Techniques, applications et effets secondaires de la radiothérapie - La Semaine Vétérinaire n° 1494 du 04/05/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1494 du 04/05/2012

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : HÉLÈNE VANDENBERGHE*, JULIA BUCHHOLZ**

Fonctions :
*diplomate ACVR (Radiation Oncology), praticienne à l’Animal Oncology and Imaging (AOI) Center, Hünenberg, Suisse

POINTS FORTS

– La radiothérapie trouve des applications dans le traitement de nombreuses tumeurs : intranasales, cérébrales et sarcomes des tissus mous notamment.

– Elle est administrée en utilisant des protocoles précis (le fractionnement et la dose sont choisis selon le type de tumeur, l’état général de l’animal, etc.).

– Elle est bien tolérée par les animaux.

– La radiothérapie est susceptible de générer des effets secondaires immédiats ou retardés (jusqu’à plusieurs années après le traitement).

En raison du coût du matériel et de la formation du personnel, les structures qui proposent la radiothérapie étaient jusqu’alors rares (moins de 5 en France). Mais cette technique connaît actuellement un essor. Celle-ci permet le traitement de cancers locorégionaux par irradiation, en provoquant des dégâts de l’ADN cellulaire. À la suite de la radiothérapie, les cellules tumorales, au potentiel mitotique souvent élevé, se révèlent moins capables de réparer leur matériel génétique entre 2 divisions cellulaires et finissent par mourir. En général, la radiothérapie peut être curative ou palliative. Dans le premier cas, l’objectif consiste en une guérison ou un contrôle prolongé de la tumeur. La radiothérapie palliative vise, quant à elle, à stabiliser la tumeur, à réduire la douleur, à améliorer la qualité de vie de l’animal sans engendrer d’effets secondaires immédiats.

INDICATIONS

Tumeurs cérébrales

Ces tumeurs représentent une des indications majeures de la radiothérapie. Cette dernière est susceptible d’être utilisée lorsque l’intervention chirurgicale est impossible, en complément d’une opération avec des marges incomplètes ou lors d’une récidive postchirurgicale. L’effet recherché est, avant tout, une amélioration des signes neurologiques par la baisse de la pression cérébrale. Il est souvent obtenu rapidement, après quelques fractions de radiothérapie. Généralement, la survie médiane s’élève à 24 mois environ. Les symptômes nerveux peuvent néanmoins réapparaître 2 à 3 mois après la fin du traitement. Ce phénomène n’est pas lié à une récidive tumorale, mais à un effet secondaire de la radiothérapie centré sur le tissu nerveux. Celui-ci est à traiter avec de la cortisone durant quelques jours ou quelques semaines.

Tumeurs nasales

Tumeurs intranasales

Pour ces tumeurs (adéno­carcinomes, carcinomes épidermoïdes, sarcomes, etc.) délicates à contrôler, la radiothérapie représente la technique de choix. Après le traitement curatif, la survie médiane est de 12 à 18 mois chez le chien et de 12 à 24 mois chez le chat. La radiothérapie palliative donne, elle aussi, de bons résultats avec un contrôle de la maladie durant plusieurs mois et le maintien d’une bonne qualité de vie.

Carcinome épidermoïde du chat

En cas de lésion profonde, la radiothérapie appliquée avec des protocoles accélérés (2 séances par jour pendant 5 jours) produit de bons résultats : plus de 90 % des tumeurs répondent au traitement et 65 % sont contrôlées après 1 année. Pour des lésions superficielles, une thérapie photodynamique, un traitement qui utilise une substance photosensibilisante et un laser, est préférée.

Tumeurs orales

Mélanomes

La tumeur répond dans 83 à 100 % des cas chez le chien. Des protocoles palliatifs hypofractionnés (1 dose haute, 1 fois par semaine, à 4 à 6 reprises) sont mis en œuvre. La survie est souvent limitée (métastases).

Épulis acanthomateuses

L’efficacité de la radiothérapie sur ces tumeurs est similaire à celle d’une exérèse chirurgicale en marges saines (contrôle de la tumeur dans 90 % des cas), avec un meilleur résultat esthétique.

Carcinomes épidermoïdes

Chez le chien, 75 % des carcinomes épidermoïdes oraux sont contrôlés par la radiothérapie. La combinaison avec la chirurgie fournit de meilleurs résultats.

Tumeurs osseuses

La radiothérapie est utilisée en thérapeutique palliative pour les ostéosarcomes, seule ou associée à la chimiothérapie. Elle comporte un effet analgésique dans 75 à 90 % des cas. Parfois, l’animal manifeste à nouveau des signes de douleur après la première fraction de radiothérapie, puis ceux-ci disparaissent pour 3 mois environ. Il est possible d’ajouter des bisphosphonates ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens au traitement.

Tumeurs du tronc et des extrémités

Sarcomes des tissus mous

Ces tumeurs invasives sont à traiter agressivement par des soins locaux. La radiothérapie curative postopératoire représente le traitement de choix après une intervention chirurgicale d’exérèse avec des marges infiltrées. La tumeur est contrôlée et le temps de survie est supérieur à 5 ans dans 75 % des cas. La radiothérapie pré­opératoire peut représenter une alternative. Les sarcomes postinjection chez le chat, extrêmement agressifs, récidivent dans 50 % des cas à la suite d’une exérèse en marge saine. L’utilisation de la radiothérapie préopératoire ou postopératoire fait diminuer ce taux de moitié.

Mastocytomes

La radiothérapie est la méthode de choix lorsque les marges ne sont pas saines après une première opération chirurgicale et lorsqu’une seconde est délicate à mettre en œuvre (contrôle à 2 ans : 85 à 95 % chez le chien).

Autres indications

Les adénocarcinomes périanaux, les carcinomes de la thyroïde et transitionnels vésicaux, ainsi que les lymphomes localisés sont d’autres indications.

MODALITÉS

Après une évaluation préliminaire de l’animal, selon l’état général de ce dernier et la nature de la tumeur, un schéma thérapeutique est mis en place. Il s’agit souvent de traitements à long terme, divisés en fractions (15 à 20 pour les démarches curatives, 2 à 6 pour les palliatives). L’importance du fractionnement est liée à la réoxygénation de la tumeur entre 2 séances. Effectivement, une tumeur bien oxygénée répond mieux au traitement. De cette façon, le risque d’apparition d’effets secondaires indésirables est également minimisé. Il importe aussi de ne pas faire de pause au cours de la thérapie. Lorsqu’une absence des propriétaires de l’animal est prévue, il est préférable de déplacer la date de la première séance de radiothérapie. La tumeur est précisément localisée, avec un examen par scanner si nécessaire, et les structures à irradier sont clairement définies : tumeur macroscopique (ou microscopique) et marges. Après une anesthésie générale, l’animal est précisément positionné sur l’appareil à l’aide de coussins ou de matériel dentaire (moule portant les empreintes dentaires du sujet). Un examen radiologique avec l’appareil de radiothérapie lors du premier traitement permet de vérifier la position. Les structures normales sont protégées de l’irradiation avec des protections en plomb ou un collimateur multilamellaire. Une hospitalisation, bien que possible, n’est pas nécessaire. Le propriétaire peut récupérer son animal 1 heure après chaque séance.

EFFETS SECONDAIRES

Effets secondaires aigus

La radiothérapie est, en général, bien supportée par les animaux. Cependant, les tissus sains peuvent parfois présenter des effets secondaires aigus. Ils sont normaux et concernent les tissus à l’activité mitotique importante (peau, muqueuses). Un bref traitement symptomatique suffit à les résoudre : anti-inflammatoires non stéroïdiens associés aux opiacés ou cortisone combinée ou non à ces derniers. Pour éviter que les animaux ne lèchent ou grattent la zone irradiée, le port d’une collerette ou d’un T-shirt est indispensable. L’usage de crèmes, de pommades ou de désinfectants pour traiter et nettoyer la région affectée est contre-indiqué. En revanche, il est possible de soigner prudemment la plaie avec du thé noir froid.

Effets secondaires retardés

Ces effets, observés à partir de 10 à 12 mois après la fin de la radiothérapie, sont beaucoup plus difficiles à traiter. Ils concernent des tissus conjonctifs et des vaisseaux sanguins, à la basse capacité de prolifération, qui présentent des lésions sous forme de fibrose et/ou de nécrose. Il est essentiel de limiter leur risque d’apparition en mettant au point des plans de thérapie optimaux, en positionnant l’animal précisément au cours de chaque séance, en considérant le comportement radiobiologique des différents tissus. En cas d’apparition, il convient de contacter un radio-oncologue.

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