Alimentation et bien-être chez le cheval - La Semaine Vétérinaire n° 1730 du 09/09/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1730 du 09/09/2017

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : MARINE NEVEUX 

Les observations sur le bien-être du cheval domestique font apparaître que celui-ci n’est pas toujours assuré. Une étude menée dans plusieurs centres équestres a montré que 34 % des chevaux étaient atteints de troubles de santé chronique, 73 % connaissaient des problèmes dorsaux, 66 % présentaient au moins un comportement stéréotypique, et des comportements de relation à l’homme étaient aussi potentiellement altérés. Ce constat n’est pas propre à l’étude : « Les prévalences sont de 22 à 96 % de stéréotypies dans les établissements équins », explique Martine Hausberger, chercheuse en éthologie. Autre constat : « 13 à 30 % de blessures par des harnachements dans nos pays, donc il y a des questions à se poser ».

Le cheval en conditions naturelles

L’homme est arrivé tardivement dans l’évolution du cheval, il s’est adapté à des conditions de vie données.

Pour rappel, le cheval en conditions naturelles passe 15 à 16 heures à brouter, 5 à 6 heures à se reposer, 2 à 3 heures à observer et 2 heures à se déplacer (lentement). Dans le temps qu’il lui reste, il y a les interactions sociales, la reproduction, etc. S’alimenter est donc une activité qui lui prend énormément de temps. C’est un animal qui marche quand il mange, les repas sont fréquents.

Ainsi, la physiologie alimentaire est adaptée à un régime pauvre en énergie et riche en fibres. Très vite, un cheval avec l’estomac vide peut sentir inconfort et douleur. En outre, le milieu naturel lui apporte de la diversité : feuilles, fruits, bourgeons, herbe, etc.

« Nous, humains, avons un fonctionnement alimentaire complètement différent de celui du cheval. Il faut que l’on s’appuie sur ce que le cheval nous indique et non sur ce que nous pensons. Nous devons nous baser sur des indicateurs visibles et validés (associés à des troubles sanitaires ou physiologiques). » Un des indicateurs les plus admis dans les études scientifiques, c’est la stéréotypie.

Les modifications dues à la vie domestique

Le sevrage précoce, la mise au box, mais aussi l’alimentation peuvent être à l’origine de stéréotypies, qui vont avoir un impact sur la production : moins bon apprentissage, moins bonne reproduction.

Tous ces comportements répétitifs sont des indicateurs de mal-être chronique. « Nous devons réfléchir à l’impact des conditions de vie domestique, trouver des compromis. »

Les conditions de vie domestique, ce sont en effet des repas limités dans le temps, peu de mobilité lente, des ressources alimentaires restreintes et peu diversifiées, de fortes concentrations énergétiques et protéiques, des apports en fourrage variables, une alimentation souvent en hauteur.

Pour ingérer une même quantité énergétique, le cheval va passer 1 h 15 sur des concentrés, 8 h 30 sur du foin, 12 à 18 heures en pâturage.

Résultat, les troubles alimentaires sont fréquents : coliques, fourbure, ulcérations gastriques (au-delà de 6 heures de jeûne, on augmente considérablement le risque).

Que faire pour améliorer les conditions domestiques ?

Le premier facteur en jeu est la présence du foin. Le cheval appréciant la diversité, quand le fourrage est diversifié, la consommation de paille est diminuée.

Une étude expérimentale montre que lorsque les chevaux disposent de foin dans leur paddock durant la journée, on a plus d’interactions sociales et elles sont plus positives, plus de repos couché et de toilettage mutuel, et les stéréotypies sont réduites.

Il y aurait donc une tendance à sous-estimer les rôles majeurs de l’alimentation. Il convient de favoriser presque en permanence l’accès à de l’herbe et à du fourrage. Rechercher des systèmes qui vont réguler est également important. Il est en outre nécessaire de diversifier : « N’hésitez pas à varier l’alimentation et essayez d’avoir des prairies diversifiées, insiste Martine Hausberger, avant de rappeler : L’alimentation est cruciale, mais il ne faut pas oublier le logement, la vie sociale, le travail, la relation à l’homme, etc . »

Martine Hausberger CNRS Rennes, laboratoire d’éthologie animale et humaine. D’après une présentation faite lors de la 4 e journée d’information en éthologie équine, organisée par l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), à Saumur (Val-de-Loire), le 18 mai.

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