Un rationnement qualitatif pourrait concilier production, reproduction et bien-être - La Semaine Vétérinaire n° 1489 du 30/03/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1489 du 30/03/2012

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : PASCAL FROMENT*, LORENZA RICHARD**

Fonctions :
*Inra, UMR 85, Nouzilly (Indre-et-Loire). Article rédigé d’après la conférence présentée lors des 9es journées de la recherche avicole à Tours en mars dernier.

POINTS FORTS

– L’influence de la nutrition est importante sur la fonction de reproduction des poulets.

– Une restriction alimentaire dès l’âge de 2 à 3 semaines retarde l’âge de la puberté chez les animaux des 2 sexes et a un effet positif sur le taux de ponte.

EFFETS NÉGATIFS DE LA SURALIMENTATION

Le surpoids et l’engraissement des volailles de chair ont des effets négatifs sur la fertilité. La sélection de lignées à croissance rapide (poids de 2 kg atteint en 100 jours en 1950, en 35 jours en 2007) s’accompagne d’une précocité sexuelle des mâles. La production de spermatozoïdes apparaît dès l’âge de 12 semaines, tandis que la régression testiculaire commence dès 43 à 45 semaines. Or, la période de ponte (entre 24 et 65 semaines) est décalée et les mâles doivent être remplacés. De même, alors que la production d’œufs nécessite beaucoup d’énergie, une suralimentation induit une suractivité ovarienne, mais diminue la production d’ovocytes fonctionnels, par une plus grande proportion d’œufs anormaux (mous, à jaune double, etc.). À l’inverse, une restriction alimentaire dès l’âge de 2 à 3 semaines retarde l’âge de la puberté chez les 2 sexes et a un impact positif sur le taux de ponte. Elle optimise, en effet, le nombre d’œufs pondus et allonge la durée de la période fertile des 2 sexes. Elle a toutefois une incidence négative sur le comportement (augmentation de la consommation d’eau, hyperactivité, agressivité et picage).

MÉCANISMES EN JEU

Le système hypothalamo-hypophysaire entre en jeu dans les modifications induites par la nutrition sur les fonctions de reproduction. Les métabolites et les hormones font office de signaux entre le bilan énergétique de la ration et l’axe gonadotrope.

→ Les hormones qui ralentissent la prise alimentaire sont des stimulants de la fonction de reproduction. Chez les femelles, la sécrétion d’hormone de croissance et d’IGF1 augmente lors d’un rationnement, ce qui accroît leur action sur l’ovaire et sur la production de GnRH (gonadolibérine). La ghréline, une hormone secrétée par le tube digestif, inhibe la prise alimentaire et régule la fonction ovarienne. L’injection de leptine-like (hormone secrétée par le tissu adipeux qui induit la satiété) stimule la folliculogenèse.

→ Les nutriments (glucose, acides gras, acides aminés) jouent un rôle important. Un régime riche en acides gras augmente le volume de l’œuf. Un enrichissement en acides gras polyinsaturés ω3 améliore la qualité de la semence du mâle. Les régimes riches en protéines accroissent le taux de ponte. Cependant, un excès peut se révéler néfaste et réduit la fertilité des femelles et des mâles. Une réduction de ce taux retarde la maturité sexuelle. De plus, l’apport de protéines via des tourteaux de soja peut également augmenter celui de phyto-œstrogènes (isoflavones). Ces isoflavones ont un rôle négatif sur la fertilité chez les ovins, le guépard et la souris. En revanche, ils n’auraient pas d’effet in vivo chez le coq et améliorent le taux de ponte et la qualité de la coquille des œufs. Ces résultats sont toutefois à modérer, car ils dépendent de la température, du pH, etc.

VOIES ALTERNATIVES AU RATIONNEMENT QUANTITATIF

Ainsi, la restriction en protéines est à limiter et le rationnement énergétique à privilégier.

→ Le rationnement qualitatif est à l’étude, afin de limiter les problèmes de comportement liés à la restriction quantitative (baisse de l’apport énergétique et non protéique, sans diminuer les acides gras essentiels) et ainsi concilier production, reproduction et bien-être. La dilution de l’aliment avec des fibres est une voie proposée, car elle provoque une perte qui atteint jusqu’à 6 % du poids des animaux à 15 semaines.

→ La distribution de propionate de calcium, qui réduit l’appétit, est envisageable, mais ses résultats et ses effets toxiques sont difficiles à évaluer.

→ La sélection génétique est également une voie envisagée, car les interactions entre les hormones et la prise alimentaire s’expriment différemment selon le génotype (les concentrations en hormones thyroïdiennes sont, par exemple, différentes au stade embryonnaire entre les lignées “ponte” et “chair”).

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