Rétablir des situations de carence en oligoéléments - La Semaine Vétérinaire n° 1702 du 13/01/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1702 du 13/01/2017

ÉLEVAGE BOVIN

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : BÉATRICE BOUQUET 

Vétalis Technologies propose désormais un bolus d’oligoéléments à délitement plus rapide que ses produits destinés aux vaches taries, avant vêlage ou au pâturage, en s’appuyant sur des constats cartographiques.

Il existe une demande pour des produits à vraie valeur ajoutée et forte technicité en élevage bovin, avec des résultats rapidement visibles par l’éleveur. Vétalis présentait à Paris, le 15 novembre 2016, son dernier-né dans cette optique : Oligovet Flash®. Ce bolus apporte iode (12,5 mg par jour), cobalt (9,5), cuivre (143,2), manganèse (1 399) et sélénium (7,2). Il est intéressant dans les situations de déficiences « pour rétablir rapidement les valeurs plasmatiques en oligoéléments » (en 28 jours selon les essais). Intérêt pour le vétérinaire : « une valorisation du conseil, des recommandations individualisées, une qualité et une efficacité d’utilisation… », résume Sandy Limousin, de Vétalis.

Ce petit bolus à délitement breveté est conseillé après un constat de carences, mais aussi à l’aveugle « avant une phase critique mal anticipée », explique Sandy Limousin. Les oligoéléments sont apportés sous forme de sels innovants : hydroxychlorures, hydroxyanalogues de sélénométhionine, mais aussi chélates de glycines (pour le cuivre, relargué plus doucement). La cobaltémie est quadruplée en 21 jours, la sélénémie triplée et la cuprémie augmentée de moitié.

Oligoéléments : une situation détériorée en élevage allaitant

Les carences en oligoéléments semblent extrêmement répandues en élevage bovin, principalement en allaitant (les laitiers supplémentent plus couramment), et concernent souvent plusieurs oligoéléments conjointement. À la faveur du travail de thèse vétérinaire1 de Damien Trumeau (au premier plan sur la photo) sur presque dix ans, les résultats obtenus dans plus de 1 500 élevages ont été disposés sur une carte de France, par type d’élevage et oligoélément (6 620 dosages individuels, 76 départements représentés). Pour le sélénium, du rouge apparaît sur tout le territoire et pour tous les types d’élevage. Pour l’iode, la situation est davantage détériorée en allaitant. Cette étude n’a pas tenu compte des apports, les commémoratifs étant difficiles à collecter en même temps que les tubes de sang. Pour le cuivre, le cobalt et le manganèse, Damien Trumeau rapporte une réelle hétérogénéité des statuts, mais sans tendances régionales claires. Il convient donc, pour une décision de supplémentation, de se reporter à la carte – l’observatoire se poursuit, enrichi par les analyses effectuées par les vétérinaires –, et/ou d’analyser le statut de l’élevage. Un cheptel est-il carencé dès le premier individu carencé ? À partir de deux ? Parce que la moyenne des quelques résultats disponibles est en dessous des valeurs de référence ? Cet aspect est à réfléchir au cas par cas, et « sur la base de résultats individuels », dans tous les cas.

Dans le cadre de cette étude, les analyses ont été effectuées d’une manière indépendante au laboratoire de la Vendée, dirigé par Philippe Nicollet. Les analyses sont effectuées par spectrophotométrie de masse ICP-MS, une technique qui permet de détecter « une goutte de menthe dans toute l’eau d’une piscine olympique », pour reprendre l’image de Philippe Nicollet. Corollaire, il est recommandé de recourir strictement aux kits fournis, avec des tubes spécifiques pour éviter le risque de contamination par le bouchon du tube notamment. Il convient d’éviter de prélever des vaches en péripartum (inférieur à 1 mois) pour obtenir une bonne image du statut du troupeau.

Premier signe d’appel pour une évaluation de statut en oligoéléments, selon Damien Trumeau : des veaux asthéniques, (cardio)myopathes. Frédéric Rollin, de l’université de Liège (Belgique) englobe tous les signes de « maladaptation à la vie extra-utérine », incluant « les défauts de mâchoires, les déformations de pattes, donc les veaux nés en présentation postérieure : le fœtus ne se retourne pas parce que les pattes sont ankylosées, explique-t-il, l’ankylose étant liée au statut en oligoéléments du veau, donc à celui de la mère ».

1 Trumeau D. « Les oligoéléments en élevage bovin ». Thèse de doctorat vétérinaire, Oniris 2014.

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