Un test de détection des marqueurs génétiques du glaucome - La Semaine Vétérinaire n° 1717 du 29/04/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1717 du 29/04/2017

OPHTALMOLOGIE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : FRÉDÉRIC THUAL 

Avec la mise au point d’un test distribué aux vétérinaires français, le groupe de recherche Glaucogen contribue à améliorer la prise en charge et le pronostic du glaucome chez le chien.

L’histoire ressemble à celle des marqueurs génétiques du cancer du sein détectés chez l’actrice Angelina Jolie. Nous avons identifié des SNP, ou polymorphismes génétiques, c’est-à-dire des modifications du génome qui permettent de dire qu’un individu a une prédisposition génétique à développer un glaucome », explique Pierre-François Isard, spécialiste en ophtalmologie vétérinaire, membre du groupe de recherche Glaucogen fondé il y a quatre ans pour explorer la physiopathologie du glaucome, l’une des premières causes de cécité chez le chien. « Le glaucome est une maladie assez compliquée. L’alerte clinique est fruste chez les animaux. Le praticien intervient souvent quand le pronostic visuel est déjà engagé », précise le spécialiste, dont les travaux se sont appuyés sur des SNP déjà mis en évidence dans deux races canines au Japon. « L’outil génétique que nous venons de développer permet d’anticiper le risque de glaucome. » Développé sous l’appellation DiagnoVitae® en 2016 par l’équipe Menicon R&D Innovation Center (Genève, Suisse), ce test et ses kits de prélèvements ADN sont distribués gratuitement en France par la société de distribution spécialisée SAPV, appartenant au Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL). Chaque kit permet, à l’aide d’écouvillons, de prélever de l’ADN dans la gueule de l’animal, qui sera ensuite analysé par DiagnoVitae®. En cas d’identification de SNP associés au glaucome, la surveillance de la pression intraoculaire et des signes cliniques ainsi que des soins spécifiques sont mis en place afin d’améliorer le pronostic . « Des traitements existent, mais ils restent aléatoires, notamment en raison de la détection tardive. Alors, comme chez l’homme, c’est une course de vitesse. C’est l’une des premières causes de cécité chez le chien comme chez l’homme, d’ailleurs », insiste Pierre-François Isard. Sur la population mondiale, le glaucome toucherait 1 % des animaux. « C’est à la fois peu, mais c’est surtout une maladie très invalidante, fréquemment rencontrée chez le golden retriever, le jack russell terrier et le husky sibérien, entre autres. »

De l’animal à l’homme

« Si nos résultats sont incontestables, il faut maintenant affiner l’adéquation entre les tests génétiques et la réalité clinique. Il est pour cela nécessaire de travailler sur des cas plus nombreux », affirme Pierre-François Isard. Déjà engagé dans une étude prospective avec le Réseau européen en ophtalmologie vétérinaire et vision animale (Reovva), le groupe Glaucogen a reçu le concours de l’association Handi’chiens et de la Fondation Visio, qui leur a ouvert les portes de l’école des chiens guides d’aveugles. Un suivi sur 300 à 400 chiens par an, soit 3 000 à 4 000 animaux testés durant les dix ans que devrait durer l’étude, va ainsi être permis. « Plus que d’un soutien financier, le groupe Glaucogen avait besoin d’un relais pour toucher des chiens guides et assurer la communication autour du test génétique », explique Pascale Humbert, responsable du mécénat et des grands donateurs à la Fondation Visio qui, l’an dernier, a créé un pôle de recherche vétérinaire pour soutenir des programmes de recherche destinés à favoriser la naissance de chiots en parfaite santé. Car un chien guide coûte cher. « Et je vous laisse imaginer les conséquences psychologiques d’un aveugle qui perd son chien parce qu’il est atteint de cé cité », souligne-t-elle. Principales exigences de ces programmes : qu’ils concernent les races prédisposées à l’accompagnement d’aveugles et que les recherches sur ces pathologies puissent être transposables à l’homme. « Et là, nous étions tout à fait dans ce contexte », affirme Pascale Humbert.

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