La dentisterie du lapin et des rongeurs à Crémone

Une trentaine de vétérinaires de plusieurs nationalités se sont réunis, du 29 octobre au 2 novembre dernier, pour échanger avec 2 spécialistes reconnus qui exercent à Milan : Vittorio Capello (diplomate ECZM¹ small mammals) et Margherita Gracis (diplomate EVDC²).

Les points essentiels concernant l’anatomie et la physio­logie du lapin ont été listés : dentition élodonte et hypsodonte, présence de 2 paires d’incisives sur la mâchoire supérieure, absence de canines (présence d’un diastème), faible ouverture physiologique de la cavité buccale (nécessitant l’examen des dents jugales à l’otoscope), tables occlusales des dents jugales avec une inclinaison d’environ 10 à 15°, etc. L’importance de l’alimentation et des efforts masticatoires a également été rappelée, en raison de la croissance continue des incisives et des dents jugales.

Les participants ont pu effectuer des examens dentaires à l’aide d’un matériel varié (trousse de dentisterie et table d’examen, radiographie numérique dentaire, endoscope pour la cavité buccale, etc.). Effectuée sur un animal anesthésié, l’endoscopie orale permet de détecter des lésions subtiles (fractures longitudinales, hyperplasie gingivale, etc.) qu’un examen dentaire à l’œil nu ne permet pas d’identifier, même réalisé par des praticiens expérimentés. Les radiographies des dents doivent être systématiquement associées au bilan dentaire afin de vérifier l’occlusion, d’évaluer avec précision la longueur des couronnes, de détecter des élongations apicales ou des abcès débutants.

Extraction plutôt que section

La correction des affections dentaires du lapin et les maladies associées ont également été abordées : parage et extraction dentaires, prise en charge des abcès selon leur localisation anatomique, traitement des abcès multiples (cavités nasales, abcès rétrobulbaires et otite moyenne). La prise en charge de la malocclusion des incisives nécessite un bilan dentaire précis (examen des dents jugales sous anesthésie, radiographie).

L’extraction dentaire est la technique de choix si une occlusion normale ne peut être restaurée. La section à la pince est absolument contre-indiquée : la force appliquée sur la dent provoque des fissures et des fractures longitudinales responsables de douleur et d’infection. De plus, cette technique ne permet pas de rétablir une occlusion normale (usure en biseau, bord des dents lisses, non vulnérants). De même, l’utilisation de ciseaux, de pinces et de râpes pour la correction des mal­occlusions jugales (pointes dentaires) est contre-indiquée (microfractures et impossibilité de restaurer une occlusion physiologique). Le recours à des meules abrasives est la technique de choix.

Les affections dentaires chez les rongeurs et les particularités de leur prise en charge ont également fait partie des présentations. Les techniques d’extraction dentaire lors d’odontome (tumeur provoquant des dyspnées graves lorsqu’elle touche les incisives supérieures) et les rhino­stomies palliatives étaient ainsi au programme.

• 1 European College of Zoological Medicine.

• 2 European Veterinary Dental College.