Les rôles du colostrum et du lait mieux connus - La Semaine Vétérinaire n° 1709 du 02/03/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1709 du 02/03/2017

NÉONATALOGIE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : MARINA CHAILLAUD 

La qualité énergétique et immunitaire du colostrum conditionne la viabilité des chiots nouveau-nés. L’approche de la période néonatale doit s’orienter vers une prise en charge individuelle et la détection des animaux à risque.

Le centre NeoCare, créé en juin 2016 à l’École nationale vétérinaire de Toulouse1, est dédié à l’élevage, à la reproduction et à la pédiatrie canine et féline. Il a organisé, le 31 janvier dernier, une soirée consacrée au colostrum et au lait. À cette occasion, Sylvie Chastant-Maillard, responsable du centre, a présenté les dernières données scientifiques relatives au colostrum canin. Ainsi, ce dernier se révèle plus concentré en immunoglobulines G (IgG) que le lait. Cependant, cette concentration chute rapidement (de 50 % pour les petites races et de 75 % pour les grandes races au cours des 24 premières heures post-partum). Le chiot, quant à lui, ne peut absorber que 40 % des IgG colostrales ingérées à sa naissance, puis plus que 10 % à 12 heures de vie et, enfin, 0 % ou presque à 24 heures de vie, en raison de la fermeture précoce de sa barrière intestinale. La qualité immunologique du colostrum (sa concentration en IgG) varie énormément d’une chienne à une autre (d’un facteur 20), et également d’une mamelle à une autre chez une même femelle (d’un facteur 2). Seule la vaccination de la mère contre les agents pathogènes d’intérêt (herpèsvirus et parvovirus) pourrait avoir une influence positive sur la qualité du colostrum, en favorisant la synthèse d’anticorps spécifiques. Par ailleurs, la densité de celui-ci, évaluable à l’aide d’un réfractomètre, n’est pas un bon indicateur de sa concentration en IgG : il est donc impossible d’évaluer la qualité immunologique d’un colostrum au chevet de la chienne. Quant à sa valeur énergétique, elle est moins variable que la qualité immunologique, avec une variation d’un facteur 2 d’une chienne à l’autre, et de seulement 11 % entre les mamelles d’une même femelle. Les qualités immunologique et énergétique du colostrum sont influencées par la parité, l’âge et le format de la chienne : les grandes races ont tendance à sécréter un colostrum moins énergétique.

Mortalité néonatale et qualité du lait

La croissance précoce du chiot, entre sa naissance et deux jours, est le reflet de sa prise énergétique, ainsi que de la qualité du transfert immunologique passif entre sa mère et lui. Dans 70 % des cas de mortalité néonatale (entre 2 et 21 jours), le chiot avait perdu entre 5 et 10 % de son poids de naissance au cours des deux premiers jours de vie, d’après des travaux menés par NeoCare. Un déficit du transfert de l’immunité passive seul, défini par un taux circulant d’IgG inférieur à 2,3 g/l à l’âge de deux jours, est associé à une augmentation de 13 % du taux de mortalité précoce, selon une étude conduite à NeoCare. Les facteurs impliqués sont multiples, et liés au comportement du chiot et/ou de sa mère, à la qualité du colostrum et à la capacité d’absorption intestinale du nouveau-né. En comparaison, un défaut énergétique du colostrum isolé n’entraîne que 6 % de mortalité précoce.

Supplémenter un chiot

Les déficits de transfert d’immunité passive sont fréquents et touchent environ un chiot sur cinq, tandis que les carences énergétiques concernent un chiot sur quatre. Pour les détecter, les seules pistes actuelles sont de surveiller individuellement les nouveau-nés et de les peser (ceux qui perdent du poids au cours des deux premiers jours de vie sont en danger). La supplémentation d’un chiot en énergie consiste en l’administration de substituts du lait maternel, bien que les laits d’herbivores soient nettement moins énergétiques que le colostrum de chienne. Sur le plan immunologique, c’est très différent : rien ne remplace le colostrum maternel et la prise colostrale naturelle doit donc être favorisée à tout prix. Différents substituts colostraux sont disponibles sur le marché. Pour Aurélien Grellet, vétérinaire à NeoCare, les laits industriels contenant de la poudre d’œufs hyperimmunisés représentent une alternative intéressante : des poules sont vaccinées contre des agents pathogènes spécifiques du chiot (notamment le parvovirus canin) et produisent ainsi des œufs dont le jaune est riche en anticorps spécifiques. NeoCare, qui a designé ce type de produit, a démontré que la supplémentation avec ce lait maternisé est bénéfique à la croissance précoce des chiots. En revanche, le colostrum bovin n’apporte pas de protection immunitaire adaptée aux agents pathogènes du chiot.

1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1696 du 18/11/2016, page 24.

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