Des vétérinaires au secours des chiens de Tchernobyl

Le 26 avril 1986, dans l’ancienne République socialiste soviétique d’Ukraine, le réacteur 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explosait, forçant plus de 120 000 personnes vivant dans les environs à quitter précipitamment leurs habitations. Ils devaient emmener avec eux uniquement ce qu’ils pouvaient porter. Ainsi, des milliers d’animaux ont été abandonnés sur place. L’armée soviétique a, par la suite, reçu l’ordre de les tuer. Certains se sont cependant échappés dans les forêts avoisinantes et se sont reproduits au fil des ans.

Selon l’organisation non gouvernementale américaine Clean Futures Fund (CFF)¹, la centrale et la zone d’exclusion de 30 kilomètres qui l’entoure abriteraient aujourd’hui environ un millier de chiens errants et une centaine de chats, descendants de ces laissés-pour-compte. L’association, qui soutient les communautés touchées par des accidents industriels, a constaté que ces animaux souffrent de malnutrition et sont exposés à la rage à cause des prédateurs sauvages. Sur le site même de la centrale, quelque 250 chiens sont nourris et soignés tant bien que mal par les 3 500 ouvriers présents.

En avril dernier, CFF a proposé à l’administration de la centrale un projet étalé sur trois à cinq ans, intitulé “Dogs of Chernobyl”, visant à stériliser et à vacciner contre la rage des animaux errants et à leur fournir des soins médicaux. L’objectif de la mission est de leur procurer de meilleures conditions de vie, mais aussi d’assurer la sécurité sanitaire des travailleurs et des touristes de plus en plus nombreux dans la région.

Déjà 350 animaux pris en charge

Une première campagne menée par 28 bénévoles au mois d’août dernier a permis la stérilisation d’environ 350 animaux, dont une quarantaine de chats. L’équipe médicale, constituée notamment de quatre vétérinaires diplômés et d’étudiants venus du monde entier (États-Unis, Portugal, Ukraine, notamment), pratiquait les opérations dans deux cliniques : l’une installée pour l’occasion sur le site et l’autre dans la ville de Tchernobyl. Avant leur prise en charge, les animaux étaient dépistés par une équipe de radioprotection. S’ils étaient contaminés, ils étaient lavés jusqu’à ce que leur niveau de radioactivité soit inférieur au seuil de sécurité. Les chiens vaccinés et stérilisés étaient identifiés par un tag sur l’oreille et certains équipés de colliers capteurs de radiations, afin d’étudier les niveaux de radioactivité dans la région.

Un programme d’adoption à l’étude

L’association CFF pense revenir pour une prochaine campagne en juin 2018, avec une clinique supplémentaire, voire deux. Elle espère aussi pouvoir lancer un programme d’adoption en 2018-2019 si le gouvernement ukrainien modifie les lois relatives à l’extraction des animaux dans la zone d’exclusion.

Pour soutenir son action et mener à bien l’objectif de stériliser quelque 750 chiens, CFF a mis en place un financement participatif². Si des fonds suffisants sont récoltés, l’association pourra employer un vétérinaire ukrainien à plein temps sur le site.
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¹ bit.ly/2yj1MTr.

² bit.ly/2y92HVx.