La métamorphose

Le cinéma russe s’est effondré après la chute du régime soviétique. Redevenu prolifique à partir du milieu des années 2000, mais pollué par de nombreuses productions commerciales sans intérêt, il ne bénéficie plus d’une aura internationale. Un cinéma d’auteur ambitieux continue pourtant de se perpétuer grâce à des réalisateurs comme Andreï Zviaguintsev (Le Retour)… ou désormais Ivan I. Tverdovsky qui, à 29 ans, signe ici un second long métrage d’une modestie très originale. Plus malicieux que le suggère son apparent réalisme social, Zoologie est une fable tragi-comique délicate qui s’interroge avec humour et mélancolie sur la liberté d’affirmer sa singularité dans une société plombée – telle que peut l’être la Russie postcommuniste – par le conformisme morne et la crédulité populaire.

En charge des commandes d’aliments d’un zoo d’une petite ville balnéaire au sud du pays, une terne quinquagénaire subit les humiliations répétées de ses collègues et l’autorité de sa mère dévote et superstitieuse avec qui elle habite. Quand l’incroyable se présente sous la forme d’une étonnante queue (animatronique) qui lui pousse au bas du dos, Natasha s’en accommode et, grâce à l’intérêt – plus que professionnel – que lui manifeste un jeune manipulateur radio rencontré à l’hôpital, retrouve confiance en elle. Opérant alors une métamorphose intime qui lui insuffle une seconde jeunesse, Natasha va se confronter à la difficulté d’assumer sa différence effrontée, symbolisée par cette queue.
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Zoologie d’Ivan I. Tverdovsky, avec Natalia Pavlenkova, Dmitry Groshev, Irina Chipizhenko, Russie-France-Allemagne, 1 h 27, VO russe sous-titrée en français, sortie le 15 mars.