La classe préparatoire reconnue dans le cursus vétérinaire

La commission d’expertise pour la reconnaissance du programme des classes préparatoires “biologie, chimie, physique et sciences de la Terre” (BCPST) dans le cursus vétérinaire, publiée dans le Journal officiel du 21 avril dernier, vise à évaluer et à définir ce qui relève, dans ces classes préparatoires, du cursus vétérinaire. Cela permet de les y intégrer et de répondre aux exigences de la directive européenne relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles. En effet, l’idée est bien celle d’un cursus eurocompatible. La France constitue une exception, car les années passées en classes préparatoires ne comptent pas dans le cursus vétérinaire, selon le prisme européen. Le cursus français comporte ainsi 2 années de “prépa” et 5 d’école vétérinaire. La commission aboutira-t-elle à une réduction globale des études vétérinaires françaises ?

S’inscrire dans un cadre eurocompatible

L’évolution du cursus vétérinaire était déjà en marche avec, en ligne de mire, son inscription dans l’espace européen de l’enseignement supérieur. Par conséquent, cette commission s’inscrit dans une logique de continuité de ce processus. Ce sera peut-être l’occasion de remettre en question le pré carré des enseignants des classes préparatoires. N’est-il pas légitime qu’un étudiant puisse décrocher son diplôme dans un cadre eurocompatible ?L’excellent rapport de notre confrère Bernard Vallat relatif à l’enseignement vétérinaire citait déjà la reconnaissance des classes préparatoires et une “prépa” de 12 mois.

La non-reconnaissance des classes préparatoires dans le cursus vétérinaire est longtemps restée une pierre d’achoppement. L’Association européenne des établissements d’enseignement vétérinaire (AEEEV) avait, jusque-là, refusé de les reconnaître dans le cursus. Le ministère de l’Agriculture avait mis en place un schéma 2 + 5 en 2007. Dresse-t-il aujourd’hui le constat d’études trop longues ? Les étudiants ont pourtant déjà essuyé de nombreuses réformes (1 + 4, 2 + 4, 2 + 5, etc.).

En outre, la longueur des études vétérinaires (7 ans, versus 5 ans en moyenne en Europe) peut aussi expliquer, parfois, l’essoufflement (en termes financiers et d’études) à la perspective de les poursuivre avec une thèse universitaire.

Au niveau des écoles vétérinaires, le souhait de répondre aux manques de moyens et de déporter une partie du cursus sur la classe préparatoire est-il à craindre ?

Vers de nouvelles évolutions des “prépas”

En outre, la réflexion sur les classes préparatoires se poursuivra-t-elle au-delà de la problématique de la reconnaissance ? Certainement. Le comité à haut niveau du plan de modernisation de la formation vétérinaire avait émis 26 recommandations l’an passé¹. Y était également citée la possibilité d’envisager de recruter des élèves dans les écoles vétérinaires après une formation de 1 an en classe préparatoires BCPST. 2 années de classe BCPST sont-elles vraiment cruciales pour le cursus vétérinaire ? Une concentration en 1^re année de classe préparatoire n’est-elle pas envisageable ? En effet, notre confrère Jean-Luc Angot (DGAL³) expliquait dans nos colonnes, en septembre dernier, que « l’enjeu est de reconnaître au moins la moitié de la durée de formation en classe préparatoire dans le cursus vétérinaire  »² et que, dans un second temps, « il pourra être envisagé de recruter les étudiants dans les ENV après 1 année de formation en classe préparatoire  ». Les premières classes préparatoires aux concours des écoles vétérinaires sont apparues en 1941. Voilà de quoi redistribuer les cartes !

• 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1464 du 30/9/2011, pages 14-15.

• 2 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1463 du 23/9/2011, page 24.

• 3 Direction générale de l’alimentation.