Étude des facteurs influençant les pertes hivernales des colonies d’abeilles mellifères - La Semaine Vétérinaire n° 1720 du 20/05/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1720 du 20/05/2017

RECHERCHE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Le taux des colonies d’abeilles à remplacer chaque année est passé d’environ 10 % dans les années 1980 à environ 30 % dans les années 2000. Un des phénomènes induisant cette augmentation est la mortalité hivernale. Il est admis que l’affaiblissement des colonies au début de l’hiver explique ces pertes anormalement élevées. Face à ce constat, des chercheurs de l’Inra, de l’Itsap, de l’Acta et de l’UMT Prade1 ont entrepris d’identifier les facteurs de risque et indicateurs précoces des pertes hivernales des colonies d’abeilles domestiques2. L’objectif était d’évaluer les relations statistiques entre plusieurs paramètres des colonies à l’automne (état de développement, présence de Varroa, de Nosema sp. et de virus, biomarqueurs, pesticides) et leur perte ou survie hivernale.

Matériels et méthodes

1 318 colonies d’abeilles sont incluses dans cette étude, qui s’étale de l’automne 2012 à la fin du printemps 2015. Elles appartiennent à neuf apiculteurs professionnels transhumants, répartis équitablement dans trois régions de France : Aquitaine, Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca). Chaque apiculteur sélectionne deux ruchers de 24 à 25 colonies. Les ruches utilisées comportent 10 cadres. Un contrôle des colonies préalablement au début de l’étude s’effectue au mois de mars-avril. Les apiculteurs traitent leurs ruches contre Varroa destructor (Apivar®) fin septembre ou début octobre. L’état de développement des colonies s’évalue in situpar les apiculteurs, via la méthode ColEval® (Colony Evaluation). Ils estiment le pourcentage d’occupation du couvain operculé (nymphes) et ouvert (œufs et larves), les réserves de miel et de pollen, ainsi que le nombre d’ouvrières pour chaque face de chaque cadre de la ruche. Le taux d’infestation par Varroa destructor (mesuré deux fois par an, au moment du traitement Apivar® et 6 à 8 semaines plus tard), les charges virales en virus des ailes déformées (DWV), de la cellule royale noire (BQCV) et de la paralysie aiguë (ABPV), ainsi que l’évaluation quantitative de Nosema sp. constituent les paramètres pathologiques intégrés à l’analyse. La masse des corps gras contenus dans l’abdomen et le niveau d’expression des gènes codant pour la vitellogénine sont les deux biomarqueurs évalués. Enfin, les scientifiques analysent les résidus de pesticides contenus dans le pain d’abeilles (recherche de 487 pesticides).

Résultats et analyse des données

La moyenne de pertes hivernales est évaluée à 24 % (de 10,3 à 32 %, suivant l’année et la région). Les virus DWV et BQCV, de prévalences respectives 93 % et 51 %, ainsi que Varroa sont identifiés comme des facteurs de risque biologiques. Le virus DWV est corrélé négativement à la survie hivernale en Aquitaine et en Languedoc-Roussillon, de même que le virus BQCV pour l’Aquitaine. Varroa s’avère un facteur explicatif majeur des pertes hivernales pour 1 année en Languedoc-Roussillon, et pour 2 années en Paca. De plus, l’état de développement des colonies en automne a fortement joué sur la survie hivernale, avec des effets variables selon le contexte régional et annuel. Par exemple, en Languedoc-Roussillon et en Paca, la survie est augmentée pour chaque face de cadre de miel stocké supplémentaire. En Paca, elle l’est pour chaque face de cadre de couvain supplémentaire dans la ruche. En Aquitaine, le modèle a été insuffisant pour conclure. 41 % des pains d’abeille sont contaminés, avec un maximum de 7 résidus (49 molécules différentes trouvées sur les 487 testées), les fongicides étant les plus représentés, suivis des insecticides et des herbicides. Cependant, il n’a pas été possible de conclure sur leur implication dans la survie hivernale. Aucune relation statistique n’a été mise en évidence entre les facteurs Nosema sp. ou vitellogénine, et la survie hivernale, bien qu’ils soient identifiés comme indicateurs précoces de pertes dans une précédente étude. Au vu des résultats, le profil idéal de la colonie à l’automne, conférant plus de chances de survie en hiver, est défini par les chercheurs. Il inclut plus de 5 cadres de miel, 2 faces de cadres de couvain minimum, et moins de 1 Varroa phorétique pour 100 abeilles, 6 à 7 semaines après le traitement Apivar®. Pour ce dernier critère, l’apiculteur devrait traiter une seconde fois au-delà de ce seuil, par exemple avec de l’acide oxalique en l’absence de couvain.

1 Institut national de la recherche agronomique, Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation, Association de coordination technique agricole et unité mixte technologique Protection des abeilles dans l’environnement.

2 bit.ly/2r7TwRG.

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