ÉcoAntibio 2 : le plan des thérapies alternatives - La Semaine Vétérinaire n° 1717 du 29/04/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1717 du 29/04/2017

ANTIBIORÉSISTANCE

ACTU

ÉVÉNEMENT

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL  

Le second plan ÉcoAntibio met l’accent sur les alternatives thérapeutiques, avec des mesures plus incitatives que réglementaires.

Le contenu du second plan ÉcoAntibio1 a été dévoilé le 19 avril dernier par le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll. Ce nouveau plan s’inscrit dans la continuité du premier, avec comme objectif la poursuite les actions menées pour réduire les risques d’antibiorésistance en médecine vétérinaire. Adopté pour cinq ans (de 2017 à 2021), le programme donne plus de place aux mesures incitatives, démontrant ainsi que les recommandations2 du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) pour moins de pression réglementaire ont été prises en compte. Par ailleurs, à la différence du premier plan ÉcoAntibio, celui-ci ne contient aucun objectif chiffré de réduction, à l’exception de la colistine dont l’usage devra être réduit de 50 % en cinq ans.

La fin du temps réglementaire ?

En quelques années, le cadre réglementaire de la lutte contre l’antibiorésistance s’est particulièrement étoffé, notamment avec la mise en œuvre de la loi d’avenir du 13 octobre 2014 (fin des ristournes, utilisation des antibiotiques critiques, loi “anti-cadeaux”, etc.). Dans son rapport d’évaluation du plan ÉcoAntibio 2012-2016, le CGAAER souligne qu’« une demande de stabilisation réglementaire s’exprime clairement chez les vétérinaires et les éleveurs », ainsi que la crainte d’une démobilisation des acteurs privés, en réaction à la pression réglementaire. « Certains réclament même un “moratoire” réglementaire », ajoute l’autorité administrative. Face à ces constats, le CGAAER recommande à l’administration de lever le pied. « Il s’agit également pour l’administration d’ajuster au plus près le niveau de pression réglementaire à l’impact réel des mesures sur l’effet recherché, en gardant bien présent le souci de la compétitivité des élevages dans le marché communautaire ou mondial. » Le second plan ÉcoAntibio marque ainsi sa différence avec le premier, autour de 20 actions réunies en quatre axes stratégiques, en mettant l’accent sur des mesures plus incitatives que réglementaires. Toutefois, des actions restent envisagées sur le terrain réglementaire, telles que la déclaration obligatoire de toute cession d’antibiotiques (aucun calendrier n’a été précisé), la possibilité de délivrer des antibiotiques à l’unité ou encore l’éventuelle évolution du cadre réglementaire de la prescription “hors examen clinique”.

La colistine, - 50 % en cinq ans au lieu de trois

À la différence du plan ÉcoAntibio 1, le second prévoit un objectif chiffré uniquement pour la colistine. Une action concerne la maîtrise de l’usage de la colistine en médecine vétérinaire, avec une réduction spécifique de 50 % en cinq ans de la prévalence de bactéries E. coli productrices de ß-lactamase à spectre étendu (BLSE) sur les prélèvements de volailles (poulets de chair) au stade de la distribution, avec pour référence la moyenne des années 2014 et 2015. Le plan va au-delà des recommandations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui préconisait, dans un avis3 du 12 octobre 2016, de ne pas classer la colistine sur la liste des antibiotiques critiques, mais de « renforcer le contrôle de son usage et de fixer un objectif de réduction de son utilisation de 50 % en trois ans ». Cet objectif s’inscrit également dans la droite ligne des objectifs fixés par l’Agence européenne des médicaments (EMA), qui invite les États membres à réduire l’utilisation de la colistine chez les animaux à un niveau de 5 mg de colistine par PCU4. Le plan ÉcoAntibio 2 prévoit par ailleurs le développement de tests de diagnostic rapides et fiables.

Le plan des alternatives

Ce nouveau plan met particulièrement en avant les alternatives possibles aux antibiotiques, auxquelles un axe est dédié. La recherche dans le domaine des traitements alternatifs aux antibiotiques est encouragée (phytothérapie, aromathérapie, phagothérapie, etc.), de même qu’une réglementation adaptation.

« Nous notons une volonté forte d’apporter des actions concrètes dans le domaine des alternatives aux antibiotiques. (...) Le médicament demeure au cœur de la santé animale, nous pourrons trouver des alternatives et axer nos efforts sur la prévention. Nous appelons à un cadre réglementaire adapté afin d’évaluer les méthodes alternatives proposées. Sur cette question, des solutions doivent être développées au niveau européen », souligne Marie-Anne Barthélémy, secrétaire générale du Syndicat de l’industrie du médicament et réactif vétérinaires (SIMV). À noter que les mesures de prévention sanitaire (conditions et pratiques d’élevage, hygiène, nutrition des animaux, génétique, etc.) et zootechnique tiennent également une place de choix. De même, le plan encourage l’usage des vaccins, y compris pour les maladies virales, et la mise en place de visites sanitaires obligatoires en élevage sur les thèmes de la prévention des maladies infectieuses, de la biosécurité et de la lutte contre l’antibiorésistance.

Encore plus de communication et d’outils

La communication, la sensibilisation et l’information restent des modes d’action privilégiés. Dans la continuité du premier plan ÉcoAntibio, un volet santé animale sera intégré dans la campagne de communication nationale et interministérielle pour la sensibilisation à la prévention de l’antibiorésistance. En parallèle, le portail interministériel d’information et de sensibilisation du grand public et des professionnels sur l’antibiorésistance sera complété par des informations spécifiques à la santé animale. Autre mesure de poids : des outils d’autoévaluation et de suivi de la consommation d’antibiotiques (base de données de déclaration des ventes d’antibiotiques, guides de bonnes pratiques mis à jour, tests de diagnostic, etc.) seront mis à la disposition des vétérinaires (évaluation de leurs prescriptions) et des éleveurs (évaluation de leurs administrations). Le périmètre d’action du Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) pourrait être plus large (autres laboratoires, autres techniques). Par ailleurs, la formation initiale et continue des vétérinaires et des futurs vétérinaires demeure un sujet important, de même que l’appui des référents régionaux en antibiothérapie.

1 bit.ly/2orLO7W.

2 bit.ly/2q0iYJb.

3 bit.ly/2f0vJC7.

4 Population correction unit.

UN DEUXIÈME PLAN PLUS INCITATIF

« Plus de 24 heures de réunions physiques avec les parties prenantes ont été consacrées en début d’année aux consultations pour l’élaboration de ce nouveau plan. Il n’est pas en rupture avec le premier, il en est au contraire l’héritier et la continuité. La grande nouveauté est que ce plan est plus ramassé (20 actions au lieu de 40 précédemment) et s’inscrit dans la feuille de route interministérielle de maîtrise de l’antibiorésistance et davantage dans le projet agroécologique du ministère. Notre ambition est d’évaluer, de valoriser et de consolider ce qui a été fait au cours du plan ÉcoAntibio 1. Il s’agit aussi de maintenir la mobilisation des vétérinaires et des éleveurs avec davantage de mesures incitatives (outils d’autoévaluation, communication, sensibilisation, formations initiale et continue, réseau de vétérinaires régionaux référents en antibiothérapie) que de nouvelles mesures réglementaires. La biosécurité est également montée en puissance dans ce deuxième plan ÉcoAntibio, afin de maintenir les animaux en bonne santé, via notamment l’amélioration des conditions d’élevage ou des campagnes de vaccination. Aucune borne rigide de calendrier n’est fixée dans le plan ÉcoAntibio 2, qui s’étendra sur cinq années pleines (2017 à 2021 inclus). »

Olivier Debaere, chef du bureau des intrants et de la santé publique en élevage à la Direction générale de l’alimentation (DGAL).

Propos recueillis par M. I.-M.
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