La résistance bactérienne augmente avec la consommation d’antibiotiques - La Semaine Vétérinaire n° 1731 du 16/09/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1731 du 16/09/2017

MÉDICAMENTS VÉTÉRINAIRES

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL  

Un nouveau rapport confirme le lien entre la consommation d’antibiotiques et la résistance bactérienne chez l’homme et les animaux de rente.

Ce nouveau rapport confirme le lien entre consommation d’antibiotiques et résistance aux antibiotiques, tant chez l’homme que chez les animaux producteurs d’aliments », a déclaré Vytenis Andriukaitis, le commissaire européen chargé de la santé et de la sécurité alimentaire. Une nouvelle fois, l’Agence européenne des médicaments (EMA), l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) accordent leurs violons et confirment dans leur second rapport Jiacra1, pour la période 2013-2015, qu’il existe un lien entre consommation d’antibiotiques et antibiorésistance chez les humains et les animaux de rente. En comparaison avec le premier rapport publié en 2015, concernant les données communiquées par les États membres pour 2011 et 2012, les agences estiment que les analyses sont plus poussées, malgré l’apparente complexité de l’exercice.

Lien entre utilisation d’antibiotiques et résistances

L’une des nouveautés de ce deuxième rapport a été d’inclure plus de pays déclarant leurs données (30 contre 28 auparavant) et aussi plus d’espèces (29 au lieu de 26). Les mesures ont toutefois été effectuées sur les mêmes bases que pour le précédent rapport et sont donc fondées sur des estimations globales. Le rapport s’intéresse plus précisément aux antibiotiques considérés comme critiques. En médecine humaine, le rapport relève que les céphalosporines de 3e et 4e générations sont généralement utilisées principalement dans les hôpitaux. Il note aussi que la consommation de cette famille d’antibiotiques, ainsi que celle des fluoroquinolones, est beaucoup moins élevée chez les animaux producteurs de denrées alimentaires que celle observée chez les humains. Chez l’homme, le rapport souligne par ailleurs un lien positif entre la consommation de ces antibiotiques et la résistance d’Escherichia coli à cette classe d’antibiotiques. Pour les animaux producteurs de denrées, globalement, aucune association n’a été observée (à quelques exceptions près) entre la consommation et la résistance aux céphalosporines de 3e et 4e générations. En ce qui concerne les fluoroquinolones, le rapport retient que la résistance à cette famille d’antibiotiques, utilisées dans le traitement de la salmonellose et de la campylobactériose chez l’homme, est liée à l’utilisation d’antibiotiques chez l’animal.

L’inquiétante colistine

Concernant les polymyxines (colistine), de grandes disparités ont été observées, selon les pays, dans les quantités consommées chez les animaux. Les données par pays varient entre quelques unités et jusqu’à près de 40 mg par kg de la biomasse estimée. Ces antibiotiques, longtemps délaissés en médecine humaine, sont désormais de plus en plus utilisés dans les hôpitaux pour combattre les infections à bactéries multi-résistantes. Le rapport souligne que l’utilisation fréquente de polymyxines chez les animaux pourrait favoriser le développement de la résistance, bien que l’usage qui en est fait en médecine humaine semble être responsable du développement de la résistance, observée chez Klebsiella pneumoniae.

Un niveau de consommation hétérogène

De façon générale, le recours aux antibiotiques est plus élevé chez les animaux producteurs de denrées alimentaires que chez les humains, mais la situation varie selon les pays et selon les antibiotiques. À l’échelle de l’Union européenne et selon les données récoltées pour 2014, 3 821 t de substances actives ont été vendues pour la médecine humaine, contre 8 927 t pour la médecine vétérinaire. La biomasse humaine est estimée à 31 314 t contre 58 914 t pour les animaux. La consommation totale moyenne, tous pays confondus, est donc évaluée à 123,7 mg/kg chez les humains et à 151,5 mg/kg chez les animaux. La France, quant à elle, maintient sa position par rapport à 20122 et reste le deuxième pays européen au regard de la consommation d’antibiotiques en termes de biomasse totale (juste derrière l’Allemagne) et le quatrième en termes de tonnage total. Sa consommation moyenne d’antibiotiques chez l’homme est estimée à 174,2 mg/kg et à 107 mg/kg chez l’animal.

1 Joint Interagency Antimicrobial Consumption and Resistance Analysis, bit.ly/2joEVlW.

2 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1617 du 13/2/2015, pages 14 et 15.

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