Endiguer la FCO nécessiterait au moins cinq ans de vaccination généralisée - La Semaine Vétérinaire n° 1711 du 18/03/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1711 du 18/03/2017

ANALYSE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : STÉPHANIE PADIOLLEAU  

L’EFSA dresse une analyse critique des mesures de contrôles de la fièvre catarrhale ovine, en particulier relatives à la vaccination et à la protection contre les vecteurs.

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a examiné1 les principales mesures de contrôles relatives à la fièvre catarrhale ovine (FCO) à la demande de la Commission européenne. Cela afin de mettre à jour les préconisations requises en Europe, en particulier pour s’assurer que les échanges d’animaux vivants entre États membres soient effectués en limitant le risque de transmission de la maladie à une zone indemne.

Vaccination : oui, mais sur une longue période

Afin de déterminer l’efficacité de campagnes de vaccination, et d’évaluer la durée minimale requise pour envisager une éradication, l’EFSA a modélisé des épidémies dans plusieurs secteurs européens qui se distinguent par leur densité d’élevage et leur écologie vectorielle : France, Royaume-Uni, Espagne et Sardaigne. Elle conclut qu’en aucun cas les conditions d’éradication ne sont atteintes après trois ans de vaccination de 95 % des ruminants domestiques. La maladie refait surface, de manière plus ou moins détectable selon le système de surveillance, environ deux ans après la fin de la vaccination. Dans le cas des pays du sud de l’Europe, où le vecteur principal est Culicoides imicola, les conditions d’éradication ne sont pas obtenues même après une campagne de vaccination d’une durée de cinq ans, avec immunisation de 95 % de la population domestique sensible. Par contre, dans le cas de la France et du Royaume-Uni, où le vecteur dominant est le complexe obsoletus/scoticus, une prévalence suffisamment faible pourrait être atteinte après cinq années de vaccination constante et généralisée. Sans vaccination, la FCO s’installe de manière endémique au sein des populations domestiques, avec une prévalence d’infection faible, de l’ordre de 1,5 % chez les bovins et de 0,6 % chez les ovins, associée à une prévalence sérologique plus élevée (bovins : 45 %, ovins : 14 %). Les preuves formelles de l’implication des ruminants sauvages ne sont pas encore apportées, mais le cerf (red deer) pourrait jouer un rôle épidémiologique, ainsi que d’autres espèces en cas de forte densité de population, et maintenir une circulation à très bas bruit permettant des résurgences. Cela devra toutefois être confirmé par des analyses annuelles sur les jeunes individus.

Indemne : chercher une prévalence inférieure à 1 %, pas à 5 %

Pour démontrer qu’un État est indemne après une épizootie, la réglementation en vigueur demande un système de surveillance capable d’indiquer que la prévalence demeure inférieure à 5 %. L’EFSA considère qu’il faudrait revoir ce seuil et le baisser à 1 %. Elle s’appuie sur la situation française, où, malgré un système de surveillance cohérent avec la réglementation, la FCO a pu évoluer à des seuils indétectables avant de refaire surface.

L’EFSA a également étudié les protocoles liés aux échanges, et les seuils en vigueur pour diminuer le risque de diffuser la maladie de zones atteintes vers des zones indemnes. En ce qui concerne les contrôles effectués sur les animaux, l’ADN viral persiste dans le sang quatre à cinq mois chez les bovins et les ovins, et jusqu’à deux mois chez les caprins, alors que des particules virales infectieuses sont détectées jusqu’à 50 jours après infection chez les bovins et 30 jours chez les petits ruminants. La durée de protection des nouveau-nés par les anticorps colostraux (lorsque les mères sont vaccinées) varie selon le vaccin, le nombre de doses administrées à la mère et le stade de gestation quand elle a été vaccinée, le volume de colostrum ingéré et son poids. La présence d’anticorps neutralisants chez les jeunes ovins nés de mères vaccinées varie de 16 à 270 jours (moyenne : 210) et chez les jeunes veaux de 70 à 113 jours (moyenne : 84). D’autre part, l’EFSA recommande que les jeunes ovins et bovins (absence de données chez les caprins) soient primovaccinés deux fois en période d’activité vectorielle et de circulation virale, avant 3 mois d’âge et de nouveau à 6 mois, et en dehors de ces périodes une seule fois vers 5 à 6 mois d’âge. Une majorité d’animaux sont immunisés 21 jours après la vaccination (vaccin inactivé) et plus de 80 % après 28 jours, mais cela varie de 3 à 48 jours selon des facteurs individuels, le vaccin, le protocole, le test de diagnostic, etc.

Conduite en bâtiment et insecticides

Les mesures de lutte antivectorielle ont également été passées au crible. La définition de la période saisonnièrement indemne ne devrait pas être modifiée. Selon l’Efsa, rien ne vient contredire le seuil relatif au piégeage des vecteurs (absence de C. imicola ou moins de cinq femelles pares des autres espèces). L’organisme recommande toutefois de générer des cartes d’activités des principaux vecteurs en Europe, de valider les modèles prédictifs et d’étudier plus précisément la biologie des vecteurs (survie à basses températures, influence de la température sur la réplication, etc.).

L’analyse des méthodes employées pour protéger les ruminants des vecteurs montre que la conduite en bâtiments n’est efficace que lorsqu’un fort degré de confinement peut être atteint, mais sans toutefois réduire le risque à néant. L’utilisation seule d’insecticides pour on sur les animaux serait dix fois moins efficace qu’un bâtiment vector proof.

L’Efsa est également en train de produire un classement des sérotypes de la FCO, qui devrait déboucher sur des recommandations spécifiques selon le sérotype.

1 bit.ly/2mZjVSM.

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