Les passionnés de médecine féline réunis à Brighton - La Semaine Vétérinaire n° 1729 du 02/09/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1729 du 02/09/2017

CONGRÈS

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON  

Parmi les sujets phares abordés au congrès de l’ International Society of Feline Medicine figuraient les avancées dans le domaine de l’hyperthyroïdie, les bonnes pratiques pour allier soin et bien-être du chat et la manière de vendre ses compétences en la matière.

Pour la première fois depuis sa création en 2002, le congrès de l’International Society of Feline Medicine (ISFM) accueillait une véritable délégation française, avec dix praticiens qui ont pu apprécier l’état d’esprit de cette édition mondiale, à Brighton (Royaume-Uni), du 28 juin au 2 juillet, où pas moins de 35 nationalités étaient représentées par 600 participants.

Hyper- et hypothyroïdie félines

Mark Peterson, auquel nous devons l’identification de l’hyperthyroïdie, de l’acromégalie et de l’hypothyroïdie félines, est désormais à la tête de l’Animal Endocrine Clinic à New York. Lors d’une de ses conférences, il a fait une déclaration bouleversante – et qui l’honore –, reconnaissant s’être trompé voilà des années, lorsqu’il avait affirmé que le rein ne constituait pas un problème lors de la prise en charge thérapeutique de l’hyperthyroïdie. Aujourd’hui, il va même beaucoup plus loin, puisque non seulement il surveille de très près la fonction rénale chez les hyperthyroïdiens, mais il dépiste également, voire prévient, les hypothyroïdies iatrogènes. Celles-ci sont en effet fréquentes après une thérapie à l’I131, qui reste la thérapie de référence.

Il a martelé combien l’hyperthyroïdie féline était une pathologie chronique. Le traitement médical contrôle l’hyperthyroïdie, mais pas le développement de la tumeur thyroïdienne elle-même. Il s’agit donc d’un traitement palliatif. La radiothérapie seule est curative, mais représente un investissement financier important pour le propriétaire.

Mark Peterson a souligné, chiffres et publication récente à l’appui, qu’avec des doses moindres (2 millicuries au lieu de 4), les risques d’hypothyroïdie iatrogène chez le chat pouvaient être très significativement limités.

Reconnaître l’état émotionnel du chat hospitalisé

Sarah Ellis, comportementaliste, praticienne au Royaume-Uni, a présenté les aspects pratiques d’une analyse émotionnelle des chats hospitalisés, qui vivent souvent mal leur assignation à demeure. Le chat frustré exprime ses émotions en renversant tous les éléments de la cage, en vocalisant haut et fort dans l’attente d’une présence humaine, le nez et les pattes collés à la porte sur laquelle il gratte vigoureusement. Le chat en détresse a aussi tendance à tout renverser, cette fois pour mieux se cacher sous une polaire, dans un carton, et le plus loin possible de la porte.

Les éléments pour apaiser ces deux types de chat ne sont pas les mêmes. Il convient d’installer le chat frustré dans une plus grande cage avec un carton sur lequel il peut se défouler joyeusement, et d’envisager une sortie rapide d’hospitalisation, tandis qu’il est préférable d’offrir au chat anxieux une atmosphère apaisante (avec des modificateurs d’ambiance et des compléments alimentaires) et de lui fournir du mobilier adapté à ses besoins d’intimité (carton, tablette, poste d’observation)1.

L’échographie, l’amie des chats !

Martha Cannon, praticienne féline au Royaume-Uni, et Kieran Borgeat, spécialiste en cardiologie au Royaume-Uni, ont plaidé pour le bon sens clinique dans la prise en charge respectueuse du chat dyspnéique, à la suite d’un œdème aigu, d’un traumatisme, d’un épisode asthmatique ou d’un épanchement pleural. « Les chats aiment les échos, ils détestent les radios », a commenté Kieran Borgeat, qui considère la radiographie d’un épanchement thoracique comme une hérésie. Lors de dyspnée, le premier geste thérapeutique est de fournir de l’oxygène et un anxiolytique (butorphanol). Lorsqu’elle s’accompagne d’une discordance et de modifications à l’auscultation, il est nécessaire de réaliser sans tarder une thoracocentèse, qui a une valeur diagnostique et souvent thérapeutique.

De la même façon, l’urgence absolue lors d’une thromboembolie aortique est la prise en charge immédiate et énergique de la douleur (méthadone et fentanyl), particulièrement dramatique pour le chat, et dont l’émotion contamine autant le propriétaire que l’équipe vétérinaire. En matière de pronostic, la température lors de la prise en charge est un facteur majeur : en dessous de 37 °C, les chances de survie sont faibles. L’examen échocardiographique ne sera réalisé qu’une fois l’état clinique stabilisé. Pour le traitement de suivi d’une thromboembolie aortique, Kieran Borgeat a souligné que le clopidogrel donne des résultats bien supérieurs à ceux obtenus avec l’aspirine.

Réseauter encore et toujours

La majorité des praticiens présents exercent en cliniques vétérinaires Cat Friendly Clinic (il en existe déjà sept en France, six de niveau argent et une de niveau bronze). Alison Lambert, directrice d’Onswitch, une société britannique dédiée à la satisfaction du client dans les structures vétérinaires, a toutefois souligné qu’il ne suffit pas de remplir un cahier des charges, même d’un aussi haut niveau, mais qu’il importe de le valoriser. Or en matière de relations, tout passe par l’émotionnel. Pour qu’ils reviennent, le client et plus encore son chat doivent se sentir à l’aise à la clinique. « Dès le premier appel, ils doivent saisir en 3 minutes combien vous aimez les chats et les comprenez. Soyez sincères, impliqués dans votre métier. Appelez les chats par leur nom quand vous en parlez avec leur famille. Et n’hésitez pas à communiquer sur Facebook et Twitter, en partageant des photos, des histoires, que vos clients taggeront en vous recommandant », conseille-t-elle. La participation aux congrès est un des éléments à valoriser, car elle témoigne de l’engagement de l’équipe vétérinaire à se tenir toujours informée des actualités thérapeutiques. Et en médecine féline, tout bouge. Chaque congrès est différent du précédent. Rien n’est jamais acquis !

1 La revue Behavioural Processes, qui a consacré son numéro d’août au comportement et à la cognition féline, a montré que le léchage discret du bout du nez est l’expression d’une émotion négative du type anxiété (comme cela peut être observé chez des chats atteints de pancréatite.

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