Dialogue avec le propriétaire : améliorer la compréhension hommes/chiens

Pour notre consœur Caroline Gilbert, éthologue, maître de conférences à l’École nationale vétérinaire d’Alfort et responsable de la consultation de médecine du comportement au Centre hospitalier universitaire vétérinaire d’Alfort (Chuva), l’éthologie permet de se placer du point de vue de l’animal et d’expliquer aux propriétaires la perception que les chiens ont des hommes, et comment ils vivent leurs relations avec eux. Les résultats d’études scientifiques récentes sur le comportement du chien peuvent servir à fonder une discussion avec les clients, afin de les aider à améliorer son bien-être.

Des capacités insoupçonnées du chien

L’éthologue Charlotte Duranton propose notamment d’expliquer que les chiens sont capables d’analyser l’état intentionnel d’un humain, car ils savent lire le langage du corps et du visage. Par exemple, ils peuvent reconnaître quand la personne a les yeux ouverts ou fermés, suivre la direction du regard et le pointage par le doigt. Cela peut paraître simple, mais les grands singes ne sont pas doués de cette capacité. Les chiens savent ainsi notamment déterminer si une personne est attentive à eux ou non, et interpréter la quantité d’une récompense : ils interagissent moins avec des personnes injustes et moins généreuses. Ainsi, en pratique, pour bien interagir avec son chien, le maître doit lui prêter de l’attention, favoriser les interactions positives avec lui et le récompenser de la bonne façon, au bon moment.

De plus, le chien est sensible à l’état émotionnel de son maître. Il est capable de contagion émotionnelle (base de l’empathie), et il détecte la joie, la colère ou la peur, notamment. Il s’adapte aux signaux que son propriétaire envoie, et il se réfère à lui dans une situation inconnue : il le regarde et réagit en fonction des réactions de celui-ci. Même un déplacement physique minime et inconscient (un pas de recul devant un inconnu, par exemple) influence l’animal, qui peut alors manifester de la peur ou de l’agressivité. Il convient donc de prévenir les clients que les chiens se calquent beaucoup plus à leurs comportements que ce qu’ils pensent.

Réorienter les idées reçues

Cette grande sensibilité des chiens peut être à l’origine d’une mauvaise interprétation de la part du propriétaire. C’est le cas, par exemple, pour l’idée reçue concernant le regard coupable du chien quand son maître rentre : « Il le sait qu’il a fait une bêtise ! » L’existence d’une mémoire dans le temps n’est pas prouvée chez le chien, en revanche il dispose d’une mémoire associative, et, en réalité, il adopte une attitude d’évitement du conflit car il sent son maître énervé à chaque fois qu’il rentre. Une étude montre en effet que si un chien n’est jamais grondé à l’arrivée de son maître, il ne prend jamais ce « regard coupable », même s’il a détruit le canapé dans la journée.

Enfin, Caroline Gilbert souligne qu’il serait intéressant d’apprendre aux propriétaires à reconnaître les signaux négatifs transmis par les chiens, notamment l’expression du visage (oreilles en arrière, mâchoires crispées, etc.). Cela leur permettrait d’anticiper une morsure si des signes de peur sont observés chez le chien face à un enfant, par exemple.
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