Chien de compagnie, chien de service ou d’action : tous travaillent ! - La Semaine Vétérinaire n° 1714 du 06/04/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1714 du 06/04/2017

ÉTHIQUE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : LORENZA RICHARD 

Tenir compagnie à l’homme serait un vrai travail pour le chien, et les chiens d’utilité développeraient un sens moral, selon des sociologues.

Et si la compagnie était aussi un travail pour le chien ? Et si travail et morale étaient liés aussi chez l’animal ? Telles sont les questions posées par deux sociologues, Jocelyne Porcher et Sébastien Mouret, de l’équipe Animal’s Lab de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) au séminaire Dog Revolution , en octobre dernier à Paris.

La maîtrise de soi est un travail permanent

Qu’est-ce que “tenir compagnie” pour un chien ?, a demandé Jocelyne Porcher. Il s’agit de passer du temps avec son compagnon humain, de rechercher l’interaction avec lui, d’être aimable, sociable, de se laisser faire (laver, parfois habiller, etc.), et de témoigner son affection. C’est ainsi un vrai travail, car le chien de compagnie doit prendre sur lui 24 h/24. Notamment en milieu urbain, il doit en effet avant tout ne rien faire : rester couché quand son maître est au bureau, être calme et obéissant quand il est là. Toutefois, il n’a pas appris à ne rien faire, mais il a intégré ce comportement, l’a compris à travers la relation qu’il a avec son compagnon humain. Ce travail de maîtrise de lui-même démontre une énorme adaptabilité de l’animal et une grande intelligence.

Pourtant, ces efforts permanents d’implication subjective du chien dans sa relation avec son propriétaire ne sont pas reconnus. Les animaux qui font ce qu’on attend d’eux reçoivent une croquette, en récompense. Exprimer de la reconnaissance pour le travail que fait le chien est plus compliqué, et ce d’autant plus que le travail de compagnie s’effectue dans le cadre de la relation homme-chien, et qu’il est invisible pour l’homme. Ainsi, de nombreux problèmes relationnels peuvent être liés à l’absence de cette reconnaissance. Peut-être que donner un moment de repos, de “hors travail”, à l’animal serait une façon de reconnaître son effort pour faire son travail, qui est de tenir compagnie. Lui offrir un moment de balade et d’évasion hors de chez lui chaque jour, sans laisse, par exemple, est essentiel. Il peut alors ne plus se contenir, ne plus réprimer ses actions, et s’épanouir, pendant que son propriétaire le suit…

Le travail sollicite le sens moral des chiens

Sébastien Mouret a, de son côté, émis l’hypothèse que les chiens seraient pourvus d’un sens moral, qui serait sollicité dans leur travail avec des humains. Pendant six mois, il a étudié de manière ethnographique, d’une part, le processus d’éducation des chiens guides d’aveugles et, d’autre part, le processus de dressage des chiens de patrouille de police nationale. Ces deux catégories de chiens de travail doivent développer des qualités particulières, de responsabilité pour les premiers, de courage pour les seconds. Les chiens guides d’aveugles sont des travailleurs du care dont le rôle est de prendre soin de personnes fragilisées grâce, notamment, au développement de leur esprit d’initiative. L’éducation vise ici à accroître leur intelligence pratique, leur adaptabilité et leur inventivité face à des situations changeantes, afin de répondre aux besoins d’autonomie et de sécurité des personnes aveugles. En revanche, les chiens de patrouille sont dressés à ne pas être en proie à la peur en contexte de travail policier, et à utiliser des techniques de défense et d’intervention : la frappe muselée et le mordant, dont l’usage par les cynopoliciers relève de la légitime défense. La qualité de courage se définit par l’expression interspécifique de l’agressivité canine. Or l’exercice de la violence n’est pas naturel pour les chiens, il doit être construit socialement. Le dressage en ring vise à l’apprentissage de la frappe muselée par l’usage d’une récompense particulière : la morsure dans un costume de protection. Cette modalité de dressage a une fonction subversive : elle favorise l’agressivité des chiens envers les humains. De plus, contrairement à l’éducation des chiens guides d’aveugles dont la sociabilité avec des humains est développée, celle des chiens de patrouille est limitée au cours de leur dressage afin de favoriser leur agressivité interspécifique. Cela diffère du dressage pratiqué dans le monde du sport canin. Ainsi, selon le type de travail auquel les chiens doivent collaborer, leur sens moral est soit développé, soit atrophié.

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