Le point sur l’hyperthyroïdie du cobaye, les maladies émergentes du furet, etc.

Le professeur Lumeij, de la faculté de médecine vétérinaire d’Utrecht, a présenté une conférence sur la médecine factuelle. Il a rappelé la nécessité, pour chaque praticien, de rester critique vis-à-vis des résultats cliniques obtenus, de ne pas tendre à les généraliser sans démonstration scientifique de leur bien-fondé, y compris chez les NAC, qui ont longtemps souffert d’une médecine empirique.

La clientèle NAC connaît des spécificités

La conférence intitulée « Segmentation et typologie de la clientèle NAC », présentée par Cyril Chovet, praticien à la clinique Caduvet de Lille (Nord), était l’unique présentation relative au rôle de chef d’entreprise du vétérinaire¹. Notre confrère a souligné la surreprésentation des femmes dans les clientèles NAC et le fort attachement observé chez ces propriétaires. Un type de client régulièrement rencontré parmi les détenteurs de NAC est le “collectionneur”, un amateur éclairé qui possède des oiseaux ou des reptiles de grande valeur marchande, mais pour lequel l’attachement à l’animal est négligeable. Mieux connaître sa clientèle et comprendre ses besoins permet d’éviter les malentendus et de perdre du temps. Cet aspect est d’autant plus important dans une clientèle NAC que le profil des propriétaires et leur attachement à l’animal sont variés.

Ne pas négliger l’hyperthyroïdie chez le cobaye

Cette affection se retrouverait chez 4,6 % des cobayes autopsiés. Malgré cela, les descriptions cliniques de cette dysendocrinie sont rares. Charly Pignon, chargé de consultations NAC à l’ENVA, et Joerg Mayer, professeur à l’université de Georgie (États-Unis), s’intéressent à cette affection depuis quelques années et en ont décrit le tableau clinique. Caractérisée par un amaigrissement chronique chez un animal actif qui s’alimente normalement, l’hyperthyroïdie est susceptible de s’accompagner de signes non spécifiques (polyuro-polydipsie, fèces molles). Une masse située à la base du cou peut être palpée. L’hyperthyroïdie du cobaye peut être traitée médicalement (les conférenciers utilisent le méthimazole, mais aucune donnée pharmacocinétique n’est disponible) ou à l’aide d’iode radioactif². Le traitement chirurgical, possible, n’est pas recommandé.

Maladies émergentes du furet

Alexandra Nicolier (laboratoire Vet Diagnostics, à Lyon) et Samuel Sauvaget (praticien à la clinique Mermoz, à Lyon) ont évoqué la coronavirose systémique et les difficultés de son diagnostic. Cette maladie émergente, dont les premiers cas sont décrits aux États-Unis et en Espagne à partir de 2003, affecte des animaux jeunes (moins de 18 mois) et entraîne la mort après quelques mois d’évolution. Les symptômes sont non spécifiques : anorexie, troubles digestifs, respiratoires ou nerveux. Des masses abdominales sont régulièrement mises en évidence. Les cytoponctions sont souvent décevantes, car elles ne permettent pas de différencier avec certitude la coronavirose systémique des autres causes d’adénomégalie (lymphome, mycobactériose, réaction inflammatoire non spécifique). L’histologie met en évidence des lésions pyogranulomateuses. Une vascularite neutrophilique est en faveur de cette affection. Le diagnostic de certitude repose sur les marquages immunohistochimiques (non disponibles en France).

Une autre affection émergente, causée par Chryseomonas luteola et qui déclenche des médiastinites et des broncho-pneumonies chez le furet, était présentée par Karin Lemberger (laboratoire d’anatomie-pathologique Vet Diagnostics) et Minh Huynh (résident de l’European College of Zoological Medicine et praticien au CHV Frégis). Cette bactérie à Gram négatif est fréquemment mise en évidence dans l’eau, le sol et les environnements humides. Elle est à l’origine d’affections nosocomiales chez l’homme et entraîne des maladies chez les patients immunodéprimés. Les 4 premiers cas décrits en France sont des atteintes isolées chez des furets hébergés chez des particuliers. Il est probable que ces animaux aient souffert d’une maladie intercurrente, à l’origine d’une immunodépression facilitant l’infection par Chryseomonas luteola.

L’otite interne chez le lapin probablement surdiagnostiquée

Emmanuel Risi (praticien au CHV Atlantia, à Nantes) a rappelé que le syndrome vestibulaire du lapin est provoqué par des affections variées, l’otite interne étant présente moins souvent que présumé. Un phénomène vérifiable lorsque le recours à l’imagerie est permis par les propriétaires. En effet, plus de 80 % des lapins pour lesquels un examen tomodensitométrique est effectué lors de syndrome vestibulaire ne présentent pas de lésion au niveau des bulles tympaniques (otite moyenne).

• 1 Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1398 du 26/3/2010, p. 50-51.

• 2 Traitement réalisable au Chuva.