Prendre en compte l’immunité de troupeau dans les programmes de vaccination - La Semaine Vétérinaire n° 1732 du 23/09/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1732 du 23/09/2017

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : LORENZA RICHARD  

Bien que l’efficacité d’un vaccin soit souvent évaluée par la protection individuelle conférée et le bénéfice clinique, celle sur la réduction de la transmission des agents pathogènes entre animaux peut également être incluse dans les programmes de vaccination. La maîtrise des maladies infectieuses tient ainsi compte de l’impact de la vaccination sur la diffusion de l’agent pathogène à l’échelle du troupeau, par protection indirecte des individus non immunisés au contact de ceux qui le sont. Ce phénomène est appelé immunité de troupeau (herd immunity).

Réduction de la diffusion des agents pathogènes

L’impact épidémiologique des vaccins est quantifié en fonction du potentiel de transmission de l’agent infectieux (nombre de reproduction de base ou R0, qui correspond au nombre moyen d’individus infectés générés par un individu infectieux durant toute la durée de son excrétion, dans une population de grande taille et totalement sensible). Il est également déterminé en fonction de l’efficacité vaccinale sur la transmission, soit en réduisant la sensibilité des porcs à l’infection, soit en diminuant la transmission du pathogène, soit en accélérant son élimination chez l’animal. Il dépend enfin du taux de couverture vaccinale au sein du troupeau. La fraction critique de la population devant être immunisée est déterminée par la relation P0 = 1 – 1/R0. Ainsi, plus le R0 est élevé, plus le niveau de couverture requis pour éliminer l’agent pathogène est important.

Facteurs de variation et objectifs

Cet impact est déterminé par des études expérimentales et observationnelles (tableau), mais les essais sont peu nombreux et il manque des données pour plusieurs pathogènes. Comme beaucoup d’évaluations sont réalisées en conditions expérimentales, des différences peuvent être attendues en conditions de terrain, où la protection théorique conférée par les vaccins peut être dégradée par divers facteurs.

L’efficacité vaccinale sur la réduction de la transmission des pathogènes peut être réduite chez les porcelets vaccinés jeunes contre un pathogène enzootique de l’élevage, alors qu’ils ont des taux élevés d’anticorps maternels, chez les porcelets en phase virémique pour des agents pathogènes qui se transmettent de façon verticale (PCV21 ou SDRP2) ou encore lors d’existence de co-infections, de mauvaises conditions d’élevage ou d’altération de l’immunité par une contamination alimentaire aux mycotoxines. Il convient d’identifier spécifiquement les facteurs limitants, pour chaque élevage, afin d’adapter les protocoles vaccinaux.

Enfin, le schéma de vaccination est mis en place en fonction de l’objectif principal recherché (limiter la propagation chez les porcelets, chez les reproducteurs, à l’échelle du troupeau entier, etc.) et des conséquences sur la diffusion de l’agent pathogène à l’échelle de la population. Par exemple, la vaccination bande à bande pratiquée avant la mise bas assure une bonne immunité passive transmise aux porcelets, mais elle ne permet pas d’obtenir une homogénéité de l’immunité entre les bandes, et la couverture vaccinale à l’échelle de la population reste inférieure à 80 %. En revanche, un protocole de vaccination de masse (ou en blitz), qui consiste à réaliser une vaccination de rappel synchronisée dans le temps de tous les animaux, permet une meilleure couverture vaccinale de la population, mais elle engendre une plus grande hétérogénéité de l’immunité passive transmise aux porcelets. Les protocoles doivent ainsi être pensés en fonction des objectifs et de l’impact sur le troupeau, en considérant l’agent pathogène, les interactions entre pathogènes, la structure du troupeau, les pratiques d’élevage et la biosécurité.

1 Circovirus porcin de type 2.

2 Syndrome dysgénésique et respiratoire porcin.

Nicolas Rose Unité épidémiologie et bien-être du porc de l’Anses de Ploufragan (Côtes-d’Armor). Article rédigé d’après une présentation faite lors des 49 es journées de la recherche porcine à Paris, les 31 janvier et 1 er février 2017.

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