Les raisons d’une nécessaire évolution - La Semaine Vétérinaire n° 1487 du 16/03/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1487 du 16/03/2012

Missions d’inspection

Dossier

L’évolution des missions d’inspection est admise par tous comme une nécessité. Plusieurs facteurs sont en effet à prendre en compte.

Tout d’abord la mise en place de la RGPP, dont a découlé le non-remplacement de 1 fonctionnaire sur 2 (en moyenne) qui partent en retraite. En conséquence, la diminution des effectifs des vétérinaires officiels est inéluctable.

À cela s’ajoutent les changements intervenus dans l’élevage et les outils d’abattage, qui appellent une nécessaire adaptation au degré de conformité et à l’homogénéité de la mise à mort des animaux par lots.

Par ailleurs, la perception des risques sanitaires des viandes par le consommateur a évolué. La dernière étude Eurobaromètre n° 354 (« Food related riks »), publiée en novembre 2010, a permis de classer les dangers perçus par les consommateurs. En 5 ans, si l’affirmation d’un risque potentiel associé aux aliments est passée de 42 à 48 %, la question d’un déficit de maîtrise des risques sanitaires ou d’hygiène n’arrive qu’en 11e place, bien loin derrière les préoccupations sociétales, telles que les résidus de pesticides et d’antibiotiques, les polluants comme les métaux lourds, les organismes génétiquement modifiés, ou encore le clonage des animaux. Cela traduit une assez bonne confiance vis-à-vis des risques pathologiques via les personnels impliqués dans l’hygiène et la salubrité des viandes.

Une faible corrélation entre les saisies et la prévalence bactérienne

En outre, les avis de plusieurs scientifiques insistent sur le fait que l’inspection vétérinaire classique est de moins en moins adaptée à la détection des dangers microbiologiques préoccupants (Salmonella, E. coli O 157 : H7, Campylobacter, etc.) ou autres (résidus de pesticides, d’antibiotiques, etc.). Lors d’une conférence organisée par Animal société aliment (ASA)1, Catherine Magras (Oniris) a insisté sur le fait qu’aujourd’hui, les principaux dangers issus de viandes animales sont bactériens (E. coli shigatoxinogènes, Yersinia spp., Salmonella spp., Campylobacter en tête). Or, les observations épidémiologiques montrent une faible corrélation entre les taux de saisie et de prévalence bactérienne des carcasses. Cela indique que les indicateurs macroscopiques lésionnels sont faiblement associés à la prévention de zoonoses alimentaires bactériennes. La prévention de ces dernières est donc à compléter par d’autres indicateurs (données d’élevage et épidémiologiques, visite sanitaire, etc.), a-t-elle insisté. Catherine Magras avait souligné que le développement de référentiels des anomalies par espèces était une autre perspective d’amélioration de l’inspection. Si l’inspection macroscopique en abattoir reste un moyen privilégié en matière de santé animale et publique, les fondamentaux des actes d’inspection doivent évoluer, avait renchéri Pascale Gilli-Dunoyer (DGAL). Les dangers (bactériens, viraux, chimiques, etc.) ne sont plus nécessairement visibles sur la bête à l’abattoir, mais en rapport direct avec l’historique de l’animal, de l’élevage et de l’hygiène de fonctionnement de l’établissement. Aussi, les données issues de tous les acteurs concernés (éleveurs, vétérinaires sanitaires, services vétérinaires, exploitants d’abattoirs, mais aussi scientifiques) permettront d’adapter l’inspection aux risques suspectés.

Renforcement du mandat sanitaire pour l’inspection en élevage

Les conclusions des auteurs du rapport Blezat vont également dans ce sens. Ils s’étonnent, par ailleurs, que les filières viande, en amont, aient peu investi dans le domaine de l’analyse bactériologique et de résidus en comparaison avec les filières des ovoproduits ou des produits lactés.

Ils proposent, en outre, une synthèse de l’articulation entre les différentes phases de l’inspection (élevage, abattage) et l’analyse des denrées (voir schéma ci-dessus), qui permettra de mieux appréhender les priorités d’intervention de demain.

Ils concluent que l’inspection post-mortem, même si elle reste centrale, doit évoluer et se professionnaliser, et être moins exhaustive pour les animaux élevés par lot. De plus, le transfert de priorités doit s’effectuer vers :

→ l’inspection des bêtes vivantes, à l’abattoir (inspection ante-mortem) peu réalisée dans la pratique actuellement, mais aussi en élevage (renforcement du mandat sanitaire) ;

→ le contrôle et l’analyse de dangers non visibles, via des analyses microbiologiques et physico-chimiques rapides.

  • 1 Le 24 novembre 2011 à l’ENVA.

OBSERVATOIRE NATIONAL DES ABATTOIRS

Un récent arrêté1 a défini la composition, les missions et le mode de fonctionnement de l’observatoire des établissements d’abattage prévu à l’article D.654-8 du Code rural et de la pêche maritime, nommé « Observatoire national des abattoirs ». Ses missions sont les suivantes :

→ suivi de l’activité d’abattage en France, analyse des évolutions et de leurs conséquences ;

→ propositions d’orientations stratégiques en matière économique, sanitaire et technique ;

→ information et discussion des évolutions réglementaires et analyse de leurs conséquences ;

→ suivi des audits ;

→ expertise sur des questions d’ordre social, sociétal et éthique relatives à l’activité d’abattage ;

→ élaboration d’avis consultatifs en groupes de travail.

En plus de son président, le comité de pilotage comprend :

→ 9 représentants des pouvoirs publics ;

→ 16 représentants des secteurs agricoles et agro-alimentaires ;

→ 3 membres (1 représentant des collectivités locales propriétaires d’abattoirs ; 1 représentant des salariés des abattoirs publics et privés, 1 représentant des associations nationales de consommateurs) ;

→ des personnalités désignées en raison de leurs compétences particulières ou de leurs fonctions en tant que de besoin (s’agira-t-il de représentants d’organisation de protection animale, qui ne sont pas cités dans la liste ?)

1 Arrêté du 9/2/2012, paru au Journal officiel du 19/2/2012.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr