LES VÉTÉRINAIRES ET LA RECHERCHE AU GABON

Le Centre international de recherches médicales de Franceville existe depuis 31 ans. Il est né de l’initiative de l’ancien président Omar Bongo Ondimba. Il tire son originalité de sa taille, quasiment unique en Afrique, et de la multiplicité de ses recherches aux répercussions mondiales », explique Jean-Paul Gonzalez, ex-directeur général du Cirmf.

Le centre, dont le siège est situé à Franceville au Gabon, dans le Haut-Ogooué, a débuté ses recherches sur la fécondité en 1979. La multiplicité des moyens mis à sa disposition a suscité des controverses, oubliées aujourd’hui. Il est certain que l’émergence du Sida et du virus Ebola, encore peu connu à l’époque et qui venait infirmer la fin des maladies infectieuses, a donné une justification toute particulière à cette structure.

En parallèle de l’étude sur la fécondité et des maladies transmissibles, le centre a commencé à s’intéresser à l’immunologie des affections parasitaires présentes sur le territoire, et ses recherches se sont élargies. Étant le seul à posséder toutes les souches du virus Ebola, le Cirmf assure aujourd’hui le leadership dans ce domaine. Le réservoir naturel de ce virus, traqué pendant presque 30 ans, a été découvert par les scientifiques du centre. Sa dernière innovation majeure est la création d’une unité de recherches en bactériologie, qui laisse espérer de grandes découvertes sur les bactéries d’Afrique centrale encore peu connues.

Le rôle des vétérinaires

« Dans une structure comme le Cirmf, où une partie non négligeable du travail se concentre sur les maladies zoonotiques, il y a naturellement un intérêt certain à travailler avec les vétérinaires. Sachant que 75 % des maladies infectieuses ont une origine animale, cette profession est un maillon indispensable des nouvelles découvertes. C’est encore plus vrai pour les recherches effectuées sur des animaux dans leur habitat naturel, susceptibles d’être la source d’une transmission interspécifique, tout particulièrement les espèces qui fournissent la viande de brousse, les rongeurs et les chauves-souris », témoigne Jean-Paul Gonzalez.

Une approche pluridisciplinaire

La médecine vétérinaire est tout d’abord présente au sein du centre de primatologie. Le suivi de la santé des différentes espèces de singes, la conservation et, dans une moindre mesure, la recherche en sont les axes d’activité. Des prélèvements et des soins médicaux et chirurgicaux sont réalisés régulièrement, grâce à une équipe de praticiens et de soigneurs français et gabonais.

Fort de son approche pluridisciplinaire de la santé, le rôle des vétérinaires ne s’arrête pas au centre de primatologie, puisque le chef de l’unité des maladies virales émergentes est le Dr Éric Leroy. Cette unité, associée à un réseau international, mène des actions de santé publique et de diagnostic dans l’ensemble des pays d’Afrique centrale et effectue des recherches à la fois virologiques, épidémiologiques et immunologiques, chez l’homme comme chez les animaux. Par exemple, l’émergence de la dengue et du chikungunya, en 2007, a impliqué l’ouverture d’un vaste projet de recherches sur les arbovirus. Les virus émergents responsables de fièvres hémorragiques, comme le virus Ebola, sont également visés.

« L’écologie de la santé, plus particulièrement en ce qui concerne les maladies zoonotiques, est un point clé de la pensée médicale moderne. Une approche transdisciplinaire est indispensable pour comprendre les mécanismes de l’émergence d’une maladie, l’apparition d’une épidémie ou le passage interespèce. La recherche explicative sur les phénomènes d’une infection est une nécessité, surtout d’un point de vue épidémiologique », estime Jean-Paul Gonzalez.

Rassembler de multiples acteurs

Le Cirmf apparaît à la fois moderne et visionnaire, par le rassemblement de multiples acteurs qu’il tente de faire fonctionner ensemble, dans une approche de la santé qui se veut transversale, avec un système de veille qui inclut une approche syndromique des maladies humaines et un suivi des agents infectieux résistants. Tentant de mener à bien 3 objectifs (la recherche, la santé publique et la formation), loin de la capitale Libreville, les échanges sont parfois un défi. C’est ainsi qu’une place importante est donnée à la communication, interne et externe.

Après une grève en mars dernier qui semble avoir obtenu une écoute attentive de la part du ministère de la Recherche gabonais, et une Direction de la communication et des relations extérieures enthousiaste à l’idée de partager les projets en cours, le Cirmf devrait être en mesure de répondre à un grand nombre de ses objectifs.