Étude Roy : les vétérinaires spécialistes en France - La Semaine Vétérinaire n° 1725 du 24/06/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1725 du 24/06/2017

ENQUÊTE

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Face à une évolution rapide des connaissances scientifiques et à des propriétaires de plus en plus exigeants, le spécialiste apparaît comme indispensable dans l’offre de soins. Il se place en tant que conseiller et référent au côté du vétérinaire traitant, de par sa maîtrise scientifique et technique poussée d’un domaine précis. Bien qu’une majorité exerce une activité clinique privée, certains vont évoluer dans d’autres secteurs comme l’enseignement, la biologie ou la recherche. Petit tour d’horizon des spécialistes en France, d’après les données de l’annuaire Roy.

La spécialisation attire un nombre croissant de vétérinaires. En 1996, on dénombre 267 titulaires d’un collège européen. En 2006, ils étaient 2 306, et en 2016, 3 6721. En France, être titulaire d’un collège européen ne suffit pas pour accéder au titre de spécialiste, à la différence du vétérinaire ayant obtenu son diplôme d’État (diplôme d’études spécialisées vétérinaires, DESV). Un vétérinaire ne peut se prévaloir du titre que selon les conditions définies par le décret du 16 décembre 2008 du Code rural et de la pêche maritime (CRPM ; article R.812-552), fixant une liste de spécialités reconnues par le ministère de l’Agriculture, après avis du Conseil national de la spécialisation vétérinaire (CNSV), et par les arrêtés du 31 juillet 20143, ou selon les modalités de l’article R.242-34 du CRPM4. Ce dernier article stipule que « peuvent seuls se prévaloir, dans l’exercice de leur profession, du titre de vétérinaire spécialiste, les vétérinaires titulaires du DESV, les vétérinaires titulaires du titre reconnu équivalent par le CNSV dans les conditions prévues par l’article R.812-55, ainsi que les vétérinaires autorisés à se prévaloir de ce titre par le ministre chargé de l’agriculture dans les conditions prévues à l’article R.812-56 ». Seul un nombre limité de collèges européens a été reconnu par le CNSV5 comme équivalent au DESV, et leurs membres sont donc autorisés à se prévaloir du titre de spécialiste. La validation des acquis de l’expérience (VAE) est une voie d’obtention possible du DESV. Elle présente l’avantage d’éviter d’en revenir au résidanat et met en valeur le parcours professionnel. Aujourd’hui, 24 spécialités sont reconnues.

Une activité clinique privée prépondérante

74,4 % des spécialistes travaillent dans le secteur clinique privé, la grande majorité en canine. Dans ce secteur, le titre de chirurgie des animaux de compagnie s’avère le plus représenté, avec 26,6 % de spécialistes. Il est suivi du titre d’ophtalmologie (17,7 %), puis de celui de médecine des animaux de compagnie (15 %, toutes options confondues). Chacun des autres titres regroupe moins de 10 % de spécialistes. Les vétérinaires qui possèdent le titre de chirurgie des animaux de compagnie exercent exclusivement en clientèle privée. En revanche, ceux spécialisés en dermatologie vétérinaire ont intégré, pour environ deux tiers d’entre eux, des structures privées, le tiers restant ayant choisi l’enseignement. Les données révèlent aussi qu’environ 30 % des spécialistes travaillent dans un établissement tourné vers l’activité référée – centre de vétérinaires spécialistes (CVS) et centre hospitalier vétérinaire (CHV) –, notamment ceux ayant le titre de médecine interne des animaux de compagnie (52,6 %). Environ 40 % exercent encore en cabinet, en clinique ou en tant qu’itinérant. L’arrêté du 13 mars 2015, relatif aux catégories d’établissements de soins vétérinaires, fera peut-être évoluer cette répartition en donnant plus de poids aux CVS et aux CHV. Pour le premier, l’activité doit être assurée par au moins deux vétérinaires spécialistes à temps plein. Pour le second, il n’en faut qu’un.

Des différences selon le sexe

Le titre de chirurgie des animaux de compagnie se hisse à la première place de l’ensemble des spécialités, avec presque 20 % des spécialistes. Les hommes sont les plus représentés dans cette discipline : quasiment 30 % d’entre eux détiennent ce titre, contre 1,8 % des femmes. Ces dernières préfèrent celui d’anatomie pathologique vétérinaire, puisque 26 % d’entre elles le possèdent, contre 7 % des hommes. Les représentants des deux sexes se retrouvent néanmoins autour de la médecine interne des animaux de compagnie (toutes options confondues), qui se hisse à la 3e place des titres, avec 16,7 % des femmes qui l’ont et 10,2 % des hommes. Certaines spécialités sont détenues uniquement par des hommes. C’est le cas de la stomatologie et dentisterie vétérinaires, de la reproduction animale, de la médecine de comportement des animaux de compagnie, des sciences et médecine des animaux de laboratoire, de la gestion de la santé des bovins et de la gestion de la santé porcine. De la même manière, seules les femmes ont le titre de médecine interne des équidés et de nutrition clinique vétérinaire. Bien que la moyenne d’âge soit identique (environ 46 ans), la répartition diffère, avec des femmes spécialistes globalement plus jeunes que les hommes : on trouve chez les plus de 45 ans environ 77 % d’hommes et 23 % de femmes. Enfin, les hommes spécialistes exercent majoritairement dans le secteur clinique privé (87,7 %), contre seulement 50 % des femmes. Presque 30 % d’entre elles travaillent dans le secteur de la biologie, représenté principalement par les laboratoires d’analyses, contre 4 % des hommes. Un peu plus de 20 % des femmes ont un poste dans l’enseignement, contre 5 % des hommes.

Une répartition inégale sur le territoire

La plupart des spécialistes praticiens (hors écoles vétérinaires) exercent à proximité des grandes agglomérations. La majeure partie est concentrée en région parisienne, avec 16 agglomérations qui regroupent 27,4 % de l’ensemble de ces praticiens. D’autres zones, notamment du centre de la France, ne disposent pas de spécialistes, compliquant l’accès à une offre de soins pointus. Ceux exerçant en CVS et en CHV, globalement peu nombreux (30 % des spécialistes), sont situés encore principalement en région parisienne, pour environ 40 % d’entre eux. On en trouve ensuite en région annécienne (11,1 %), niçoise (11,1 %), lilloise (8,9 %), rémoise (8,9 %), nantaise (8,9 %), toulousaine (4,5 %), dans le Calvados (4,5 %) et très peu (2,2 %) en région marseillaise et nancéenne. Enfin, ceux exerçant en cabinet, en clinique ou en tant qu’itinérants, dont l’effectif est plus grand (presque 40 % des praticiens), sont répartis de manière plus disparate, surtout en région parisienne (19,7 %) et bordelaise (18 %). Parmi les titres les plus représentés, les spécialistes en chirurgie des animaux de compagnie et en ophtalmologie s’avèrent, hors région parisienne, les moins concentrés.

1 ebvs.eu/about (consulté le 9/5/2017).

2 bit.ly/2rvYZpd.

3 bit.ly/2rLvlti, bit.ly/2qQkRuJ.

4 bit.ly/2rA6agL.

5 bit.ly/2rcl8cx. L’European College of Porcine Health Management (ECPHM) est aussi reconnu. De plus, l’European College of Veterinary Public Health (ECVPH) est subdivisé en médecine des populations et sciences des aliments, comme le précise Janine Guaguère, trésorière de l’Ordre national des vétérinaires.

Le travail d’enquête s’est appuyé sur les données de l’annuaire Roy 2017.Au total, 152 spécialistes ont été dénombrés, dont 98 hommes et 54 femmes. Trois
d’entre elles n’ayant
pas renseigné leur âge,
les calculs relatifs à la répartition par tranches
d’âge ont concerné un effectif réduit de 149 personnes.
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