Comédie rurale

Le cinéma français s’intéresse-t-il enfin au désarroi du monde de l’élevage ? Alors que Petit Paysan ¹ l’a abordé sur le mode du thriller mental, Normandie Nue s’y essaie avec les armes paradoxales de la légèreté. La nouvelle comédie sociale de Philippe Le Guay (Alceste à bicyclette) se construit sur l’insolite rencontre d’une communauté rurale du Perche avec un artiste conceptuel américain (inspiré de Spencer Tunick que ses photographies de foules humaines dénudées ont rendu célèbre). Alors qu’il se retrouve bloqué par un barrage routier dressé par les éleveurs normands (visant à alerter les médias sur leur précarisation alarmante), le photographe a soudain un déclic et propose à tout le village de poser pour lui dans un champ. La métaphore est éloquente mais l’idée est loin de susciter l’adhésion : « On était déjà à poil, on va pas se déshabiller en plus ! », ironise un éleveur. Seul à y voir une occasion inédite de montrer au monde entier la vérité de leur situation, le maire met alors toute son énergie à convaincre ses administrés. Mêlant acteurs professionnels et amateurs, le film suit à travers quelques figures locales les rebondissements de l’improbable projet. Entre justesse et caricature, les ressorts comiques et la tendresse du regard divertissent en nous chantant avec chaleur les mérites de la solidarité. Mais en perdant peu à peu de vue l’intensité de la crise agricole mise en avant au départ, la capacité du film à nous y sensibiliser réellement reste très incertaine.
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¹ Voir La Semaine Vétérinaire n° 1729 du 1^er/9/2017, page 55.

Normandie nue de Philippe Le Guay, avec François Cluzet, Toby Jones, François-Xavier Demaison, Grégory Gadebois, France, 1 h 45, en salles depuis le 10 janvier.