La maladie inflammatoire des voies respiratoires profondes - La Semaine Vétérinaire n° 1517 du 23/11/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1517 du 23/11/2012

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : SOPHIE PAUL-JEANJEAN

La maladie inflammatoire des voies respiratoires profondes (MIVRP) ou inflammation airway disease (IAD) affecte les jeunes chevaux athlètes, mais touche également ceux de tout âge et de toute discipline. Il s’agit d’une inflammation non septique modérée, voire importante, des voies respiratoires profondes. Les chevaux atteints d’IAD présentent généralement des commémoratifs de baisse de performances, d’intolérance à l’effort, de toux et de sécrétions augmentées dans les voies respiratoires, sans jetage ni fièvre. L’auscultation pulmonaire est normale au repos. Toutefois, certains chevaux atteints d’IAD sévère peuvent aussi afficher une courbe respiratoire modifiée et des bruits respiratoires anormaux.

INCIDENCE

L’incidence de l’IAD chez les chevaux de course varie de 11 à 65 % selon la méthode diagnostique utilisée (endoscopie, cytologie) et les conditions d’examen (repos ou après l’exercice). La définition de l’IAD et la distinction entre inflammation trachéale et pulmonaire sont fondamentales, car il est prouvé qu’il existe peu de corrélations entre la cytologie d’un liquide trachéal et celle d’un lavage broncho-alvéolaire chez un même cheval. Richard et coll. (2010) parlent d’IAD pour désigner une inflammation des voies respiratoires profondes, et de syndrome d’inflammation trachéale face à une inflammation de la trachée.

Il est à souligner que le lavage broncho-alvéolaire est un acte facilement réalisable sur le terrain au sein d’écuries de chevaux de courses.

MANIFESTATIONS CLINIQUES

L’IAD a des répercussions fonctionnelles scientifiquement prouvées qui peuvent perturber le fonctionnement de la chaîne de l’oxygène lors de l’effort et la capacité respiratoire du cheval, et par conséquent ses performances.

Selon la discipline du cheval et le degré de sévérité de la maladie, les manifestations cliniques vont d’une baisse d’énergie au travail chez les chevaux de sport à des contre-performances en compétition, en passant par de mauvais résultats ou des hémorragies pulmonaires induites par l’exercice chez les chevaux de courses. Ces dernières sont soit à l’origine de l’IAD, soit en sont une conséquence.

Concernant la présence de mucus dans la trachée, il n’est pas établi à ce jour de relation entre sa qualité et/ou sa quantité et l’IAD.

En outre, de nombreuses études mettent en évidence la forte prévalence d’IAD chez les chevaux qui présentent des affections des voies respiratoires supérieures. Une seule étude a permis d’établir également une relation entre l’IAD et l’instabilité du pharynx chez des chevaux de sport.

ÉTIOLOGIE

Plusieurs agents étiologiques infectieux et non infectieux sont impliqués dans l’initiation ou le maintien de ce syndrome. Plusieurs études épidémiologiques montrent que l’isolement d’agents pathogènes dans le liquide trachéal peut être associé à une inflammation des voies respiratoires profondes chez le cheval de courses.

Néanmoins, l’interprétation des cultures bactériologiques issues du système respiratoire moyen et profond requiert de la prudence, car les agents pathogènes fréquemment détectés font généralement partie de la flore nasopharyngée normale. Pour une bactérie donnée, la quantification intervient également dans l’interprétation de sa pathogénicité. Un dénombrement inférieur à 103 CFU (colony forming unit) par millilitre de liquide trachéal, voire à 105, est généralement jugé non significatif, quel que soit l’agent considéré. La présence d’une flore microbienne diversifiée (plus de trois agents dominants) est un signe de contamination “accidentelle” de l’échantillon recueilli, donc un élément sans importance clinique.

De la même façon, il convient d’être vigilant lors d’un diagnostic moléculaire par polymerase chain reaction (PCR) puisque, dans le cas notamment des herpèsvirus, certaines détections ne révèlent qu’un stade latent du virus dans les lymphocytes du liquide de lavage. Des informations complémentaires sur l’activité des virus isolés et leur importance clinique sont notamment apportées par l’évaluation cytologique des liquides respiratoires, l’examen clinique des chevaux voisins et la situation épidémiologique du cheptel.

Les chevaux sont exposés aux différentes particules provenant de la nourriture et de la litière. Leur exposition dépend donc de la localisation des box, de la gestion des écuries ou de la saison. Une forte corrélation est ainsi démontrée entre les concentrations en poussières et celles en endotoxines dans l’air, celles-ci étant par ailleurs significativement plus élevées dans l’air inhalé (x 8) et ambiant (x 15) des écuries conventionnelles qu’en pâture.

Bien que ces différents agents non infectieux représentent certainement un élément majeur dans le développement de l’IAD, l’étiopathogénie de ce syndrome reste encore largement à préciser.

Source : session sur l’inflammation airway disease lors des journées annuelles de l’Avef, en octobre 2012 à Reims.

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