Les brachycéphales, un syndrome, mais pas que…

Le gain de popularité des races brachycéphales outre-Atlantique est désormais une réalité. Celle-ci est à présent palpable avec trois races brachycéphales (bouledogues anglais et français, boxer) parmi les 10 races les plus populaires, selon l’American Kennel Club. Le bouledogue français se place en tête dans de grandes villes américaines telles que New York. Cela s’explique notamment par des vies citadines chargées dans un environnement urbanisé nécessitant des chiens de petit gabarit au tempérament facile. Ces races qui ont le vent en poupe sont également largement assurées, particulièrement aux États-Unis. Le même phénomène s’observe désormais en Europe, notamment parce que, dans l’inconscient collectif, ces races semblent être plus enclines à développer différentes pathologies, bien que les données objectives manquent. Les problèmes en lien avec la brachycéphalie (sténose des narines, élongation du palais mou, hypoplasie trachéale, macroglossie) sont désormais bien connus et à l’origine de coûts substantiels. La question à l’heure actuelle n’est plus de savoir s’il faut prendre en charge ces particularités anatomiques, mais quand intervenir et quelles sont les techniques les plus adaptées.

Plus de pathologies courantes que les autres races

Dans ce contexte, l’un des géants américains de l’assurance canine s’est penché sur la question. L’objectif était de découvrir si, outre les pathologies liées à ces particularités anatomiques, les brachycéphales présentaient plus d’affections que la population générale. Cette étude regroupe 1,27 millions de chiens, dont près de 185 000 brachycéphales de 24 races, ce qui représente environ 15 % de la population sur une période de neuf ans (2007-2015). La méthodologie a consisté à utiliser la base de données de la compagnie d’assurance en enlevant les affections associées à la brachycéphalie, ainsi que des pathologies non liées à l’anatomie, comme des accidents (de la voie publique, empoisonnements, etc.) ou des maladies infectieuses. Les résultats confirment ce ressenti, à savoir que les brachycéphales s’avèrent être plus enclins à développer diverses pathologies que la population générale (histogramme).

Problèmes cutanés, digestifs, urinaires, oculaires, etc.

Quand on s’intéresse dans le détail aux résultats, les sujets brachycéphales présentent plus volontiers des problèmes dermatologiques. Ils sont environ 1,4 fois plus susceptibles de consulter pour une pyodermite ou une otite externe. Au niveau ostéo-articulaire, ces patients ont entre 1,15 et 1,2 fois plus de risque de développer des maladies discales ou des luxations patellaires. Par ailleurs, ils sont 1,2 fois plus sujets à des problèmes gastro-intestinaux de type sacculite ou urinaires de type cystite. Enfin, en lien avec la conformation de leur chanfrein, les problèmes oculaires semblent être plus fréquents que dans la population générale, avec trois à quatre fois plus de risque d’être atteints d’ulcère cornéen. Cette étude constitue aujourd’hui une première au niveau mondial, bien que la méthodologie d’analyse statistique, ainsi que les critères d’inclusion ne soient pas clairement énoncés. La première compagnie d’assurance animale américaine, avec plus de 600 000 animaux assurés, a mis ici le doigt dans l’engrenage. L’accessibilité de telles bases de données ouvre le champ des possibles. L’objectif annoncé semble être de permettre aux praticiens, ainsi qu’aux propriétaires de mieux connaître ces races et donc de mieux les prendre en charge. Néanmoins, cette nouvelle donne laisse craindre que les conséquences d’une telle prise de conscience se répercutent sur les politiques d’assurance des races concernées…
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Source : The Nationwide Brachycephalic Breed Disease Prevalence Study, mars 2017.