Un aigle de compagnie

Début 2014, d’impressionnants portraits – par Asher Svidensky – d’une jeune Mongole de 13 ans et de son aigle royal sur fond de splendides paysages circulent sur la toile et donnent au réalisateur Otto Bell l’idée d’en réaliser l’histoire filmée. Avec le photographe, il part rencontrer l’adolescente et la filme capturant un aiglon dans son nid, puis, fin 2014, participant à la compétition annuelle du festival des Aigles d’Ölgi, qu’elle remporte. Enfin, il la suit l’hiver dans les montagnes pour l’ultime rite initiatique d’une chasse au renard à cheval avec son père.

En janvier 2016, la sélection du documentaire au festival du film de Sundance (Utah, États-Unis) met à nouveau la jeune nomade sous les feux des projecteurs et garantit la rentabilité de la production : achetés par Sony, les droits du film seront également vendus pour son adaptation animée. Rarement pourtant, un documentaire aura été si peu à la hauteur de ses protagonistes. Mêlant l’éloquence d’un conte Disney à celle d’une plaquette touristique, la réalisation compense ses carences par de belles images… empesées d’une musique convenue et d’une voix off sur-explicative. Moins excusable, le film, pour être plus édifiant, cherche à nous persuader que la détermination d’Aisholpan transgresse une tradition ancestrale monopolisée par les hommes. C’est à la fois dénaturer la culture peu misogyne de ces nomades d’Asie centrale et dissimuler que d’autres femmes, depuis longtemps, y pratiquent cette chasse insolite avec les aigles¹.
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¹ Voir l’étude historique documentée d’Adrienne Mayor : stanford.io/2cDG0Bt (en anglais).

La Jeune Fille et son Aigle d’Otto Bell, avec Aisholpan Nurgaiv, Nurgaiv Rys, Almagul Kuksyegyen, 1 h 27, dans les salles depuis le 12 avril.