Les différents types d’urgences en odontostomatologie - La Semaine Vétérinaire n° 1517 du 23/11/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1517 du 23/11/2012

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : FLORIAN BOUTOILLE*, AURÉLIE LEVIEUGE**

Fonctions :
*praticien au CHV Atlantia (Nantes). Article rédigé d’après une conférence présentée au congrès de l’Afvac 2011.

POINTS FORTS

– Les urgences dentaires nécessitent une prise en charge du traumatisme lui-même, mais également de la douleur et de l’infection potentiellement associées.

– Une fracture dentaire peut évoluer en cellulite maxillo-faciale ou en fistule. Chez l’adulte, son traitement (canalaire) peut être retardé, à la différence du jeune qui demande une prise en charge dans les 48 heures.

Il n’est pas toujours aisé pour le praticien de savoir quel type d’urgence doit être pris en charge en odontostomatologie. Doit-on sauver une vie ? La santé de l’animal ? Ou une dent ? On distingue les urgences douloureuses, infectieuses et les urgences traumatiques.

LES LÉSIONS BUCCO-DENTAIRES DOULOUREUSES

Les douleurs d’origine bucco-dentaire sont parfois difficiles à appréhender chez le chien et le chat. Dans les commémoratifs, les propriétaires rapportent une gêne discrète, une plainte, voire une douleur vive à la préhension alimentaire ou à la mastication. Ces symptômes frustes peuvent être repérés tardivement au stade de la dysorexie avancée ou de l’anorexie. À l’examen clinique, sont notés une adénopathie mandibulaire, une douleur à l’ouverture buccale, une douleur lors de la percussion dentaire à l’aide de la sonde parodontale, ou un réflexe de tremblement des mâchoires, chez le chat notamment.

L’origine des douleurs en odontostomatologie peut être dentaire, parodontale ou consécutive à la présence de lésions ulcéreuses sur les muqueuses buccales.

→ Les résorptions dentaires chez le chat (possibles mais rares chez le chien) sont potentiellement douloureuses ; les radiographies dentaires permettent la détection de lésions non visibles cliniquement.

→ Une fracture dentaire peut être douloureuse en raison d’une exposition pulpaire. Mais souvent, la pulpite passe inaperçue ; en revanche, l’atteinte du parodonte (de la gencive, du ligament parodontal et de l’os alvéolaire) peut engendrer une douleur importante.

→ Une lésion muqueuse peut être douloureuse. Chez le chat, les ulcères buccaux, linguaux, les lésions de stomatite caudale, les granulomes éosinophiliques, etc., génèrent une douleur qu’il faut prendre en charge. Chez le chien, les lésions muqueuses sont aussi douloureuses. Une stomatite chronique caractérisée par des ulcères péridentaires, des lésions labiales et jugales peut déclencher une douleur vive à l’ouverture buccale. De telles lésions douloureuses et invalidantes sont aussi rencontrées lors de maladies auto-immunes (pemphigoïde des membranes, bulleuse) ou de lymphome T épithéliotrope.

LES URGENCES DENTAIRES INFECTIEUSES

Plus de 500 espèces de bactéries colonisent la bouche et sont à l’origine de la plaque dentaire. Ces bactéries peuvent être à l’origine d’une infection parodontale ou endodontique (infection pulpaire) à la suite d’une fracture dentaire, d’une carie, d’une résorption, etc.

→ Infection endodontique : les bactéries se multiplient au sein de la pulpe dentaire et ressortent à l’apex, créant une inflammation et une infection douloureuses. Un abcès peut également se développer puis fistuliser (fistule infra-orbitaire par exemple). Une fracture dentaire peut toujours potentiellement évoluer en cellulite maxillo-faciale ou en fistule. Le traitement rapide de ce type d’atteinte dentaire permet de prévenir cette évolution infectieuse.

→ Maladie parodontale : elle est chronique par définition, sa prise en charge est donc non urgente. Mais elle peut entraîner une résorption osseuse, voire une fracture mandibulaire pathologique. C’est pourquoi la prise en charge rapide de cette maladie infectieuse est primordiale.

→ Maladie parodontale agressive : lorsque le système immunitaire est dépassé localement, l’infection parodontale prend des proportions dramatiques et évolue jusqu’à une ostéomyélite. Sa prise en charge inclut un curetage large, voire une exérèse (résection osseuse de type maxillectomie ou mandibulectomie partielle) et une antibiothérapie longue (par exemple, clindamycine pendant un mois).

→ Les corps étrangers (morceau de bois fiché entre deux dents) peuvent être à l’origine d’une infection buccale.

→ Les tumeurs buccales, notamment si elles sont volumineuses, se surinfectent fréquemment.

LES URGENCES TRAUMATIQUES

→ Fractures dentaires : une effraction pulpaire engendre une pulpite qui évoluera en nécrose pulpaire et potentiellement en abcès dentaire. Chez l’adulte, l’apex de la dent est fermé et la prise en charge de la fracture dentaire passe par un traitement canalaire qui ne nécessite pas d’être réalisé urgemment. Mais chez un jeune animal, la pulpe est large, les parois dentaires fines, et l’apex est ouvert. Pour ces raisons, une fracture dentaire chez le jeune doit être prise en charge dans les 48 heures, afin de conserver la dent. Cela consiste à éliminer la partie de la pulpe qui est infectée (pulpectomie partielle), et à favoriser l’obturation calcique du canal. Ce traitement doit être mené dans des conditions d’asepsie (instrumentation stérile). Les saignements pulpaires sont contrôlés par l’utilisation de pointes de papier stériles. Un ciment d’hydroxyde de calcium est employé pour le coiffage pulpaire : il contribue à alcaliniser le milieu (par libération d’ions OH-) et stimule les odontoblastes pour la synthèse de dentine cicatricielle. L’antibiothérapie est instaurée de manière préventive puis poursuivie deux semaines après le traitement. Une radiographie de contrôle est réalisée quatre mois après l’intervention afin de s’assurer que la dent continue sa maturation (fermeture de l’apex).

→ Luxation ou avulsion dentaire

– La subluxation : la dent a bougé à la suite du traumatisme, mais est toujours dans son alvéole.

– La luxation latérale avec ou sans fracture alvéolaire.

– La luxation extrusive ou intrusive : la dent est partiellement sortie de son alvéole ou est enfoncée dans son alvéole.

– L’avulsion : la luxation est complète.

Le traitement consiste à replacer la dent au plus vite dans son alvéole et à la stabiliser pour favoriser la cicatrisation du ligament alvéolo-dentaire. La dent est stabilisée pendant quatre semaines à l’aide d’une attelle interdentaire (composée d’un cerclage métallique entre la dent luxée et les dents adjacentes renforcé avec une résine composite). Lors de rupture du faisceau vasculo-nerveux apical, le risque de nécrose pulpaire est important. Dans ce cas, il convient de réaliser un traitement canalaire dix jours plus tard pour prévenir la résorption interne de la dent.

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