Le Cirad sur le pied de guerre - La Semaine Vétérinaire n° 1489 du 30/03/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1489 du 30/03/2012

Virus Schmallenberg

Dossier

ENTRETIEN

Auteur(s) : MYRIEM LAHIDELY

Thomas Balenghien fait le point sur l’avancée des recherches concernant le virus Schmallenberg, découvert en Allemagne fin 2011 dans des cheptels ovins, bovins ou caprins.

Connaît-on le vecteur de ce virus ?

Le virus Schmallenberg est très proche de ceux qui se transmettent par les Culicoides, et sa zone de présence actuelle ressemble à ce que l’on a connu avec le virus de la fièvre catarrhale ovine (FCO). Nous n’avons aucune idée de sa provenance. Nous ne savons pas encore s’il est apparu localement de façon spontanée, ou s’il vient d’ailleurs. En tout cas, il n’est pas de la même famille que le virus de la FCO, puisque ce dernier est un Reoviridae. Côté Schmallenberg, il s’agit d’un Bunyaviridae.

De quels moyens dispose-t-on pour identifier ce virus ?

Les Allemands, qui l’ont découvert, ont mis au point un test par polymerase chain reaction (PCR), utilisé actuellement par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Ce test virologique met en évidence la présence du virus par amplification du génome, à partir de prélèvements de sang, de cerveau ou de rate chez des avortons et des nouveau-nés qui présentent des malformations. Cet outil, le seul disponible pour le moment, ne permet toutefois pas d’identifier les animaux atteints les semaines ni les mois précédents, étant donné la durée très courte de la virémie (à peine quelques jours). Nous sommes de ce fait incapables, à l’heure actuelle, d’avoir une image précise de la répartition et de l’importance de la maladie.

Le Cirad met-il aussi un outil au point ?

Nous souhaitons élaborer un diagnostic sérologique pour mettre en évidence, par immunofluorescence, la présence d’anticorps, ce qui permettra d’identifier les animaux atteints quelle que soit la date de l’infection. Cette action, proposée dans le cadre du Réseau français pour la santé animale (RFSA), sera mise en place dès que possible. Le test pourra servir à déterminer exactement combien d’exploitations sont concernées, le nombre de mal­formations, la proportion d’animaux touchés, etc. L’équipe de virologie du Cirad est en contact avec l’institut allemand Friedrich Loeffler pour des échanges de matériel biologique.

Y a-t-il d’autres outils prévus ?

Dans le cadre de la FCO, le Cirad, qui fait partie du comité de pilotage du RFSA, travaille depuis plusieurs années sur les vecteurs, c’est-à-dire les Culicoides, avec comme partenaires l’EID-Méditerranée et l’Institut de pathologie et parasitologie tropicale de Strasbourg (IPPTS). Nous avons proposé plusieurs recherches au réseau, entre autres pour confirmer le rôle de vecteur des Culicoides. Nous avons déjà décrit les modes de contact entre les vecteurs et les hôtes, leurs heures d’activité dans la journée, le type d’hôtes qu’ils sont capables de piquer, etc. Une thèse est en cours à l’EID sur la sensibilité des Culicoides aux produits chimiques susceptibles de les détruire. Nous avons également testé des molécules comme la deltaméthrine et projetons d’en tester d’autres. Nous menons en outre des études en taxonomie et en systématique qui nous permettront de mieux identifier les espèces de Culicoides (plus de 80 en France), dont certaines sont difficiles à distinguer morphologiquement.

Sait-on jusqu’où le virus s’est répandu en France ?

Le ministère de l’Agriculture et l’Anses sont en train de dresser la liste des élevages infectés l’été dernier et cet automne. La zone géographique sur laquelle le virus a diffusé est déjà impressionnante. Début janvier, 2 premiers foyers ont été confirmés et 1 mois plus tard, ils sont 52, dans 14 départements du Nord et de l’Est. Avec le retour du beau temps, la transmission va reprendre.

Doit-on s’inquiéter ?

Nous avons en tête l’expérience de la FCO qui s’est répandue, en 2008, à des niveaux très importants dans tous les élevages français. 30 000 élevages ont été infectés, avec les conséquences sanitaires et les problèmes à l’exportation que l’on connaît. Dans le cas du Schmallenberg, nous ne disposons d’aucun vaccin pour traiter les cheptels, aucune mesure n’est prise à l’exportation. Il faut attendre de voir, dans les mois qui viennent, si cette maladie est ou non réglementée. La décision des autorités dépendra, bien entendu, de l’importance de l’épidémie et de ses conséquences au niveau européen.

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