Les examens complémentaires chez le furet - La Semaine Vétérinaire n° 1489 du 30/03/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1489 du 30/03/2012

Formation

NAC

Auteur(s) : JEAN-FRANÇOIS QUINTON*, TANIT HALFON**

Fonctions :
*Praticien à la clinique Advetia, Paris. Article rédigé d’après une conférence organisée par l’Afvac Île-de-France en janvier 2012.

POINTS FORTS

– La formule sanguine du furet présente des particularités par rapport au chien et au chat, de même que les images radiographiques normales.

– Une anémie iatrogène, non pathologique, est observée lors d’anesthésie gazeuse. Les anémies pathologiques sont, par ailleurs, fréquentes.

– L’hypoglycémie est la modification biochimique la plus courante.

– L’échographie est incontournable chez le furet.

Le vétérinaire dispose d’une multitude d’examens complémentaires chez le furet. Ces différents outils disponibles et leur mode d’utilisation sont à connaître.

EXAMENS DISPONIBLES

Numération formule sanguine

La formule sanguine du furet (voir tableau 1) comporte quelques particularités à retenir par rapport au chien et au chat. L’hématocrite est plus élevé, ainsi que le nombre d’érythrocytes et de réticulocytes. Celui de leucocytes est plus faible, mais les lymphocytes sont plus nombreux.

Au cours de l’anesthésie gazeuse, susceptible d’être nécessaire pour un prélèvement sanguin, les globules rouges sont séquestrés dans la rate, ce qui induit fréquemment une anémie. Chez le furet, les causes pathologiques de ce trouble sont les maladies inflammatoires et infectieuses chroniques, digestives en particulier, la maladie surrénalienne, l’hyperœstrogénisme, les néoplasies et l’intoxication aux métaux lourds. Par ailleurs, en cas de lymphome, la formule sanguine est très peu modifiée.

Biochimie

Les paramètres biochimiques usuels sont ici détaillés (voir tableau 2). Chez le furet, la valeur basale des Alat est plus élevée que celle des carnivores domestiques. Elle constitue un bon marqueur de la fonction hépatique. Sa hausse est souvent corrélée à une cholangiohépatite chronique. Au contraire, la valeur de la créatinine est plus basse. Si cette dernière est importante, la fonction rénale est à explorer via le dosage du phosphore, du calcium et du potassium. Une hyperphosphorémie, une hypocalcémie et une hyperkaliémie traduisent une insuffisance rénale. Cette dernière intervient lors de pyélonéphrite, de globe vésical (calcul ou hypertrophie prostatique associée à la maladie surrénalienne), de lymphome, de polykystose rénale ou de maladie aléoutienne. L’hypoglycémie, la modification la plus fréquemment rencontrée chez le furet, est généralement associée à un insulinome. Face à une suspicion d’insulinome, il convient de répéter les mesures de glycémie plusieurs fois au cours de la journée.

Échographie

En raison de ses nombreuses indications, l’échographie est l’examen de choix chez le furet. L’échographie abdominale, en particulier, permet l’exploration de nombreux organes impliqués dans les affections le plus souvent rencontrées : les glandes surrénales (maladie surrénalienne), l’appareil génital (leiomyo­sarcome utérin), le pancréas (insulinome), le foie (cholangiohépatite chronique), les intestins (corps étranger, ulcère, gastrite), les ganglions mésentériques (néoplasies).

Radiographie

Cet examen nécessite le plus souvent une anesthésie “éclair” pour obtenir des images interprétables.

Sur une radiographie thoracique normale, le thorax du furet est allongé. Le cœur est globoïde, avec un ventricule droit important. Il peut apparaître décollé du sternum. Ce phénomène, physiologique, ne signe pas un pneumothorax comme chez les carnivores domestiques. Un amas graisseux est parfois présent, caudalement au cœur, jusqu’à la coupole diaphragmatique.

Les organes abdominaux du furet ont tous la même densité radiographique et les os présentent un faible degré de minéralisation, ce qui induit un mauvais contraste. Il convient donc d’utiliser un faible voltage, avec des cassettes à écrans lents. Dans une radiographie abdominale normale, les gaz intestinaux sont peu visibles. Les reins sont petits (environ la longueur de 2 vertèbres lombaires) ; le gauche est situé de L3 à L4 et le droit au niveau de L2 et L3. Une splénomégalie physiologique est notée lors d’anesthésie gazeuse.

Cytologie et histologie

La cytologie est susceptible de concerner les organes externes (la peau dans le cadre de la suspicion d’un lymphome, par exemple) et internes (épanchement, tout organe).

Sérologie, PCR et électrophorèse des protéines

La sérologie se révèle utile dans le cadre d’une suspicion de maladie de Carré ou aléoutienne. La polymerase chain reaction (PCR) est disponible pour les virus des maladies de Carré et aléoutienne, pour le coronavirus responsable d’une entérite catarrhale épizootique et du syndrome inflammatoire granulomateux systémique, et pour les mycobactéries non spécifiques. Il importe de demander une PCR “coronavirus” et “mycobactérie” pour les prélèvements de ganglions mésentériques hypertrophiés. L’électrophorèse des protéines est intéressante dans le cadre de la suspicion d’une maladie aléoutienne. Une gammapathie polyclonale y est effectivement associée.

Cultures

Elles sont particulièrement intéressantes pour les urines, le liquide d’épanchement pleural, la bile (cholangiohépatite fréquente) et le liquide d’aspiration d’un lavage broncho­alvéolaire.

Endoscopie digestive

Elle est indispensable pour le diagnostic et le suivi des œsophagites, des gastrites et des ulcères gastriques, courants chez le furet.

Scanner et imagerie par résonance magnétique

L’indication la plus fréquente de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) est l’exploration de l’encéphale lors d’atteinte centrale (toxoplasmose, maladie de Carré, etc.). Le scanner permet, quant à lui, l’exploration de l’oreille moyenne et interne lors de syndrome vestibulaire, des cavités nasales lors de rhinite chronique et du trajet de la moelle épinière.

Ponction de liquide céphalo-rachidien

La présence de protéines dans le liquide céphalo-rachidien signe la présence d’une inflammation. Des globules rouges mettent seulement en évidence une contamination lors du prélèvement. La présence de neutrophiles fait suspecter une méningo-encéphalite bactérienne. Les lymphocytes traduisent une atteinte virale ou dysimmunitaire (encéphalite granulomateuse). Le diagnostic le plus fiable de la maladie de Carré ou de la toxoplasmose s’établit via une sérologie ou une PCR du liquide céphalo-rachidien.

APPLICATIONS CLINIQUES

Comme pour les carnivores domestiques, les observations cliniques orientent le choix des examens les plus pertinents à réaliser afin d’aboutir à un diagnostic. Voici quelques situations cliniques souvent rencontrées chez le furet.

Toux chronique

Une radiographie thoracique et, si besoin, une culture bactériologique sur le liquide de lavage bronchoalvéolaire sont indiquées. Même si une toux chronique est fréquemment d’origine cardiaque ou pulmonaire, il importe de ne pas passer à côté d’une toux de reflux associée à une œsophagite.

Crises convulsives

Une biochimie et une échographie abdominale sont préconisées en première intention, car l’insulinome est courant chez le furet. Si tout est normal, il convient de procéder à un examen d’imagerie médicale poussé de type scanner ou IRM afin d’explorer l’encéphale, ainsi qu’à une ponction du liquide céphalo-rachidien (recherche du virus de la maladie de Carré, par exemple).

Vomissements et régurgitations

Un bilan biochimique, une radiographie et une échographie abdominales ainsi qu’une fibroscopie peuvent être indiqués. Le mégaœsophage est fréquent chez le furet : une radiographie avec une préparation permet de conclure. Attention, il importe d’effectuer la radiographie dans les secondes qui suivent l’ingestion de la baryte.

Prurit et alopécie

Les premiers examens à réaliser sont une cytologie et un raclage. Le prurit est un signe d’appel de la maladie surrénalienne.

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