Diagnostic et traitement du syndrome d’inflammation des voies respiratoires profondes - La Semaine Vétérinaire n° 1519 du 07/12/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1519 du 07/12/2012

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : SOPHIE PAUL-JEANJEAN

Le syndrome d’inflammation des voies respiratoires profondes (IAD, pour inflammatory airway disease) est défini comme une inflammation non septique des voies respiratoires pouvant affecter les chevaux de tout âge et dont le diagnostic de certitude repose sur l’analyse cytologique du lavage broncho-alvéolaire1.

SIGNES CLINIQUES

Les symptômes les plus fréquents sont une augmentation des sécrétions respiratoires, une toux et une baisse des performances. Les chevaux atteints d’une IAD présentent une grande quantité de mucus dans la trachée, avec des scores de 2 à 5 sur une échelle de 5. Cependant, ces sécrétions, non spécifiques, sont mises en évidence dans la majorité des affections pulmonaires. La toux affecte 38 % seulement des chevaux atteints d’IAD. Toutefois, 85 % des animaux qui toussent sont atteints d’une IAD. Il n’y a pas de jetage ni de fièvre, et l’auscultation pulmonaire est normale au repos. Néanmoins, certains chevaux dont l’IAD est sévère présentent également une courbe respiratoire modifiée et des bruits respiratoires anormaux (sons normaux augmentés ou râles bronchiques).

PARAMÈTRES DE LABORATOIRE

Les différents paramètres hématologiques et la plupart des marqueurs biochimiques sanguins ne sont pas significativement modifiés par l’inflammation respiratoire profonde, notamment dans les formes subcliniques. De tels troubles semblent être limités au système respiratoire, sans conséquence systémique. De plus, les anomalies hématologiques ont été récemment définies comme un critère d’exclusion pour le diagnostic d’IAD.

Les profils cytologiques hé­térogènes (voire mixtes) du lavage broncho-alvéolaire soulignent la complexité du phénomène. La cytologie du lavage broncho-alvéolaire au repos d’un cheval présentant une IAD comporte un taux de neutrophiles supérieur à 5 ou 10 % selon les études, et/ou des taux de mastocytes et/ou d’éosinophiles respectivement supérieurs à 2 % et à 1 %.

TRAITEMENT

Le traitement de l’IAD repose sur une amélioration de l’environnement, associée à un traitement médical. Les poussières inhalées jouent un rôle important dans la physiopathogénie de la maladie et sa prise en charge devrait toujours s’accompagner de mesures visant à réduire les particules en suspension dans l’air, susceptibles d’irriter les voies respiratoires. Ces dispositions comportent l’installation d’une litière dépoussiérée, une augmentation de la ventilation du box, la stérilisation du foin ou son remplacement par du préfané, ou la mise au pré du cheval.

Le traitement médical vise à contrôler l’inflammation qui affecte les voies respiratoires et à lever tout phénomène d’obstruction, en utilisant principalement :

→ des corticoïdes : les administrations par voie systémique (dexaméthasone intramusculaire à la dose de 0,05 mg/ kg toutes les 24 heures) et en aérosol (fluticasone à raison de 3 000 µg toutes les 12 heures, ou béclométhasone) sont efficaces. Néanmoins, par voie systémique, des effets secondaires indésirables peuvent survenir et les temps d’élimination sont généralement prolongés par rapport à une administration par voie locale. Les avantages de l’aérosolthérapie sont sa facilité et sa sécurité d’emploi. Cependant, elle induit un coût supplémentaire et des contraintes d’administration ;

→ des bronchodilatateurs : le clenbutérol (à la dose de 0,8 µg/ kg per os ou par voie intraveineuse, toutes les 12 heures) possède des propriétés anti-inflammatoires modérées et limite l’hyperréactivité en réponse à des stimuli irritants chez les chevaux sains atteints d’une IAD ou d’une obstruction récurrente des voies respiratoires (RAO, pour recurrent airway obstruction). En règle générale, il est conseillé d’administrer les bronchodilatateurs avant tout autre médicament, en particulier les corticoïdes, afin de favoriser leur déposition au niveau pulmonaire ;

→ des antibiotiques : ils sont prescrits si une infection bactérienne est suspectée. Cependant, aucune étude contrôlée ne rapporte l’efficacité des antibiotiques dans le traitement de l’IAD ;

→ du cromoglycate de sodium : cette molécule diminuerait les signes cliniques et l’hyperréactivité bronchique chez les chevaux atteints d’une IAD caractérisée par des comptages élevés de mastocytes dans le lavage broncho-alvéolaire. Cependant, ce traitement est inefficace chez les chevaux qui présentent d’autres profils inflammatoires.

Les traitements à base d’anti-inflammatoires non stéroïdiens et d’antihistaminiques sont inefficaces lors d’IAD.

  • 1 Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1517 du 23/11/2012 en page 51.

    Source : session sur l’inflammatory airway disease lors des journées annuelles de l’Avef en octobre 2012, à Reims.

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