Décrypter les postures pour mieux maîtriser la communication - La Semaine Vétérinaire n° 1494 du 04/05/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1494 du 04/05/2012

Reflet extérieur de l’attitude psychique

Dossier

Auteur(s) : CHRISTOPHE DEFORET

Les postures corporelles sont le reflet physique de l’attitude psychique. Elles indiquent comment l’interlocuteur vit la relation du moment. Même si dans le détail, elles sont plus complexes, des comportements similaires à ceux des autres vertébrés, étudiés par Charles Darwin, se retrouvent chez l’homme. 4 postures fondamentales sont ainsi distinguées : en extension, en contraction, en approche et en recul (voir les 2 photos et leurs légendes ci-contre).

Le changement de position est particulièrement important lors d’une interaction : il signe le changement d’attitude interne.

Chaque posture est composée d’éléments caractéristiques, susceptibles d’être ou non associés, et employés de façon préférentielle par chaque individu. En apprenant à connaître son interlocuteur, il est possible de détecter celui ou ceux qu’il utilise préférentiellement.

Il importe également de détecter les dissonances entre la posture et le langage verbal : lorsque l’interlocuteur émet un accord verbal, mais adopte une posture de retrait, par exemple. La position globale peut être en congruence avec le verbal. Néanmoins, des éléments de posture partiels en dissonance sont susceptibles d’être présents.

On considère, par ailleurs, que l’on contrôle mieux ce qui est proche du cerveau que ce qui s’en éloigne. Aussi les postures de pieds et de jambes reflètent plus souvent l’attitude que celles de la tête, plus facilement modifiées par la conscience.

En outre, en dehors du croisement de bras qui signe le plus souvent la volonté de se protéger, il est possible de repérer des gestes de “réassurance”, qui surgissent à un moment où l’autre se sent plus mal à l’aise dans la conversation. Les microcaresses, les prises de contact légères avec le corps, au niveau de la nuque ou du visage notamment, deviennent plus fréquentes ou évoluent vers des micro­démangeaisons. L’interlocuteur gratte des zones corporelles (visage, nuque, bras) lorsque l’inconfort apparaît. Il est alors judicieux d’essayer de clarifier les raisons du trouble occasionné en réorientant la discussion. Il convient de se garder d’interpréter des signes isolés et de bien prendre en compte l’ensemble de la communication à ce moment, verbale en particulier (accélération du débit, hésitations, etc.).

LE DÉCODAGE DU VISAGE

L’homme dispose de plus de 400 expressions faciales, qui font du visage un vecteur essentiel de notre communication non verbale. Cependant, de par sa proximité avec le cerveau, le visage est l’élément du langage non verbal le plus aisément modulable : comme le soulignent de nombreux chercheurs, il s’agit du « meilleur menteur non verbal ».

Les mimiques faciales nous permettent de ressentir, la plupart du temps, l’impact de notre communication sur autrui. Ainsi, lorsque nos propos sont peu clairs (trop techniques, trop rapides), le froncement de sourcils et le visage qui se tend vers nous pour chercher à mieux comprendre sont facilement repérés. À l’inverse, il est possible de déceler des expressions d’adhésion à nos propos avec les hochements de tête, l’ouverture du visage qui esquisse un sourire.

L’abord de l’autre avec le sourire, qui modifie aussi notre communication paraverbale (même au téléphone, le sourire s’entend !), est un préalable à la négociation sereine.

La congruence des mimiques favorise l’ouverture de l’autre, qui se présente visage fermé et à qui vous affichez un visage ouvert. Il y a toutefois sourire et sourire… Le sourire franc, qui découvre le maxillaire supérieur et implique l’étage oculaire, est plus efficace que celui qui est figé, “commercial”.

La posture en contraction (soumission)

→ Mains ouvertes vers l’interlocuteur (« j’ai les mains vides, je ne suis pas dangereux ») ou qui se recouvrent

→ Inclinaison du corps : le dos se courbe pour se faire plus petit

→ Tête rentrée dans les épaules ou inclinée (qui rappelle les postures de soumission des carnivores)

→ Pointes de pied rapprochées

→ En position assise : le corps se tasse, mains sur les cuisses, dos voûté, épaules rentrées, pieds repliés sous la chaise

→ En position debout : recul du corps, chevilles qui se croisent, ou jambe qui s’enroule autour de l’autre

La posture en extension (domination)

→ Mains sur les hanches

→ Menton relevé

→ Thorax gonflé

→ Épaules en arrière

→ Jambes non jointes (les pieds joints font référence au garde-à-vous, posture de soumission)

→ Une jambe reste avancée

→ La posture en recul (attitude de rejet)

→ Interlocuteur qui se tourne légèrement de profil.

→ Détournement de la tête et du regard sans revenir vers l’interlocuteur (signe qu’il cherche à couper le contact).

→ Détournement de la tête, mais pas du regard : il adopte une posture du retors, mieux vaut se méfier !

→ S’il est assis : poing sous le menton avec, soit un croisement des jambes (refus fort, se ferme), soit un positionnement des pieds en arrière sous sa chaise (recul, il ne s’agit pas d’un rejet actif).

→ Croisement de bras : marque la non-participation

La posture en approche (attitude de partage)

→ Bras ouverts

→ Regard direct, sans être agressif

→ Main ouverte, doigts détachés dans la direction de l’interlocuteur

→ Cou légèrement tendu, pour mieux écouter

→ En position assise : tête appuyée sur les mains (position de réflexion, d’écoute, la main empêche le maxillaire inférieur de bouger, donc de parler)

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