Santé animale : quels enjeux pour demain ? - La Semaine Vétérinaire n° 1728 du 15/07/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1728 du 15/07/2017

CONFÉRENCE ANNUELLE DU SIMV

ACTU

ÉVÉNEMENT

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Prévention, environnement, numérique, Brexit , etc. : quels seront les enjeux et défis auxquels devra faire face la filière de la santé animale ? À l’occasion de sa conférence-débat annuelle, le Syndicat de l’industrie du médicament et réactif vétérinaires (SIMV) a donné la parole aux acteurs clés du secteur.

Cette année, lors de sa conférence annuelle toujours placée sous l’approche “une seule santé”, qui s’est tenue le 3 juillet à Paris, le Syndicat de l’industrie du médicament et réactif vétérinaires (SIMV) a orienté les échanges vers l’avenir et les défis qui attendent le secteur de la santé animale. Que ce soit en France ou en Europe, la filière devra composer avec des problématiques de santé publique, de protection de l’environnement, mais aussi avec celles résultant des attentes sociétales. Ces différents enjeux devraient d’ailleurs être abordés dans le cadre des états généraux de l’alimentation attendus pour le courant du mois de juillet. En parallèle des réflexions que la profession porte sur son devenir, notamment dans le cadre du projet Vetfuturs, l’avenir sera à la promotion de la médecine préventive et à la gestion du patrimoine de données numériques.

L’environnement, un vrai enjeu

L’avenir de la filière santé animale ne peut être appréhendé sans aborder la question environnementale. Le lien étroit entre la protection de l’environnement, la santé publique et la santé animale reste d’ailleurs une inquiétude importante pour les pouvoirs publics, comme l’a notamment rappelé Patrick Dehaumont, directeur général de l’alimentation au ministère de l’Agriculture. À ces domaines s’ajoutent, depuis peu, la problématique de la pollution des sites et des sols. Du côté du ministère de la Transition écologique et solidaire, représenté par Marc Mortureux, directeur général de la prévention des risques, le secteur du médicament vétérinaire n’est pas identifié comme le « cœur de cible ». Mais, selon lui, d’autres enjeux, qui suscitent une forte attente sociétale, impactent le secteur tels l’antibiorésistance, le changement climatique, l’exposition aux substances chimiques par l’action des perturbateurs endocriniens (produits phytosanitaires) ou encore la préservation de la biodiversité.

« Faire de la prévention plutôt que du curatif »

Le constat est unanimement partagé par les différents intervenants : une prévention efficace permet de maîtriser les facteurs de risque d’émergence de maladies animales. Pour Christian Brun-Buisson, délégué ministériel à l’antibiorésistance (ministère des Solidarités et de la Santé), la prévention tient aussi une place importante en médecine humaine. Ce dernier prend d’ailleurs en exemple les bons résultats obtenus par les vétérinaires, tandis que les médecins peinent à faire baisser leur consommation d’antibiotiques. En médecine vétérinaire, la succession des différentes crises sanitaires (influenza aviaire ou encore tuberculose bovine) amène les pouvoirs publics, en l’occurrence la Direction générale de l’alimentation (DGAL), à repenser les réponses apportées à ces phénomènes, comme le précise Patrick Dehaumont. « Les attentes pour les pouvoirs publics sont de faire plus de prévention et de surveillance », indique-t-il. C’est sans surprise que le représentant du ministère de l’Agriculture est revenu sur certaines propositions du second plan ÉcoAntibio 2 concernant, entre autres, la vaccination, la biosécurité, mais aussi le développement de tests de diagnostic rapides et fiables, puis l’exploitation du big data pour faire évoluer les techniques d’élevage et identifier, le plus en amont possible, les facteurs de risque. De son côté, Jacques Guérin, président du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (CNOV), indique que les solutions connectées sont un gain pour la médecine vétérinaire, de même que l’exploitation des données numériques. Toutefois, il souligne qu’à l’heure actuelle l’arrivée en puissance du numérique pourrait fragiliser davantage le maillage vétérinaire, car les entreprises vétérinaires « ne sont pas forcément adaptées ou robustes pour pouvoir digérer toute cette révolution numérique ».

Un maillage vétérinaire à conserver

Patrick Dehaumont évoque aussi la nécessité de consacrer des moyens renforcés en matière de surveillance, notamment des zoonoses transmises par la faune sauvage, et de disposer d’un réseau et d’un maillage territoriaux pertinents. Tandis que la profession met en garde contre l’effritement de la démographie vétérinaire en milieu rural. Sur le premier point, il souligne la nécessité de diversifier les vaccins disponibles, afin de répondre efficacement aux maladies émergentes ou existantes telles que la dermatite nodulaire bovine, tout en s’assurant que les produits soient fabriqués en quantité suffisante et d’éviter les ruptures. Cet objectif est partagé par Jacques Guérin, qui rappelle qu’il s’agit d’un enjeu primordial pour la profession, à savoir « maintenir un réseau sanitaire efficient en tout lieu du territoire national et pour toutes les espèces animales ». Il rappelle que le vétérinaire « augmenté, connecté » est le pivot de ce réseau sentinelle qui permet de détecter précocement les maladies, dont celles émergentes.

Vétérinaires et éleveurs : une collaboration nécessaire

Pour la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), l’enjeu du médicament vétérinaire passe d’abord par un travail de collaboration entre les éleveurs et les vétérinaires à travers une approche contractuelle. Selon Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA, ce lien étroit permettra à ces deux acteurs de répondre aux exigences du marché et aux attentes sociétales, concernant, par exemple, les pratiques d’élevage, le bien-être animal, l’utilisation des vaccins ou encore l’antibiorésistance. Il insiste également sur la nécessité de porter l’enjeu économique au cœur des débats menés lors des états généraux de l’alimentation, afin « de redonner l’ambition d’un élevage performant (…) qui puisse monter en gamme ». Autre sujet jugé « compliqué », selon le représentant des éleveurs, et sur lequel la fédération réclame plus de transparence : le prix du médicament. « Il y a un peu d’omerta sur la notion du prix du médicament. Aujourd’hui, l’acte vétérinaire a un prix et il est nécessaire aussi de connaître celui du médicament. Cette transparence est vraiment souhaitée et le sera de plus en plus demain, afin d’avoir une vraie économie et des charges maîtrisées. » À côté de ces problématiques, Jacques Guérin rappelle aussi le rôle central que peut jouer le vétérinaire dans l’accompagnement du consommateur pour une bonne compréhension des messages scientifiques et techniques. « Nous sommes à la disposition des filières, sous couvert de l’image que nous prête la société civile, pour passer et aider à faire passer un certain nombre de messages », indique-t-il.

Le Brexit, une opportunité ?

Côté Europe, de nombreux enjeux stratégiques ont été abordés tels le Brexit, la réforme réglementaire en cours sur le médicament vétérinaire ou encore le risque lié à la financiarisation de la profession. D’abord, l’impact de l’évolution de la réglementation européenne : Jacques Guérin rappelle qu’il y a eu un impact important sur la profession vétérinaire, notamment avec les directives “services” ou “qualifications professionnelles”. Concernant le Brexit, l’ensemble des intervenants s’accorde à dire qu’il s’agit d’une véritable opportunité pour la France, qui pourrait renforcer sa position notamment au sein de l’Agence européenne des médicaments (EMA), dont le siège pourrait déménager à Lille (Nord). Pour préparer l’avenir, l’action des autorités françaises porte aussi sur la réforme réglementaire en cours relative au médicament vétérinaire, dont la finalisation devrait intervenir d’ici 2018. Jean-Pierre Orand, directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) et management board du Réseau européen des chefs des agences nationales du médicament (HMA), rappelle que les discussions européennes à ce sujet visent, entre autres, à alléger les charges administratives pour les industriels en ce qui concerne la protection des données ou encore la pharmacovigilance. Autre enjeu majeur du projet : l’amélioration de la disponibilité des spécialités vétérinaires. La France a déposé un amendement afin que le texte permette d’encadrer réglementairement les nouvelles thérapies et les médicaments innovants, tels que les cellules souches et les phages.

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