordonnance. Mais, « même s’il n’y a pas d’obligation de remplir ce registre de comptabilisation, cela peut être recommandé, a expliqué Christophe Hugnet. C’est pratique et cons­ti­tue une bonne protection pour le vétérinaire ».

• 1 Conseil supérieur de l’Ordre des vétérinaires.

• 2 Société nationale des groupements techniques vétérinaires.

• 3 Association vétérinaire équine française.

• 4 Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral.

• 5 Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire.

• 6 Agence nationale du médicament vétérinaire.

• 7 Direction générale de l’alimentation.