Impact du thiaméthoxam sur les reines de quatre espèces de bourdons - La Semaine Vétérinaire n° 1727 du 08/07/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1727 du 08/07/2017

ÉTUDE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Le déclin des abeilles sauvages est un phénomène connu, les pesticides apparaissant comme un facteur péjoratif, notamment chez les populations de bourdons. Jusqu’à présent, cependant, les études, centrées sur des modèles d’espèces (Bombus terrestris pour l’Europe), n’envisageaient pas d’effets espèces-dépendants. Des chercheurs de l’école des sciences biologiques (Royaume-Uni) et de celle des sciences environnementales (Canada)1 se sont ainsi penchés sur l’influence d’un néonicotinoïde, le thiaméthoxam, sur les reines de quatre espèces de bourdons sauvages. L’objectif de cette expérimentation était de tester l’exposition à des doses sublétales de pesticide des reines de bourdons connues pour butiner dans des zones agricoles. L’étude s’est focalisée sur les reines de début de printemps, du fait de leur rôle vital dans le maintien de la population.

Matériel et méthodes

Entre les mois de mars et d’avril 2014, 506 reines de bourdons des espèces B. terrestris, B. lucorum, B. pratorum et B. pascuorum ont été collectées dans le park de Windsor, dans le comté du Surrey, au Royaume-Uni. Les reines présentant du pollen dans leur corbicule n’ont pas été incluses, les chercheurs ayant supposé qu’elles avaient déjà établi un nid. Les individus ont été répartis en trois groupes : un groupe contrôle et deux autres exposés à un sirop sucré contaminé en thiaméthoxam, un à une faible dose (1,87 ppb environ, groupe f) et l’autre à une forte dose (5,32 ppb environ, groupe F). Les concentrations en pesticide de l’étude suivent celles du pollen et du nectar des fleurs sauvages et du colza. Le niveau de concentration est le même que celui des stocks des colonies de bourdons. Les insectes ont été gardés dans des conditions expérimentales pendant un mois, à raison de 14 jours d’exposition suivis de 14 jours de surveillance. Le pollen fourni pendant la durée du protocole était issu d’une compagnie privée et censé être exempt de toute contamination.

Présentation des résultats

L’échantillon final était de 230 reines, 12 s’étant échappées, 235 étant porteuses d’au moins un parasite2 et 29 présentant de possibles signes d’infection. Les reines de B. pascuorum et pratorum du groupe F ont consommé moins de sirop sucré, en comparaison avec le groupe témoin, et à la différence de B. lucorum et terrestris. De plus, il a été observé une baisse de la longueur des oocytes terminaux chez toutes les espèces du groupe F, de 8,1 % pour B. lucorum, 13,8 % pour B. pascuorum, 5,9 % pour B. pratorum et 4,6 % pour B. terrestris, en comparaison avec le groupe contrôle. 88 % des reines ont survécu aux 4 semaines d’expérimentation, l’exposition aux pesticides n’ayant pas influencé leur taux de survie global, ni le moment de la mort. 53 % des reines ont manifesté un comportement de production de cire, au cours de l’étude, sans aucune différence notée entre les groupes. Enfin, la ponte d’œufs, plus précoce chez B. terrestris, n’a pas été influencée par le pesticide.

Discussion

Cette étude, la première à montrer l’impact d’un pesticide chez plusieurs espèces de bourdons, est aussi la première à observer une spécificité d’espèces. La différence relevée entre les espèces du groupe F pour la prise alimentaire suggère une variation de sensibilité au néonicotinoïde. Cette expérimentation révèle également, pour la première fois, l’influence de doses sublétales de pesticide sur le développement ovarien de reines de bourdons. Le thiaméthoxam pourrait influencer négativement la consommation de pollen, qui contient les nutriments essentiels à la fonction reproductrice. Une autre hypothèse serait que le coût métabolique de la détoxification amènerait à la redistribution des nutriments, réduisant leur disponibilité pour d’autres processus biologiques (ici, le développement ovarien). L’absence contradictoire d’impact sur la ponte d’œufs a pu être sous-estimée, en raison du faible nombre de femelles concernées. L’absence d’effet chez le groupe f suggère un effet dose-dépendant. Il est à noter que, dans la nature, les espèces présentent des niveaux d’exposition différents selon leurs préférences, leurs cycles de vie et leurs périodes d’activité. Ce constat, associé aux résultats, devrait être pris en compte dans les futures évaluations du risque lié aux pesticides, et des formes alternatives de protection des cultures pourraient être adoptées au moment du cycle où les bourdons et autres pollinisateurs sauvages semblent les plus vulnérables.

1 bit.ly/2sUTvnU.

2 Crithidia bombi (Trypanosomatidae), Nosema bombi (Microsporidia), Apicystis bombi (Neogregarinida) et Sphaerularia bombi (Nematoda).

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