Réponse à la lettre ouverte parue dans La Semaine Vétérinaire n° 1720

Chacun des 12 conseillers nationaux est élu à la suite d’un scrutin codifié. Telle est ma perception de la démocratie. Je déplore que trop peu de vétérinaires expriment leur voix lors des élections ordinales mais dans ce cas “qui ne dit mot, consent” !

L’argument du coût engendré par l’événement mis en cause est d’une pertinence proportionnée aux 16 centimes par cotisation ordinale qu’il représente. L’investissement d’une expression officielle de l’Ordre des vétérinaires sur les différents réseaux sociaux où il est fait grief à l’Ordre de ne pas être présent est d’une tout autre ampleur.

Sur le fond, j’assume pleinement la décision collégiale du Conseil national de l’Ordre d’avoir décerné à M. Stéphane Le Foll le titre de vétérinaire honoris causa. N’y voyez aucun message ni connivence politique. Les conseillers nationaux sont pluriels et la politique n’a pas place au Conseil. Seul l’intérêt général guide nos décisions. L’événement s’est déroulé en petit comité vétérinaire, en période de réserve électorale et en l’absence de personnalités politiques, avec la seule presse vétérinaire. La décision est totalement désintéressée. Elle vise à honorer un homme, ministre en charge de l’agriculture durant cinq années complexes qui au fil de son mandat, a su construire une relation de confiance avec les représentants de la profession vétérinaire pour in fine apporter son soutien aux vétérinaires en plusieurs occasions et notamment en novembre 2013 lorsque le ministère de la Santé tentait d’imposer le découplage à la profession (la création du groupe Facebook “Les vétos ne sont pas des pigeons” date d’ailleurs de cet événement). Gestion des crises sanitaires, soutien à la formation en alternance, recherche de solutions pour préserver le maillage vétérinaire, soutien à la réforme de l’Ordre, sont autant d’occasions qui illustrent la qualité des relations avec M. Stéphane Le Foll et les services du ministère.

Je prends quotidiennement des décisions sans jamais être en situation de le faire seul. Mais il n’est pas dans ma conception de la démocratie de recourir à tout bout de champ aux sondages ou aux référendums qui n’ont aucune légitimité à supplanter la force d’une élection. Je vous renvoie à mes prises de parole dessinant le projet et la gouvernance ordinale que je propose pour la profession : Vetfuturs France illustre cette volonté partagée avec le président du SNVEL. Inviter les vétérinaires au congrès de l’Ordre en novembre 2017 à Nancy ou associer plus encore les conseils régionaux de l’Ordre au cœur de la décision via des commissions comprenant autant d’élus régionaux et nationaux, illustrent cette volonté d’ouverture. J’invite chaque vétérinaire à saisir ces opportunités pour construire collectivement un projet vétérinaire qu’il reviendra aux représentants de la profession de soutenir devant les décideurs.

Vous interpellez enfin l’Ordre quant à sa communication digitale. Cette question fera l’objet d’une mission interne demandée à la commission ordinale en charge de ces sujets. L’Ordre a certainement des progrès à faire en la matière et des propositions devront être faites après une analyse bénéfices-risques objective et documentée. Ès qualités de président du CNOV, je m’interdis d’interagir sur les réseaux sociaux, ni d’ailleurs d’apporter un quelconque jugement de valeur sur la qualité des contenus. La communication institutionnelle de l’Ordre des vétérinaires se doit d’être maîtrisée, objective et juridiquement justifiée sous peine d’alimenter les contentieux et les recours qui ne manqueraient pas d’être initiés par les personnes auxquelles elle ferait grief.

Vous n’adhérez pas à l’Ordre : c’est un non-sens ! Vous en êtes membres par la volonté du législateur, législateur qui a décidé de confier à un Ordre l’administration de la profession. Et la mission première de l’Ordre est de garantir la qualité des services délivrés au public par les vétérinaires. Mais je vous encourage à adhérer à un syndicat dont la mission est de défendre les intérêts particuliers et matériels des vétérinaires. Confondre les missions syndicales et ordinales conduirait à terme à la perte du caractère réservé des actes que seul un docteur vétérinaire est en droit de pratiquer.
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Confraternellement.

Jacques Guérin,

président du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires