L’euthanasie des équidés exige une préparation minutieuse

L’euthanasie peut constituer, à un moment donné, le bon choix en termes de bientraitance. Lesley Barwise-Munro l’aborde aussi bien dans le cadre d’une maladie chronique, sans issue, que dans celui des équidés “unwanted”, des chevaux âgés, etc. « La médecine gériatrique est une préoccupation croissante des vétérinaires, ils peuvent donc être confrontés à cette décision, dans un contexte affectif de plus en plus marqué, où l’animal n’est plus seulement un outil de travail, mais un cheval de compagnie, voire considéré comme un membre de la famille. » Plus le propriétaire possède l’équidé depuis longtemps, plus l’euthanasie lui sera difficile à accepter. Notre consœur britannique reconnaît aussi que les propriétaires tendent à sous-évaluer et à moins rapporter les signes d’appel de maladie, estimant souvent que ce sont des troubles liés à l’âge. « Nous devons échanger et éduquer les propriétaires. Nous pouvons proposer des solutions globales de prise en charge de la santé, mais cela requiert une implication croissante de la profession vétérinaire. »

DÉTERMINER LE BON MOMENT

Quand considérer que c’est le moment d’envisager une euthanasie ? « Une pression est exercée sur notre profession, pas seulement pour prolonger la vie, mais aussi pour estimer sa qualité. » La discussion avec le propriétaire doit s’engager sur des questions telles que : le cheval semble-t-il heureux ? S’alimente-t-il correctement ? Quel est son état corporel ? Est-il souvent couché ? Peut-il se relever, se rouler facilement ?

Au final, retarder l’euthanasie peut compromettre le bien-être du cheval. Mais le vétérinaire est parfois confronté à la résistance du propriétaire. « Déterminez alors une limite dans le temps, après laquelle une amélioration significative doit avoir eu lieu. Prévenez le propriétaire qu’au-delà une décision mérite d’être prise. »

Une autre situation délicate attend souvent le praticien équin : celle d’une demande d’euthanasie pour un cheval en bonne santé. « Proposez des solutions alternatives comme le replacement du cheval, en définitive renvoyez le propriétaire à ses responsabilités. » Et, finalement, « soutenez sa décision, s’il n’existe pas d’autre option que l’euthanasie pour garantir que l’animal ne sera pas l’objet de maltraitance. »

Dans le cadre de l’euthanasie d’urgence en équine, « n’hésitez pas à avoir recours à une seconde opinion en cas de doute », conseille en outre notre consœur.

ÉCHANGER ET INFORMER LE PROPRIÉTAIRE

D’autres points sont à considérer par le vétérinaire : il doit s’assurer du consentement éclairé du propriétaire, que le cheval correspond bien au livret présenté et à l’identification (!), que la couverture par l’assurance est claire, enfin, qu’il dispose des bons moyens techniques et d’une assistance compétente en cas de besoin.

Pour cet acte, les critiques potentielles les plus fréquentes à l’égard des confrères sont souvent évitables, selon Lesley Barwise-Munro, entre autres par une communication précoce et empreinte de compassion. Les reproches reposent sur la sous-estimation des sentiments des propriétaires, sur la perception d’un acte professionnel, mais dépourvu de soutien. « Cela peut détériorer une relation future. »

Il convient d’expliquer les différentes techniques au propriétaire et d’évoquer le coût de l’acte. Les détails pratiques méritent aussi d’être abordés : désire-t-il être présent ? Veut-il le retrait de la carcasse et son équarrissage, ou son incinération ? Il existe en effet aujourd’hui des centres d’incinération dédiés aux chevaux, en France aussi. Il faut en outre avertir le propriétaire que les yeux restent ouverts, qu’il y a un réflexe de “gasp”, une défécation, des battements cardiaques.

BIEN PRÉPARER L’ACTE

Une sédation est recommandée. Des options existent entre cathéter ou aiguille, sédation ou non, tonte ou ciseau (pour bien visualiser la veine). « Le jour de l’euthanasie, soyez à l’heure. Prenez le temps de recueillir le consentement du propriétaire, demandez-lui s’il est en accord avec tout. » Il convient aussi de disposer d’un endroit dédié, qui assure la chute en douceur du cheval.

« Soyez bien organisé avec les principes actifs, un bon contrôle de l’acte est essentiel. Prenez un cathéter si vous n’êtes pas sûr des aiguilles. » La sécurité de l’assistance est aussi à vérifier. La seringue est enlevée avant la chute du cheval. Sa mort doit être confirmée. Une fois l’acte réalisé, il est important de confirmer au propriétaire qu’il a fait le bon choix.

ASSURER UN SUIVI

« Certaines personnes ressentent une perte considérable, un bouleversement dans la routine de leur vie. » Notre consœur propose dans ces cas l’envoi d’une carte ou d’une lettre de condoléances personnalisée. Il est en outre indispensable d’en informer toute l’équipe de la clinique afin d’éviter les relances de vaccination, par exemple.