L’anthrax, une menace récurrente pour les bisons canadiens - La Semaine Vétérinaire n° 1512 du 19/10/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1512 du 19/10/2012

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FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Marie Sigaud

En juillet dernier, une nouvelle épizootie d’anthrax a fait plus de 120 victimes parmi les bisons du sanctuaire MacKenzie, au nord de Fort-Providence, dans les territoires du nord du Canada. Cette réserve abrite, avec le parc national Wood Buffalo, l’une des rares populations de bisons des bois (Bison bison athabascae) encore en liberté. La taille du troupeau est actuellement estimée entre 2 000 et 3 000 individus. Cette sous-espèce du bison américain est reconnue en danger par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (Cosepac), à tel point qu’un plan de sauvegarde est en cours depuis 2001.

DIAGNOSTIC DE L’ANTHRAX DANS LES TROUPEAUX SAUVAGES

Au Canada, l’anthrax est endémique au sein des populations de bisons sauvages dans les régions de l’Alberta et des territoires du nord. Depuis 1963, des épizooties sont régulièrement rapportées. Ainsi, le parc national Wood Buffalo en Alberta a déjà connu 8 épisodes d’anthrax. Une menace de plus pour les quelques troupeaux de bisons encore sauvages.

L’anthrax est une bactériose transmise par Bacillus anthracis. Il est souvent considéré comme une maladie d’herbivores en raison de son mode de transmission : le réservoir de la maladie se trouve dans le sol, qui contient les spores du bacille. Les bisons et les autres herbivores se contaminent en s’alimentant ou en se roulant dans la terre. Les épizooties d’anthrax se produisent à la faveur de conditions climatiques propices, typiquement les années chaudes et sèches ponctuées d’épisodes de précipitations importants, comme en 2011.

Chez les animaux, la maladie est décrite sous 3 formes : suraiguë, aiguë et chronique (chez l’homme, elle varie selon la présentation clinique : formes cutanée, respiratoire, etc.).

→ La forme suraiguë apparaît généralement au début d’une épizootie et se manifeste par la mort subite d’individus sans symptômes évocateurs.

→ La forme aiguë s’accompagne de signes cliniques tels que l’arrêt de la rumination, l’alternance de périodes d’excitation et d’abattement, l’apparition de difficultés respiratoires et de convulsions suivies de peu par la mort de l’animal.

→ La forme chronique touche principalement les espèces domestiques ou sauvages moins sensibles et a notamment été observée chez le chien, le porc ou encore le loup. L’un des symptômes évocateurs est l’apparition d’un œdème lingual et pharyngé. Aucun mammifère n’est totalement résistant à la maladie.

Chez les espèces de la faune sauvage, le tableau clinique passe souvent inaperçu, mais certains signes peuvent guider les observateurs. En effet, les carcasses des animaux morts de l’anthrax présentent certaines particularités, comme la présence de sang s’écoulant des orifices naturels, une décomposition rapide de la carcasse et une rigidité post-mortem incomplète.

MESURES DE LUTTE

D’après l’Organisation mondiale de la santé, enterrer les carcasses n’est pas un moyen efficace pour le contrôle à long terme de la maladie. Elle recommande dans un premier temps de les décontaminer à l’aide de désinfectants de type formol ou glutaraldéhyde. Idéalement, la carcasse et toute la zone autour doivent ensuite être brûlées, afin de minimiser le risque d’une remontée à la surface des spores après plusieurs années. La vaccination annuelle des animaux dans les zones endémiques est également un moyen efficace de lutter contre cette affection, mais elle est difficile à mettre en place dans le cadre d’une population libre.

La prévention des épizooties d’anthrax étant délicate chez les animaux sauvages, seules des mesures de surveillance et de contrôle (mise à l’écart des individus suspects, incinération des carcasses, etc.) sont mises en œuvre pour minimiser l’impact de cette maladie sur la santé des troupeaux de bisons.

Au Canada, les bisons des bois ne sont pas les seuls menacés par ce fléau. Le bison de plaines (Bison bison bison), autre sous-espèce qui occupe préférentiellement les écosystèmes ouverts, peut également être touché. Ce fut notamment le cas en 2008, dans le parc national de Prince-Albert à Saskatchewan, où un épisode d’anthrax s’est déclaré au sein de la seule population de bisons des plaines vivant en liberté dans son aire de répartition historique. Les troupeaux de bisons sauvages aux États-Unis sont confrontés à des problèmes identiques.

DES BISONS SAUVAGES MENACÉS

Autrefois omniprésents sur le sous-continent nord-américain, les bisons se comptaient en dizaines de millions d’individus. Ils sont quasiment en voie d’extinction aujourd’hui, en raison de la surexploitation et de la disparition de leur habitat. Les rares bisons sauvages qui subsistent sont regroupés dans des réserves et des parcs nationaux, mais la pérennité de ces populations peut être menacée par des épizooties d’importance, comme celles rapportées dans le cas de l’anthrax.

Sources :

→ W. Beyer et P.C.B. Turnbull (2009). « Anthrax in animals », Molecular Aspects of Medicine, 30(6): 481-489.

→ J.S. Nishi, D.C. Dragon et coll. (2002). « Emergency response planning for anthrax outhreaks in bison herds of northern Canada – A balance between policy and science », Domestic animal/wildlife interface : issue for disease control, conservation, sustainable food production and emerging diseases. E.P.J. Gibbs et B.H. Bokma. New York Acad. Sciences. 969: 245-250.

→ T.K. Shury, D. Frandsen et coll. (2009). « Anthrax in free-ranging bison in the Prince Albert National Park area of Saskatchewan in 2008 », Canadian Veterinary Journal-Revue vétérinaire canadienne 50(2): 152-154.

Pour en savoir plus

http://www.pc.gc.ca

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