Les antibiotiques ne tuent pas les bactéries ? - La Semaine Vétérinaire n° 1711 du 18/03/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1711 du 18/03/2017

ANTIBIORÉSISTANCE

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL  

Une récente enquête commandée par l’EFSA s’intéresse à la perception des citoyens européens à l’égard de l’antibiorésistance dans les élevages. L’étude révèle des attentes fortes quant à l’encadrement de leurs usages. Par ailleurs, le vétérinaire reste une source importante d’informations sur le sujet.

Une nouvelle enquête1, publiée le 6 mars par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), sur l’antibiorésistance dans les élevages et la perception de son impact sur la santé publique démontre qu’un long chemin reste à parcourir concernant la sensibilisation des consommateurs à ces problématiques. Pour les besoins de l’enquête, 250 Européens de 12 pays ont été sollicités (Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni et Slovaquie). De leur côté, les vétérinaires et les 60 éleveurs de porcs et de volailles sondés dans cinq pays (Danemark, Espagne, Pologne, Roumanie et Royaume-Uni) ont démontré une meilleure maîtrise du sujet. L’enquête en ligne a été complétée par 3 002 répondants, ce qui a donné un échantillon de 250 répondants par pays. Le panel interrogé étant réduit, les résultats ne sont pas représentatifs de la perception des Européens sur les problématiques liées à l’antibiorésistance, mais « offrent des idées qui peuvent éclairer les stratégies de communication des États membres », indique Shira Tabachnikoff, chef de projet (EFSA).

Les vétérinaires et les éleveurs à niveau

Les vétérinaires et les éleveurs sondés comprennent mieux que les consommateurs la relation entre l’utilisation des antibiotiques en élevage, la résistance bactérienne et la santé humaine. Ils observent une baisse de l’efficacité des antibiotiques sur les porcs et les volailles, mais estiment en avoir un usage raisonné. La plupart des vétérinaires interrogés ne lient cependant pas l’antibiorésistance à l’utilisation des antibiotiques en élevage et identifient d’autres causes, telles que le manque d’hygiène dans les exploitations et l’utilisation excessive des antibiotiques en médecine humaine. Enfin, une minorité d’éleveurs et de vétérinaires contestent la thèse selon laquelle l’utilisation d’antibiotiques en élevage constitue une menace pour la santé humaine, même s’ils comprennent généralement les mécanismes par lesquels le transfert peut se produire.

Des consommateurs plus ou moins sensibilisés

Près de 70 % des Européens interrogés reconnaissent manquer de connaissances sur l’utilisation des antibiotiques chez les animaux d’élevage, quand seulement 25 % d’entre eux estiment avoir une connaissance suffisante sur le sujet et demandent plus de contrôles. Le constat n’est pas si surprenant. Seules trois déclarations ont obtenu des réponses majoritairement correctes de la part des répondants :

- les antibiotiques sont utilisés pour guérir les infections chez les animaux d’élevage (73 % de « vrai ») ;

- les antibiotiques sont utilisés pour prévenir l’infection chez les animaux d’élevage (59 % de « vrai ») ;

- les antibiotiques ne tuent pas les bactéries (56 % de « faux »). Les consommateurs français ne font pas partie des bons élèves, puisque l’Estonie, la France et le Royaume-Uni sont les pays dont les ressortissants ont donné les moins bonnes réponses, versus l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas, qui obtiennent les meilleurs scores. Par ailleurs, 17 % des sondés indiquent avoir changé « leurs habitudes alimentaires au cours des 12 derniers mois, du fait de la résistance aux antibiotiques chez les animaux d’élevage destinés à la consommation humaine ».

Les antibiotiques tuent les virus ?

Si ces résultats peuvent laisser penser que les répondants ont un niveau de connaissance suffisant, moins de 50 % des sondés ont répondu correctement aux affirmations suivantes :

- les antibiotiques tuent les virus (47 % de « faux ») ;

- les antibiotiques sont davantage utilisés pour traiter les gens que les animaux (40 % de « faux » et 18 % ne se sont pas prononcés) ;

- les antibiotiques stimulent la croissance des animaux d’élevage (35 % de « vrai » et 21 % ne savent pas) ;

- les antibiotiques utilisés sur les animaux d’élevage sont différents de ceux utilisés sur les personnes (35 % de « faux » et 21 % ne savent pas).

Le vétérinaire, source d’information

Selon l’EFSA, l’enquête met en évidence un manque de sensibilisation des consommateurs sur la résistance aux antibiotiques. En dehors des médias2 (télévision, Internet, etc.), les vétérinaires, au même titre que les médecins et les scientifiques, constituent l’une des sources les plus fiables d’information sur le sujet. De même, les éleveurs considèrent leurs vétérinaires comme l’une des premières sources fiables d’information sur l’antibiorésistance.

1 bit.ly/2lX3x5Z.

2 bit.ly/2mnI8ya.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr