Élevage biologique : accélérer le rythme de reproduction des brebis n’est pas recommandé - La Semaine Vétérinaire n° 1485 du 02/03/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1485 du 02/03/2012

Formation

OVINS

Auteur(s) : SOPHIE PRACHE*, HERVE TOURNADRE**, LORENZA RICHARD***

Fonctions :
*Inra de Theix (Puy-de-Dôme). Article rédigé d’après la conférence présentée aux journées 3R les 7 et 8 décembre 2011 à Paris.

L’objectif du “plan agriculture biologique : horizon 2012” est de voir l’agriculture biologique (AB) représenter 6 % de la surface agricole utile française cette année. Sophie Prache et Hervé Tournadre, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Theix (Puy-de-Dôme), ont présenté les résultats d’expérimentations menées par la plate-forme de recherches en production ovine allaitante AB de l’Inra, afin de développer l’élevage ovin AB. L’association des observations en exploitations privées, des études en site expérimental et de la modélisation a permis de trouver des pistes performantes concernant la reproduction, la maîtrise du parasitisme et la qualité de la viande.

UN AGNELAGE PAR AN

Le résultat économique d’un élevage ovin dépend du nombre et du poids des agneaux produits par brebis (productivité pondérale) et du niveau des charges, qui sont essentiellement alimentaires. « Les études démontrent qu’en AB l’accélération des agnelages pour obtenir 3 mises bas sur 2 ans est moins avantageuse et plus contraignante qu’un agnelage par an », déclare Sophie Prache. En effet, avec 3 agnelages en 2 ans, la productivité par brebis n’est que faiblement augmentée, alors qu’elle s’accompagne d’une élévation importante de la consommation d’aliments concentrés. De plus, le surcoût des concentrés AB est de 60 % par rapport aux conventionnels, versus 10 % de plus-value des produits. Par ailleurs, les autres charges opérationnelles (frais vétérinaires et de gestion) sont augmentées. Au final, la marge brute par brebis est inférieure avec ce rythme.

Un seul agnelage par an est ainsi recommandé, et une réflexion sur la façon de l’optimiser a été menée. Une répartition de deux tiers des agnelages au printemps et un tiers à l’automne est conseillée pour augmenter l’autonomie alimentaire et diminuer les charges de nourriture. Au-delà de la répartition des mises bas, l’autonomie alimentaire peut être renforcée par une contribution importante des légumineuses dans les prairies.

MAÎTRISE DU PARASITISME

« L’objectif des recherches concernant l’élevage biologique est d’assurer la santé animale et le bien-être en préservant l’environnement et en assurant des conditions d’élevage naturelles », précise Sophie Prache. La plate-forme travaille sur la maîtrise durable du parasitisme. Pour cela, 3 voies sont envisagées :

→ lutter contre les parasites, en augmentant les capacités de résistance des animaux, notamment par la sélection génétique ;

→ éviter les parasites en réduisant le contact entre les hôtes et les éléments infestants, par exemple en diminuant la contamination des prairies (ne procéder qu’à un passage des brebis allaitantes et faire pâturer les agneaux après le sevrage sur des parcelles de fauche) ;

→ cibler les traitements sur les animaux les plus sensibles, dits aussi sentinelles, après leur détection sur des critères de santé (poids, diarrhée, coproscopies, etc.). Le traitement alternatif par du sainfoin, une légumineuse riche en tanins à propriétés anthelminthiques, est également étudié.

« Ces recherches intéressent aussi l’élevage conventionnel, en raison des résistances aux anthelminthiques », estime la chercheuse.

QUALITÉ DE LA VIANDE

Les consommateurs sont sensibles à la limitation des résidus dans la viande AB, qui découle de l’interdiction d’utiliser des produits chimiques et de la réduction des traitements sanitaires. De plus, le cahier des charges AB s’engage sur le pâturage des animaux, ce qui est favorable à la qualité nutritionnelle de la viande. Toutefois, celle de l’agneau d’herbe peut avoir une odeur plus prononcée et un gras de couverture moins ferme en élevage AB qu’en mode conventionnel. Cela est sans doute lié à la présence plus importante de légumineuses dans les prairies (trèfle blanc), à l’origine de la formation d’un composé aromatique, le scatole, qui se dépose dans le tissu adipeux. Les légumineuses étant essentiellement destinées à renforcer l’autonomie alimentaire de l’élevage, une complémentation des agneaux d’herbe avec des céréales ou du sainfoin pourrait réduire l’occurrence de ces défauts et avoir un effet positif sur la qualité de la viande.

« De façon générale, les systèmes en agriculture biologique sont des prototypes pour l’élevage de demain, aussi bien en termes économiques et réglementaires qu’au niveau du bien-être animal », conclut Sophie Prache.

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