« Avec Véto2rue, ma démarche est avant tout sociale » - La Semaine Vétérinaire n° 1721 du 28/05/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1721 du 28/05/2017

ENTRETIEN AVEC ALEXIA THYPHONNET

ACTU

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR TANIT HALFON 

Véto2rue, projet imaginé par la jeune vétérinaire Alexia Thyphonnet, et déjà présent sur Facebook 1, entend mettre en relation les vétérinaires avec les personnes sans abri possédant des animaux.

Comment est né le projet ?

Dès le début de mon exercice professionnel, je me suis rendu compte que des rapports en apparence très simples me procuraient un vif plaisir à pratiquer mon métier. De là est née l’idée d’aller à la rencontre des sans domicile fixe (SDF), pour lesquels l’animal occupe une place fondamentale, et ainsi de puiser à l’essence même de ce métier, qui est, à mon sens, situé au cœur de la relation homme/animal. Le chien contribue, pour certains, à leur survie, mais est parfois, et paradoxalement, un frein vers la réinsertion. Les centres d’hébergement ne les acceptent pas, sauf rare exception ; il n’existe aucun chenil pour les animaux de SDF, etc. Cette démarche, en allant vers les plus marginalisés, permettrait alors peut-être, avec du temps, de faciliter un début de réinsertion sociale.

Quels sont les objectifs de Véto2rue ?

Dans un premier temps, je souhaite bénéficier de l’expérience et des compétences d’associations luttant contre l’exclusion sociale, afin d’entrer en contact avec cette population, appréhender les problèmes rencontrés spécifiquement dans la rue et analyser concrètement leurs besoins. Dans un second temps, l’idée serait de mettre en place un système de maraudes, afin de réaliser des soins d’urgence, si besoin, et de transporter en camionnette les animaux qui le nécessitent vers des structures vétérinaires partenaires.

À quelles associations faites-vous appel pour vous aider dans votre démarche ?

Je suis en contact étroit avec l’Armée du salut, qui me soutient. J’ai également joint l’association Médecins du monde qui, sur ma demande, va questionner les sans-abri sur leurs besoins. Il est aussi prévu que je participe à quelques maraudes avec eux. En revanche, je n’ai pas fait appel à des associations de protection animale, car la démarche est avant tout sociale.

Avez-vous déjà contacté les instances professionnelles officielles ?

Une première étape du projet a été de m’approcher du conseil régional de l’Ordre. Il n’y a porté aucune contre-indication sur le plan déontologique ; les questionnements étaient plutôt du domaine juridique, législatif et fiscal. L’intervention d’un juriste de l’Armée du salut, qui a accepté de rencontrer l’Ordre, a permis de mieux définir le cadre juridique du projet. Par exemple, il sera nécessaire d’établir un contrat de soins à titre gratuit avec le sans-abri. Avant délivrance des soins, et pour éviter toute concurrence déloyale, il faudra s’assurer que l’animal n’est pas déjà suivi par un autre vétérinaire. À la suite de cette rencontre, une convention, en cours de validation par l’Ordre, a pu être rédigée, dans laquelle la mission attendue ne sera pas de prodiguer des soins, mais d’entrer en contact avec les sans-abri, l’animal étant un vecteur facilitateur. Si le vétérinaire constate, ou est informé, de la nécessité de soigner l’animal, il est alors autorisé à le faire, mais exclusivement en cas d’urgence.

D’autres vétérinaires se sont-ils montrés motivés par cette démarche ?

Quelques-uns m’ont approchée via les réseaux sociaux lorsque j’ai commencé à communiquer sur le sujet. Pour l’instant, une consœur, Véronique Rigal, s’est proposée de m’aider à avancer dans l’élaboration du projet. Mais j’imagine qu’un certain nombre de vétérinaires seraient enthousiasmés à l’idée de pouvoir renouer avec des rapports simples et touchants, l’animal étant au cœur d’une interaction mutuellement enrichissante. J’ai pu aussi discuter avec Nathalie Simon, praticienne à Nantes, qui œuvre en ce sens via l’association Vétérinaire pour tous. Enfin, la centrale d’achat Centravet serait ravie de pouvoir contribuer matériellement à l’initiative.

Comment comptez-vous appréhender la problématique de la santé publique, à savoir les questions de zoonoses ou de dangerosité d’un animal ?

D’après les travailleurs sociaux que j’ai déjà rencontrés, un pourcentage non négligeable d’animaux a déjà vu un vétérinaire, et la prophylaxie, au moins vaccinale, est couramment respectée. Pour le reste, les questions sont les mêmes que celles auxquelles sont confrontés tous les praticiens, au sein des cliniques ou non.

1 facebook.com/Veto2rue.

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