Tempête à la Société protectrice des animaux

L’éviction pour faute, cet automne, de 2 bénévoles du refuge de la SPA de Villeneuve-lès-Maguelonne (Hérault) a gravement perturbé « la symbiose entre les professionnels et la SPA qui s’était instaurée après des années d’efforts mutuels », déplore Guy Deldem. Ce vétérinaire vice-président de la SPA, chargé du mandat sanitaire (délégué départemental du SNVEL), a été un artisan de cette évolution, avec l’ancienne présidente et porte-parole de la SPA.

Le forum Internet (zoomeries.fr), créé après cette éviction par des bénévoles qui s’estimaient peu entendus, a fait le buzz sur des accusations telles que : dictature présumée de la direction, gestion financière opaque, politique incompréhensible des euthanasies, objectif “adoptions” négligé, et surtout place trop grande accordée aux vétérinaires, son coût pour la SPA, les conflits d’intérêts supposés, etc.

Une SPA pourtant “modèle” quant aux liens tissés avec la profession

La SPA de Villeneuve-lès-Maguelonne passe pourtant pour l’une des rares, en France, à travailler « main dans la main » avec la profession vétérinaire dans son ensemble. Depuis plusieurs années, en effet, 26 praticiens de 15 cliniques assurent des vacations au refuge. Auparavant, seules 2 intervenaient dans cette SPA où le conseil d’administration compte désormais 6 praticiens sur 23 membres. « Une SPA sans vétérinaires, c’est un mouroir. Le plus souvent, les SPA fonctionnent avec 1 ou 2 praticiens salariés et les confrères sont tenus éloignés », explique Vincent Cerclet, président du conseil d’administration. « Les conflits entre la profession vétérinaire et les refuges SPA sont fréquents, mais nous avions trouvé ici un mode de fonctionnement plutôt inédit », rappelle-t-il. Fonctionnement qui s’appuie sur l’association Vétérinaires pour tous. « Les praticiens qui interviennent à la SPA sont membres de VPT », rappelle Magali Lecou-Sauvaire, vétérinaire présidente de l’association. Les relations entre refuge et professionnels ont ainsi permis la mise en place d’une vraie médecine dans une structure qui dispose d’un plateau chirurgical pour réaliser des stérilisations et autres petites interventions. Ce sont aussi des adhérents de VPT (entre 70 et 90) qui prennent en charge, gratuitement, le contrôle des animaux à leur sortie de la SPA.

Des frais vétérinaires réduits permis par un réseau de praticiens

Dans ce refuge d’une capacité de 500 places (300 chiens et 200 chats à l’année) qui a vu passer, en 2011, 2 768 animaux (2 014 chiens, 754 chats), les intervenants vétérinaires se partagent un peu moins de 150 vacations annuelles, soit 8 vacations médecine et 4 vacations chirurgie, par an et par structure. Le budget annuel est d’environ 80 000 € : 18 784 € pour les interventions au refuge, et 61 000€ pour les soins effectués à l’extérieur dans les cliniques partenaires (radiographies, échographies, examens complémentaires, opérations plus lourdes, hospitalisation, etc.). « Ces soins, chirurgie et orthopédie comprises, sont effectués avec 40 % de remise, les vacations à la SPA représentant pour les praticiens 0,1 % de leur chiffre d’affaires », rappelle Vincent Cerclet. « Depuis que nous gérons nous-mêmes la pharmacie, le coût a été divisé par 2 », ajoute-t-il. Au final, ce fonctionnement à la vacation serait financièrement équivalent au salaire, charges comprises, d’un vétérinaire attitré d’une SPA. « Sachant qu’un seul ne peut suffire pour une telle structure », observe Magali Lecou-Sauvaire.

Les vétérinaires attaqués sur leur politique d’euthanasie

La profession a par ailleurs été attaquée par les bénévoles sur sa politique “euthanasie” jugée excessive et injustifiée. Vincent Cerclet balaie l’argument : « L’équipe a refusé la gestion du manque de place par un tel moyen. Lorsque l’agglomération a lancé son appel d’offres pour la gestion de la fourrière, c’est justement le travail collégial instauré qui a fait pencher la balance en faveur de la SPA, face à la Sacpa¹. Le choix a été plus éthique qu’économique. » Le taux d’euthanasie des chiens a plafonné l’an dernier à 4,52 %, alors que dans certaines fourrières privées de la région, il peut atteindre 50 %. « Les bénévoles n’ont pas toujours conscience de la responsabilité civile et pénale d’une SPA en matière d’adoption d’animaux et pensent pouvoir agir indépendamment des lois et des règles associatives », souligne Magali Lecou-Sauvaire. « C’est le côté émotionnel, donc pas très rationnel, qui l’emporte, comme dans toutes les associations animales où il y a des bénévoles. Certains sont persuadés que les chiens qu’ils baladent sont incapables d’agresser un enfant », ajoute-t-elle. À la dernière assemblée générale, censée provoquer un “putsch”, les adhérents ont reconduit à leur poste tous les sortants, dont le vétérinaire président. La SPA, elle, a déposé plainte pour diffamation, à l’encontre des bénévoles “mutins”.

• 1 Service pour l’assistance et le contrôle du peuplement animal, fourrière privée.