Les bébés mangent-ils trop salé ? - La Semaine Vétérinaire n° 1494 du 04/05/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1494 du 04/05/2012

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Auteur(s) : KARIM ADJOU

Dès l’âge de 3 mois, les enfants ont un apport en sel supérieur à leurs besoins.

Notre alimentation est beaucoup trop salée, c’est un fait. Malgré les campagnes de sensibilisation, tant auprès des consommateurs que des industriels, rien ne change. Mais, plus inquiétant, cette habitude alimentaire interviendrait très tôt dans la vie. Ainsi, selon une étude britannique1, 70 % des nouveau-nés âgés de 8 mois consomment largement la quantité de sel nécessaire à l’organisme.

Si le chlorure de sodium fait partie intégrante de tout aliment, il n’est présent qu’en faible quantité. À vrai dire, notre organisme n’a pas besoin de plus pour fonctionner. Malheureusement, très rapidement, l’homme ingère des quantités de sel trop importantes. Dès le moment où il n’est plus alimenté au sein (le lait maternel est pauvre en sel, quelle que soit l’alimentation de la mère), et que l’enfant commence à se nourrir normalement, le sel est très présent dans sa nourriture.

Surtout dans les produits fabriqués, comme le pain et les petits pots

Pauline Emmet et Vicky Cribb, de l’université de Bristol, ont étudié l’alimentation de 1 200 enfants nés dans les années 90. Elles ont ainsi confirmé que, dès 3 mois, la consommation de sel de l’enfant est supérieure à celle nécessaire à l’organisme. Elles ont aussi constaté qu’en quelques mois, cette dernière dépasse quasiment du double la quantité maximale recommandée. Après l’analyse des aliments consommés par ces enfants, il apparaît que le chlorure de sodium provient surtout des produits fabriqués, comme le pain et les petits pots. Trop de sel n’a pas de conséquence directe sur l’organisme de l’enfant. C’est la consommation chronique d’excès de sel qui est néfaste à la santé. Petit à petit, la présence trop importante de chlorure de sodium dans l’organisme peut entraîner une élévation de la pression artérielle qui engendre des accidents cardio-vasculaires (l’une des premières causes de décès en France). Elle peut aussi être à l’origine d’une perte chronique de calcium dans les urines, qui participe directement au phénomène d’ostéoporose et de création de calculs rénaux. À la suite de leurs travaux, les 2 chercheuses estiment, comme d’autres avant elles, qu’il est important de réduire l’apport en sel dans la nourriture des enfants notamment, mais aussi dans celle des adultes. Pour cela, il faudrait que les industriels réduisent la quantité de chlorure de sodium dans les aliments transformés.

  • 1 VL Cribb, J M Warren and PM Emmett. Contribution of inappropriate complementary foods to the salt intake of 8-month-old infants, European Journal of Clinical Nutrition (2012) 66, 104-110.

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