420 vétérinaires sentinelles ont rejoint le Respe

L’assemblée générale¹ du Respe a mis en évidence une actualité riche et un fort engagement de toute la filière dans ce réseau, dont l’intérêt est reconnu par tous les acteurs. Pourtant, celui-ci serait-il parfois victime de son succès ? Alors que ce système est envié à l’étranger et que d’autres pays envisagent une déclinaison de ce modèle, la pérennité financière du Respe n’est pas encore totalement assurée. En outre, la plate-forme d’épidémiosurveillance, en cours de traduction en décret, ne met pas en application concrète le réseau (le Respe n’est d’ailleurs pas intégré au Cnopsav² en cours de construction). Pourtant, le Respe avait été invité à plusieurs reprises aux États généraux du sanitaire. « À toutes les étapes, tous les milieux socioprofessionnels de toutes les espèces ont reconnu le Respe comme un exemple de réseau qui fonctionne bien, lors des États généraux du sanitaire, témoigne son président Jean-Yves Gauchot. L’objectif du Respe est de faire acte de candidature pour être OVS (organisme à vocation sanitaire) dans les prochains mois et OVT (organisme à vocation technique) ? pour les vétérinaires. »

En outre, le Respe mène aussi un travail en collaboration avec l’Anses afin d’identifier les grands syndromes qui devront être classés en 3 catégories, déterminées selon la gravité du risque qu’ils représentent en termes de dangers sanitaires. La place du réseau dans le paysage sanitaire français n’est donc plus à démontrer.

La question du financement

Néanmoins, la question du financement du Respe est aujourd’hui cruciale. « Nous ne pouvons pas envisager une évolution sereine du Respe sans trouver un financement à la base », estime Jean-Yves Gauchot Le Fonds Eperon³, qui participe à certains projets de la filière, a demandé au Respe « de réunir l’ensemble des acteurs de celle-ci pour voir où une taxe pourrait être dégagée, afin d’aider au financement du réseau ».

Le couple vétérinaire sentinelle et socioprofessionnel est aussi lié à la possibilité d’effectuer des analyses. L’enveloppe budgétaire dédiée est limitée, alors que le nombre de déclarations et de vétérinaires sentinelles augmente.« Si nous n’y consacrons pas des moyens, le système ne pourra pas fonctionner », renchérit notre confrère François Valon.

« 2 grands demandeurs ont un intérêt transversal sur l’ensemble de la filière : l’équarrissage et le Respe, poursuit Jean-Yves Gauchot. D’ici à la fin de l’année vont s’organiser, au travers des organismes décisionnaires de la filière, ces flux financiers via une taxe. » L’ensemble des acteurs s’accordent à reconnaître l’importance des fonds à trouver, pour ce réseau qui bénéficie à tous les acteurs de la filière.

Un bilan positif

Le bilan de l’année 2011 a été globalement positif, ainsi que l’a expliqué notre consœur Christel Marcillaud-Pitel, directrice du Respe. Il montre une augmentation du nombre de déclarations dans les différents sous-réseaux, de vétérinaires sentinelles (420 à ce jour versus moins de 300 l’an passé), ainsi que d’alertes et d’informations diffusées tout au long de l’année. Plusieurs événements d’ordre sanitaire ont d’ailleurs ponctué l’année 2011. Parmi eux, un foyer de grippe avec des mortalités de poulains, un épisode d’artérite virale dans le sud de la France et un autre de grippe en décembre.

2011 a également vu le lancement de l’outil Vigirespe, qui comporte 2 volets, dont l’un est destiné aux socioprofessionnels. « Aujourd’hui, nous sommes en phase pilote, explique Christel Marcillaud-Pitel. Nous nous sommes limités à la Basse-Normandie et au syndrome respiratoire aigu. » En juillet, le système sera étendu à l’ensemble de la France. Le second volet, consultatif, offre la possibilité de disposer d’un accès à l’état sanitaire d’une zone donnée.

L’expertise au rendez-vous normand des jeux équestres mondiaux

Notre consœur Anne Couroucé-Malblanc a pris les rênes du conseil scientifique et technique du Respe depuis plusieurs mois. En effet, ce dernier est un vivier potentiel d’études, en raison de la richesse des informations et des données dont il est susceptible de disposer. Une première journée des vétérinaires sentinelles et socioprofessionnels est programmée en novembre prochain. Concernant ses perspectives pour 2012 à 2014, le réseau entend développer Vigirespe et soutenir les jeux équestres mondiaux, qui auront lieu en Normandie en 2014. Une convention est en cours entre le Respe et le groupement d’intérêt public qui gère l’événement. Elle vise à faire intervenir le Respe en tant qu’expert sanitaire lors des jeux équestres. Un enjeu de taille qui s’appuie sur l’expertise du réseau.

• 1 Le 30 mars dernier à Paris.

• 2 Conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale. Voir en pages 14 et 15 de ce numéro.

• 3 Fonds d’encouragement aux projets équestres régionaux ou nationaux.