L’esprit du compagnonnage aujourd’hui : un vœu pieu ou une urgence ? - La Semaine Vétérinaire n° 1710 du 11/03/2017

La Semaine Vétérinaire n° 1710 du 11/03/2017

FORUM

@... VOUS !

Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD

ON A TOUS DÉBUTÉ UN JOUR !

La voie royale du compagnonnage en milieu rural, ce sont les stages tutorés, très encadrés, avec un cahier des charges précis, mis en place depuis 2011 en parcours de 5^e année par les écoles vétérinaires. En parallèle, certaines structures proposent aussi aujourd’hui des sortes d’assistanats privés, abusivement et trompeusement apparentés à l’internat des écoles vétérinaires, où l’on trouve actuellement le meilleur comme le pire ! Le pire, c’est quand il existe seulement en théorie un accompagnement par des vétérinaires seniors, et que les jeunes diplômés sont surtout incités à suivre des protocoles, des consignes, sans déranger personne. En ayant notamment à prendre en charge les gardes, l’accueil de clients de nuit, la gestion des animaux hospitalisés, etc. Dans ce cadre, certaines structures prétendent même ne plus pouvoir à la fois former et payer les jeunes au niveau de la convention collective ! Il est impératif que la profession revienne à des formules qui favorisent un réel échange des connaissances, avec des salariés payés à leur juste valeur. En discutant ensemble des cas, dans des horaires normaux. Heureusement, cet esprit de compagnonnage existe toujours chez de nombreux confrères. D’ailleurs, constituer un pool de stagiaires est aujourd’hui essentiel pour parvenir à trouver quelqu’un de motivé pour travailler dans sa structure.
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Christophe Hugnet

IL FAUT DISCUTER, CHAQUE JOUR

Jeune professionnel sorti en 2013, j’ai eu la chance de faire un remplacement pour congé maternité, avec la vétérinaire présente en permanence durant les 15 premiers jours ! En matière de formation, de fait, le compagnonnage débute dès les premiers stages. En réalité, c’est un métier où l’on apprend en permanence. En débutant, j’ai considéré qu’une condition indispensable de la pratique était d’avoir chaque jour un moment pour en discuter. Savoir poser un diagnostic, c’est une chose, mais on a besoin d’être accompagné dans le suivi thérapeutique et le relationnel avec la clientèle. Par exemple, moi qui suis fils d’agriculteur, je sais qu’il ne faut pas prendre les éleveurs de haut, qu’il convient de les accompagner dans leurs démarches sans suggérer qu’on connaît tout ! Il est également important de se rendre compte des réalités du terrain, de savoir se remettre en question… La clinique de Sienne, où je travaille actuellement, accueille régulièrement des stagiaires, qu’elle fait participer le plus possible, afin de les rendre autonomes. Car ce sont ensuite des contacts possibles pour de futurs remplacements. Nous y avons déjà aussi accueilli plusieurs jeunes professionnels en stages tutorés. Dans ce cadre, le compagnonnage va encore plus loin. Certes, c’est chronophage, mais comme il est stimulant d’être, par exemple, poussé à justifier un diagnostic !
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Jean-Philippe Allix

INDISPENSABLE POUR TROUVER DES AIDES

Notre structure comprend cinq vétérinaires associés et deux collaborateurs libéraux. Nous avons toujours accueilli beaucoup de stagiaires, toutes années confondues. Nous essayons de leur laisser faire le plus de gestes possibles. Par exemple, en fin de 5^e année et avec un stage prévu dans la durée, le futur praticien doit devenir autonome en obstétrique. Le stage me paraît indispensable pour passer de la théorie scolaire à la réalité quotidienne sur le terrain. Généralement, on leur demande de réaliser une présentation hebdomadaire sur un sujet précis. Avec ce type d’exercice, le stagiaire est obligé d’intégrer les noms des spécialités pharmaceutiques en rapport avec les principes actifs appris précédemment. Les discussions qui en découlent nous astreignent, nous aussi, à rester rigoureux. Par ailleurs, il ne faut pas se leurrer : cela nous facilite aussi la recherche de l’indispensable aide. Certes, il est possible de recruter via les petites annonces, mais la façon la plus efficace passe par l’embauche du stagiaire en fin d’année scolaire. Une nouveauté pour nous cette année : un stage tutoré et un “contrat moral” pour chacune des parties pour se revoir la saison prochaine. Cela nous permet aussi de garder un pied dans les différentes écoles vétérinaires avec un réseau des anciens stagiaires qui se refilent les bonnes adresses !
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Régis Urbini

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