Vers un monde sans poissons ? - La Semaine Vétérinaire n° 1515 du 09/11/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1515 du 09/11/2012

LE BILLET “ECOLO”

Entre nous

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Auteur(s) : MARC VASSART

La mer s’épuise. Tout le monde le sait. Les prises de poissons par les chalutiers européens dans l’Atlantique Nord-Est et en Méditerranée ont chuté de 7 millions de tonnes en 1975 à 4 millions de tonnes en 2010. Des économistes et des biologistes de la New Economics Foundation (NEF), un think tank basé à Londres, appelle à un moratoire de quelques mois à 9 ans pour les espèces les plus surpêchées en Europe.

Ne plus pêcher de poissons dans l’Atlantique pendant un temps permettrait en effet de protéger les stocks, mais aussi d’augmenter les revenus des pêcheurs de manière permanente. Le centre de recherches britannique a étudié 54 des principaux stocks de poissons de l’Atlantique Nord-Est, dont 49 font l’objet d’une surpêche (sur plus de 150 que comptent les eaux européennes). En cas d’adoption d’un moratoire, 10 seraient reconstitués en 2 ans, 28 en 4 ans, 44 en 6 ans et la totalité en 9 ans.

La reconstitution totale de ces stocks entraînerait de surcroît des bénéfices à long terme pour l’industrie de la pêche  : à l’horizon 2023, 16,9 milliards d’euros de recettes brutes seraient ainsi générés chaque année, soit un triplement de la valeur totale actuelle des prises de poissons.

À Bruxelles que se passe-t-il depuis 15 ans ? Les scientifiques déterminent des quotas, les ministres, montés sur leurs ergots, obtiennent à l’arraché 20 ou 30 % supplémentaires qu’ils arborent comme un trophée dans leurs pays respectifs, et au final, les pêcheurs puisent allègrement le double de ce qu’il serait raisonnable de pêcher (car ils trichent sur les prises réelles). L’Europe est la risée des pêcheries responsables (Amérique du Nord, Islande, Nouvelle-Zélande, etc.).

La mer est notre bien commun. L’aquaculture (qui épuise les stocks de poisson-fourrage pour nourrir ses saumons) n’est pas une solution, tant que nous n’acceptons pas de manger des poissons herbivores (tilapia).

Chacun doit agir à son niveau, en choisissant du poisson issu de stocks bien gérés - par exemple celui estampillé Marine Stewardship Council (MSC) et vendu dans les enseignes Carrefour et Picard, entres autres – et/ou pêché localement (comme le féra du Léman).

Pour en savoir plus

→ un livre, « Surpêche » de Charles Clover aux éd. Demopolis ;

→ un DVD, « The End of the Line » de Rupert Murray.

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