Les oncologues européens réunis à Lyon

Le congrès de la Société européenne d’oncologie vétérinaire (ESVONC) s’est tenu du 20 au 22 avril dernier à Lyon (Rhône). Véritables challenges thérapeutiques, les cancers de la tête et du cou (principalement les carcinomes épidermoïdes) doivent bénéficier d’une prise en charge multimodale, associant chirurgie (selon les principes carcinologiques), radiothérapie, chimiothérapie, voire immunothérapie et thérapies moléculaires ciblées.

La cartographie des nœuds lymphatiques sentinelles, par exemple en utilisant des injections péritumorales de colorant bleu stérile, et leur examen histopathologique restent recommandés. La lymphangiographie indirecte, qui consiste en l’injection d’un produit de contraste iodé sous forme d’huile dans la tumeur, permet d’évaluer le drainage lymphatique, souvent altéré dans le processus de carcinogenèse, et de déterminer avec précision les nœuds lymphatiques sentinelles, qui ne correspondent pas nécessairement aux ganglions les plus proches de la tumeur. Elle doit donc être intégrée à un bilan d’extension adapté, éventuellement au cours d’un examen tomodensitométrique.

Un point complet sur les possibilités chirurgicales, avec comparaison de la prise en charge en médecine humaine, a également été présenté. Par exemple, selon une analyse rétrospective de 193 chiens ayant subi une maxillectomie, les complications intra-opératoires et postopératoires étaient variables et dépendantes de la technique appliquée, de la taille de la tumeur et de sa localisation. L’approche de Weber-Fergusson modifiée reste intéressante dans la réalisation des maxillectomies caudales.

L’électrochimiothérapie présente des effets intéressants dans la prise en charge des tumeurs de la tête et du cou, notamment dans les mélanomes oraux chez le chien (taux de réponse de 8 sur 10) et les carcinomes épidermoïdes superficiels chez le chat (taux de réponse de 81 %).

Traitement des mastocytomes : de l’animal à l’homme

Chez l’homme, les mastocytoses représentent un groupe rare d’entités cliniques, majoritairement au comportement biologique indolent. L’étude du chien comme modèle a permis l’émergence de thérapies ciblées (inhibiteurs des récepteurs à activité tyrosine kinase). Ces médicaments permettent un contrôle des mastocytomes cutanés non opérables avec, plus ou moins, présence de mutations de l’oncogène c-Kit. Le risque de résistance semble important, et leur utilisation en association avec la chimiothérapie conventionnelle, après ajustement des doses administrées, serait à privilégier. Cependant, les données pharmacologiques et toxicologiques sont encore incomplètes en médecine vétérinaire pour permettre une généralisation de ces protocoles. Certaines utilisations hors homologation sont également possibles chez le chien (carcinomes thyroïdien et nasal, adénocarcinomes des sacs anaux, lymphomes cutanés à cellules T, etc.) et chez le chat (mastocytomes, par exemple). Les essais cliniques chez l’homme, notamment dans la prise en charge des carcinomes pancréatiques de stade avancé, permettent d’envisager une future application chez les animaux de compagnie.

Immunothérapie : des balbutiements aux traitements d’avenir

L’immunothérapie est un groupe de traitements favorisant l’immunité antitumorale, ou inhibant certaines cellules immunitaires à activité protumorale. Chez le chien, le vaccin thérapeutique Oncept^© Melanoma est applicable à la prise en charge de certains mélanomes. Ce type de traitement peut être réalisé dans certains centres spécialisés en France. Son efficacité demeure cependant controversée. D’autres types d’immunothérapies restent applicables aux animaux de compagnie, notamment les vaccins autologues, aux applications encore balbutiantes (prise en charge des lymphomes B chez le chien, en association avec la chimiothérapie, par exemple) et qui, néanmoins, stimulent le système immunitaire de façon moins importante en comparaison avec un traitement hétérologue ou les cytokines (interféron alpha, par exemple). Ces traitements s’intègrent dans la stratégie thérapeutique multimodale d’une maladie microscopique, s’appliquent donc en complément de la chirurgie et/ou de la radiothérapie, et ne peuvent remplacer une chimiothérapie systémique. L’ostéosarcome et les lymphomes canins, ainsi que les sarcomes au site d’injection chez le chat (Oncept^© IL2) sont également des cancers où l’immunothérapie pourrait apporter une amélioration des taux de rémission et de survie.
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