La prévention, la première solution alternative à l’utilisation des antibiotiques - La Semaine Vétérinaire n° 1721 du 28/05/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1721 du 28/05/2017

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : LORENZA RICHARD 

Une enquête a été réalisée auprès de 45 éleveurs de chèvres pour mieux connaître leur ressenti vis-à-vis de la gestion de la santé du cheptel de renouvellement et comprendre leurs freins ou motivations pour changer leurs pratiques et parvenir à diminuer le recours aux antibiotiques.

L’échange avec le vétérinaire est insuffisant

En général, les éleveurs sondés considèrent les chevrettes comme rustiques, mais difficiles à soigner lorsque cela s’avère nécessaire, et qu’il leur est nécessaire d’être vigilants et réactifs. L’approche globale de la santé intègre des aspects économiques : le coût de l’élevage des chevrettes en regard du manque de rentabilité des réformes (importance de préserver le potentiel du troupeau de renouvellement), la relativement faible valorisation des chevreaux pour lesquels les soins et les frais engagés sont plus limités.

Les éleveurs de chèvres sont donc attentifs à la prévention : les actions préventives sont importantes et diverses dans 89 % des élevages. En matière d’actions correctrices, 22 % des éleveurs s’appuient sur un ensemble de mesures sanitaires et médicales, associant médications conventionnelle et alternative (homéopathie, par exemple). À l’opposé, 24 % d’entre eux privilégient un seul mode d’action ou d’approche thérapeutique. De plus, alors que 38 % des éleveurs se disent motivés pour changer leurs pratiques, 16 % d’entre eux prétendent manquer de temps pour le faire, 11 % affirment manquer de moyens, et 36 % n’envisagent aucun changement. Enfin, seuls 31 % des éleveurs considèrent que leurs échanges avec le vétérinaire sont d’ordre partenarial, alors que 69 % disent n’échanger qu’occasionnellement avec lui. Le dialogue avec le praticien, professionnel de la santé animale, est pourtant essentiel.

Rappeler les règles de prescription

Il est en effet important de rappeler que les antibiotiques ne doivent pas être administrés sans prescription, car, en filière caprine, en 2012, ils étaient utilisés sans ordonnance, sans bilan sanitaire d’élevage ou sans examen des animaux par le vétérinaire dans respectivement 14 %, 40 % et 80 % des cas1. Il est essentiel de sensibiliser les éleveurs à l’importance du diagnostic pour appuyer et raisonner la prescription, réalisée uniquement en traitement et en métaphylaxie, mais pas en prévention. Il en va de la co-responsabilité du prescripteur et de l’utilisateur, et ce dernier doit respecter scrupuleusement la prescription (ciblage des animaux à traiter, durée, fréquence, voie d’administration, dose).

Cela signifie également que le vétérinaire doit être prévenu avant l’atteinte de seuils d’alerte, à définir selon les contextes épidémiologiques et de conduite d’élevage (exemple de seuils dans les bilans sanitaires : taux de mortalité maximal de 10 % à la naissance, de 5 % de 1 à 5 jours d’âge et de 2,5 % de 5 jours au sevrage, et taux de morbidité maximal de 15 %). Le diagnostic repose sur l’examen des animaux et la réalisation d’analyses complémentaires, et un audit d’élevage permet de rechercher des facteurs de risque pour proposer des actions de moyen ou long terme impliquant parfois des changements plus profonds dans le système de production.

Plus de prévention, moins de prescription

Il convient de montrer à l’éleveur que l’apparition de maladies est un processus multifactoriel (interaction entre l’agent pathogène, la capacité de lutte de l’animal contre cet agent et le stress lié aux conditions d’élevage). Toutefois, tous ces facteurs de risque sont autant de leviers d’action pour prévenir les maladies. Ainsi, l’introduction des agents pathogènes peut être limitée par de nombreuses mesures (pédiluve, hygiène lors des mises bas, des soins, etc.), de même que leur multiplication et leur transmission (allotement par classe d’âge, nettoyage, désinfection, vide sanitaire, marche en avant, densité du paillage, gestion des malades, etc.). De plus, les défenses immunitaires de l’animal peuvent être renforcées par des actions non spécifiques (quantité et qualité du colostrum, soin du nombril, etc.) et spécifiques (vaccination et alimentation adaptées au troupeau). L’éleveur doit ainsi prendre conscience que la solution alternative aux antibiotiques passe avant tout par la prévention.

1 Agence nationale de sécurité sanitaire, Lyon 2012.

Renée de Cremoux UMT santé des petits ruminants de l’Institut de l’élevage, à Paris. Article rédigé d’après des présentations faites lors des 6 es journées techniques caprines à Najac (Aveyron), les 28 et 29 mars.

Nicolas Ehrhardt Observatoire des maladies caprines (Omacap), à Niort (Deux-Sèvres). Article rédigé d’après des présentations faites lors des 6 es journées techniques caprines à Najac (Aveyron), les 28 et 29 mars.

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