La composition de la ration alimentaire influence le niveau d’excrétion de soufre

La composition en soufre (S) des régimes alimentaires a une influence marquée sur le niveau d’excrétion de cet élément par les porcs. C’est la conclusion d’une étude, dont les résultats ont été présentés par Pascal Peu, de l’Irstea¹ de Rennes (Ille-et-Vilaine) lors des 44^es journées de la recherche porcine, qui se sont déroulées à Paris, le 7 février dernier.

IMPACT DE LA PRÉSENCE DE SOUFRE DANS LES LISIERS

L’intérêt de ce résultat est d’ordre pratique, en raison de la corrélation qui existe entre les odeurs émises par les lisiers stockés et l’émission de composés soufrés (hydrogène sulfuré H₂S, méthylmercaptans, diméthylsulfure, diméthyldisulfure, disulfure de carbone et carbonylsulfure, etc.). De plus, certains de ces composés sont toxiques, comme l’H₂S, dont l’absorption par inhalation peut être mortelle, notamment lors de l’agitation du lisier avant l’épandage. Le but de cette étude est de comparer les flux de rétention et d’excrétion urinaire et fécale du soufre. Ces paramètres sont mesurés chez des mâles castrés alimentés avec 11 régimes expérimentaux à teneurs variables en soufre.

VARIATION DE L’EXCRÉTION SELON LA TENEUR EN PROTÉINES

Les protéines constituent le principal apport de soufre alimentaire, par leur composition en acides aminés soufrés (AAS, méthionine et cystine principalement). Toutefois, certaines matières premières, comme les sous-produits issus de transformations industrielles, sont également riches en soufre minéral (sulfates, sulfures, etc.). Les bases de données Inra-AFZ (2004) donnent les teneurs en soufre total de 76 matières premières utilisées pour la formulation des aliments distribués aux porcs. Elles varient entre 0,8 et 15,3 g S/kg MS². Le régime de base distribué aux animaux de l’étude est constitué de blé et de tourteau de soja, remplacés en partie par des drèches de blé, du tourteau de colza et des pulpes de betteraves, plus riches en soufre, et qui apportent de 3,1 à 8,3 g de soufre par porc et par jour (g S/porc/j).

EXCRÉTION DE SULFATES ESSENTIELLEMENT

Quel que soit le régime alimentaire, la rétention du soufre (différence entre l’apport et l’excrétion urinaire et fécale) s’élève à 1,1 g S/porc/j. Sa digestibilité est de 79 % en moyenne. Ce phénomène suggère que l’apport de soufre protéique dépasse les besoins nécessaires. Tout le soufre ingéré, quelle que soit sa forme, qui excède la rétention est éliminé. Dans l’étude, l’excrétion varie entre 1,5 et 6,9 g S/porc/j, principalement par voie urinaire (73 %), car 55 % de l’apport sont retrouvés dans les urines et 20 % dans les fèces.

Les sulfates (SO₄^2-) représentent, dans tous les cas, 90 % de l’excrétion totale (100 % dans les urines et 50 % dans les fèces). Leur teneur dans les lisiers varie de 0,3 à 1,7 g/kg. Ils proviennent essentiellement de l’alimentation, car leur concentration dans l’eau distribuée est négligeable. Or, en conditions d’anaérobiose, ces derniers sont réduits par des bactéries sulfato-réductrices en H₂S. Ainsi, les régimes riches en protéines et/ou en sous-produits à forte teneur en soufre sont susceptibles de générer des effluents à l’origine d’émissions accrues d’H₂S en conditions d’anaérobiose.

• 1 Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture.

• 2 MS : matière sèche.