Égo trip

L’aisance verbale d’Édouard Baer singularise son talent comique. Un humour vif, impromptu et saugrenu, qui jongle avec les registres (du trivial au snob), entre flagornerie et impertinence, arrogance et autodérision. Révélé dans les années 1990 sur radio Nova, le comédien y revient pour animer une nouvelle émission matinale¹. Neuf ans après Akoibon (2004), mais plutôt dans la lignée de La Bostella (2000), il réalise un troisième film dont il incarne le rôle principal. À la veille de la première, Luigi, directeur d’un théâtre parisien, se retrouve confronté à une avalanche de complications (financières, humaines… animalières) qui compromettent le spectacle et vont l’embarquer – entraînant avec lui une jeune stagiaire que tout oppose – dans une traversée de la nuit en quête d’improbables solutions. Outre la peinture intimiste de la famille de substitution que constitue une équipe de théâtre, cette errance foutraque chante la vitalité fantasque d’un Paris noctambule, mondain et forain à la fois. Si l’artiste entend rendre hommage à l’aristocratie décalée de ces entrepreneurs du baratin, magnifiques et pitoyables, toujours prêts à réenchanter le monde, à saisir le hasard, à refuser l’adversité mais pas la fuite… il accomplit surtout un autoportrait mélancolique et flatteur. Les personnages secondaires – tous remarquables – restent des faire-valoir, à l’exemple de ce singe dressé qui traverse le film tel une ombre. À trop vouloir se frotter à la vanité, on n’y échappe pas tout à fait.
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¹ bit.ly/2iVkISS.

Ouvert la nuit de et avec Édouard Baer, Sabrina Ouazani, Audrey Tautou, France, 1 h 37, sortie le 11 janvier.